Atelier Soudé : J’ai testé la réparation électronique collective

Si vous voulez participez à un atelier pour réparer vos appareils électroniques, j’ai trouvé votre bon plan : l’atelier Soudé. J’y suis allée pour tester. Grâce à une adhésion annuelle (20 euros), vous pouvez essayer de redonner vie à vos objets électroniques et apprendre en même temps la réparation.

Je vais vous raconter l’histoire de ma vieille cafetière Senseo qui ne s’allume plus. Pour la réparer, j’ai décidée de m’inscrire à une permanence sur le site internet de l’atelier Soudé, car je venais de connaître l’association par le bouche à oreille. Elle propose ses ateliers dans plusieurs lieux, même si elle possède un QG à Jean Jaurès, au Croiseur. Le jour J, rendez-vous au QG pour l’atelier participatif. Je n’ai pas plus d’informations que ça sur la panne : la cafetière ne marche plus. Alors évidement, ce n’est donc pas une question de pompe à eau ou de filtrage, puisque la demoiselle ne veut simplement pas s’allumer. C’est donc du ressort électronique. En tout cas, c’est ce que Dorian me dit en observant la machine. Dorian, c’est un des salariés de l’association Atelier Soudé.

La vieille machine à café Senseo. Crédit : Inès Pallot

Puis, je dois, sous les instructions de Dorian, ouvrir le ventre de la bête pour essayer de comprendre ce qui ne fonctionne pas. Et nous voilà partis plus de 2 heures à vouloir ouvrir la machine, coriace qui plus est et ensuite à décortiquer le problème dans tous les sens. Ce n’est pas non plus un problème de fil. Alors que je tente tant bien que mal de suivre le processus, ça me rappelle généralement les cours de physiques, un peu loin dans ma mémoire pour que je puisse me débrouiller toute seule. Heureusement, on n’est pas tout seul.

On vérifie alors la tension de chaque composant (dessoudé au préalable) de la carte électronique et si le multimètre bip, c’est que le courant passe. Comme l’appareil donne du fil à retordre, les « aidants », ceux qui viennent en tant que bénévoles aider les adhérents, se penchent un à un sur le problème. Enfin, lorsque le composant défectueux est identifié, un certain BT139, ils se lancent dans la recherche des caractéristiques de la pièce pour trouver un équivalent, en vain. Trop spécifique ! Tu m’étonnes, un TRIAC (triodes pour courant alternatif) BT139, ça ne parle pas à tout le monde. Il ne me reste alors plus qu’à acheter ce composant et à revenir pour le remplacer. Pas bête l’abonnement à l’année, je n’ai rien à payer la seconde fois et le problème est déjà identifié.

Il faut procéder à une dessoudure de chaque composant pour vérifier leur tension. Crédit : Inès Pallot

Et pour ceux que ça intéresse, l’atelier Soudé propose trois ateliers par semaine dans des lieux différents et intervient aussi dans d’autres structures. Il répare les vieux objets comme le mien, alors qu’un réparateur classique ne le ferait pas. Pour information, il y a cependant une limite de taille pour éviter que ça soit trop encombrant dans l’atelier. Ils n’ont pas le matériel, par exemple, pour un frigo ou une machine à laver où on retrouve également de l’hydraulique. Les appareils trop petits sont aussi un frein, par souci encore une fois de matériel. « Il y a des appareils très complexes avec des pannes simples qu’on peut réparer et il y a des appareils très simples avec des pannes impossibles à réparer. On commence à réussir à faire sur ordinateur par exemple et le portable on peut changer l’écran », explique Dorian.

L’association fournit certaines pièces et composants standards, en stock dans l’atelier et récupérés sur d’autres appareils qui ne marchent plus mais dont certains éléments sont encore en bon état. Il arrive également que certaines entreprises donnent des composants qui ne leur servent plus.

Son histoire

L’association a été créée en 2015. Aujourd’hui, elle compte 4 personnes salariées et des bénévoles pour encadrer les ateliers et les formations. Clément est un des fondateurs de l’atelier et il s’occupe de regrouper sur une plateforme web les différentes associations autour de la réparation et de l’économie sociale et solidaire à Lyon. Dorian, lui, gère la technique. Il aide à la réparation. Jonas s’attelle à la partie relationnelle avec les autres structures et Élise propose les ateliers aux enfants dans les MJC par exemple. Elle encadre également le côté créatif ; par exemple leur partenariat avec la pièce de théâtre « Petit Caillou » sur l’histoire d’un composant ou encore la réalisation de bijoux avec des composants. Et pour le reste ce sont tous des bénévoles qui, pour la plupart, sont retraités et dont certains sont issus des métiers de l’électronique (mais pas tous).

« On propose cette association pour l’aspect environnemental ; par rapport au fait qu’on commence à manquer de matières premières alors qu’on a des décharges naturelles avec des déchets électroniques qui augmentent de manière exponentielle. Puis pour changer notre rapport au monde : redonner de la valeur à ce qui nous entoure. Quand on donne du temps et qu’on essaie de réparer son objet, on se rend compte qu’il nous rend service et ça devient un peu plus un compagnon de route. Et puis, une fois qu’on a réparer ça apporte de la satisfaction et on se lie à son appareil, on se l’approprie », explique Dorian.

Actuellement, leurs locaux se trouvent à côté du Croiseur, une salle de spectacle ; une aubaine pour développer leur côté créatif. L’atelier Soudé participe aussi à des festivals, comme le R festival, en proposant des stands avec de la sensibilisation sur la réparation (Revaloriser, Réparer, Rafistoler…).

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