Depuis quelques années, les bureaux de poste de proximité disparaissent peu à peu des quartiers populaires lyonnais et laissent place aux points relais. L’absence de ce service public dans ces quartiers ne passe pas inaperçue aux yeux de la population et va jusqu’à indigner certains hommes politiques.
S’il y a bien quelque chose qui soit indispensable à la vie d’un quartier, c’est un bureau de poste de proximité. Un lieu où tous les habitants du quartier peuvent bénéficier des services d’envoi de colis et de retrait d’argent que l’on soit un citoyen lambda, retraité ou même en situation d’interdit bancaire. Mais malheureusement, dans certains arrondissements et villes lyonnais, l’accès à ce service reste encore un long combat.
À Saint-Jean, les habitants ne décolèrent pas
En 2015, la disparition d’un bureau de poste de proximité à Villeurbanne bouleverse tout le quartier de Saint-Jean. Après ces 5 années de suppression, les habitants n’arrivent toujours pas à faire le deuil et demandent le retour de ce bureau de poste. Pour certains habitants du quartier, « La Poste n’aurait pas dû partir. » En effet, la présence de ce bureau de poste facilitait la vie quotidienne des habitants du quartier. Avec cet ancien bureau de poste, « on pouvait aller poster un courrier, retirer de l’argent ou encore acheter des timbres sans avoir à faire 30 minutes de transport en commun », nous confie Madame Frédérique Glaster, une habitante du quartier Saint-Jean. Pour ces secteurs favorisés, « La Poste doit répondre à ses engagements en rue », explique-t-elle. Mais la présence de la poste dans un quartier ne fait pas que faciliter l’accès au service public. « Symboliquement, cela veut dire que la collectivité ne délaisse pas certains territoires », affirme Benoît Roux, membre du PCF dans le secteur de Villeurbanne. Même si cette entreprise propose d’autres alternatives en mettant en place des points relais pour la gestion des colis, Benoît Roux souligne qu’un « point relais ne remplace pas un bureau de poste. » Pour lui, « La Poste est plus qu’un service public dans le sens où leur bureau est un lieu de présence de la collectivité.» L’État se doit donc d’être présent partout et surtout dans ces quartiers populaires.
L’importance d’un distributeur de billets
Dans le 8ème arrondissement de Lyon, les habitants vivent une situation similaire. Il n’y a pas assez de bureaux de poste pourtant « les habitants y sont très attachés » , déclare Monsieur Charles-Franck Levy, un conseiller municipal de Lyon. Ce politicien réclame « une présence renforcée » des bureaux de poste de proximité car selon lui, « La Poste est un peu l’aiguillon de l’activité d’un quartier » et c’est aussi « un des symboles du service public. » Au Grand Trou, ce « symbole » est particulièrement important pour deux raisons :
- « C’est le seul endroit où il y a encore des distributeurs de billets »,
- « Avec les programmes en cours et le développement du quartier, il y aura des besoins de services bancaires supplémentaires », confie Charles-Franck Levy.
Pour faire bouger les choses, plusieurs manifestations ont eu lieu et c’est notamment grâce à la grogne des habitants de Villeurbanne que le quartier de Saint-Jean a pu bénéficier d’un distributeur automatique. « On a réussi à leur tordre le bras pour avoir un distributeur », se félicite Frédérique Glaster. Mais ce distributeur de billets, ne compense pas l’absence d’un vrai bureau de poste avec l’ensemble des services qu’il offre à la population. Derrière cette colère se cache une dénonciation envers la vision commerciale que possède actuellement cette société française. Et, des politiciens comme Benoît Roux veulent que « La Poste sorte d’une logique commerciale et qu’ils se remettent dans une vision de service public et d’offre au public quelles que soient les conditions. »
À Vaulx-en-velin, la présence de La Poste satisfait les habitants
Si dans certains quartiers populaires de Lyon, on plaide une absence contestable de La Poste, ce n’est pas le cas à Vaulx-en-Velin. Avec ses 4 bureaux au total, les habitants se disent satisfaits mais tiennent quand même à souligner l’importance des services publics décentralisés . « Ces bureaux de poste décentralisés dans les quartiers populaires de Vaulx-en-Velin permettent aux habitants d’avoir de la proximité » et « il faut qu’il y ait continuation des services publics », raconte Katia Harroudj, employée à la mairie de Vaulx-en-Velin.
Le bras de fer entre les habitants de ces quartiers et La Poste reste d’actualité mais il faudra bien qu’un jour cette entreprise présente des solutions concrètes. Car même si La Poste est devenue une entreprise commerciale, il ne faut pas oublier qu’il a des prérogatives de service public.
N’oublions pas que la Poste touche de l’argent de l’état pour rester dans ces quartiers