L’Association des paralysés de France (APF Lyon) organisait mercredi dernier une manifestation pour dénoncer les conditions d’accès des personnes à mobilité réduite dans la ville de Lyon. Le départ était donné devant la mairie de Lyon, place des terreaux, en direction de la place Bellecour.
Cela fait dix ans jour pour jour (11 février 2005) que les parlementaires français votaient une loi qui garantissait l’accessibilité à tous les handicapés dans tous les établissements publics. Dix ans plus tard, la France n’a pas beaucoup bougé sur cette loi. Au contraire, elle se donne neuf ans de plus pour que cette loi soit appliquée sur tout le territoire.
À 14 h, environ trois cents personnes ont répondu à l’appel de l’APF. Les non-voyants et les sourds-muets sont venus en solidarité ainsi que toutes les associations et les foyers qui accueillent et qui travaillent avec les personnes à mobilité réduite. On dénombre peu d’élus, excepté Thérèse Rebatel (adjointe de la mairie de Lyon, à l’égalité Femmes-Hommes et aux personnes en situation de handicap) et son adjointe Gwendoline Lefebvre. Nous l’interrogeons sur l’accessibilité des personnes handicapées dans la ville de Lyon :
Une heure après, le départ de la manif est donné. Nous en profitons pour interroger Gaël Brand président de l’APF Rhône :
« Aujourd’hui, nous avons décidé d’organiser une marche citoyenne et solidaire interassociative pour promouvoir l’accessibilité des personnes handicapées. Cette manifestation est aussi valable pour les personnes âgées et pour les parents avec poussettes, pour les piétons, tous ceux qui rencontrent des problèmes de mobilité dans ville. On a choisi le 11 février 2015 car c’est la date anniversaire de la fameuse loi 4 du 11 février 2005 sur le handicap qui prévoyait comme date butoir le 1er janvier 2015. Cette loi, dix ans après, n’est toujours pas appliquée. Nous organisons donc cette manifestation pour leur rappeler que les gens à mobilité réduite ont les mêmes droits que les valides. Cette année, il y a eu une ordonnance qui repousse de neuf ans ce délai, donc normalement en 2024. C’est trop long ! Nous sommes devant l’entrée de la mairie et comme vous le voyez, ce n’est pas accessible (NDLR : aux handicapés). Comme 40 % des établissements publics en France. »
Un premier arrêt se fait à la hauteur du magasin Printemps dans le quartier des Cordeliers car au même moment deux manifestations se croisent. Les bénévoles de l’APF prennent le mégaphone : « L’accessibilité, c’est la liberté », et les manifestants reprennent de vive voix le slogan. Après dix minutes de pause, la manifestation peut repartir. Rudy 25 ans, nous interpelle sur les conditions d’accessibilité dans la ville de Lyon : « Les élus de Lyon ne prennent pas nos revendications en considération. Les commerces et les restaurants ne sont pas accessibles ainsi que les lignes A, B et C. On en a marre. Maintenant on doit attendre neuf ans pour que les lieux publics soient accessibles, c’est vraiment une blague. » Nous croisons Abderrahmane : « Moi je milite pour l’accès à tous. On doit avoir les mêmes droits que les valides. Aujourd’hui, on manifeste pour que le gouvernement entende notre voix ». Après une heure et demie de marche, la manifestation se termine sur la place Bellecour. Un groupe de batucada prend le relais et clôture cette manifestation sur un air de samba.
Nous profitons de ce moment pour poser quelques questions aux personnels des associations qui sont présentes ce mercredi. Dara, un jeune stagiaire, nous explique ses motivations pour cette manifestation : « On est là aujourd’hui pour défendre les droits des handicapés. En France, il y a deux millions de personnes qui sont handicapées. Cela représente environ 3 % de la population française. On doit les aider à interpeller les élus pour que le travail se fasse ». Nous croisons également Dominique Brougère directrice des Jardins de Meyzieu qui nous glisse une dernière petite phrase :
« On est là pour défendre l’accessibilité. C’est aussi l’accès à tous les domaines. On défend une société inclusive où tout le monde a sa place et doit accéder à tous les espaces publics. On doit se mettre en lien avec les collectivités locales pour enlever cet obstacle. »