Installé à la Duchère, le Lyon Floorball Club finit de se préparer en vue du prochain championnat. Rencontre avec Julia Greenfield, qui nous parle d’un sport et un club encore méconnus.
Vous en avez peut-être entendu parler : le floorball, sport de crosse apparu en France au début des années 2000, compte aujourd’hui plus de 50 clubs et 2 500 licenciés dans le pays. Discipline d’intérieur inventée aux Etats-Unis, elle est surtout populaire en Suède et dans les pays d’Europe du Nord où les patinoires en plein air empêchent la pratique estivale du hockey sur glace.
Les règles du floorball peuvent en effet sembler assez proches de celles du hockey. Le sport se pratique en gymnase et oppose deux équipes de 5 joueurs de champ et un gardien, seul joueur à ne pas avoir de crosse. L’objectif ? Mettre la balle dans le but adverse.
La comparaison s’arrête là, puisque les contacts physiques entre joueurs sont limités au strict minimum. Le fair-play est d’ailleurs une valeur cardinale du floorball, régulièrement soulignée par les acteurs de ce sport.
La Fédération Française du Floorball (FFFL) qui cherche à en promouvoir la pratique, met également la rapidité et la spectacularité du jeu en avant. Selon la FFFL, le floorball a encore une grande marge de progression et devrait se développer davantage en France, notamment grâce à son accessibilité : ludique et facile à comprendre, c’est un sport qui nécessite peu de matériel et qui se caractérise par un réel effort de mixité.
Créé en 2006, le Lyon Floorball Club favorise le développement de ce sport dans la région. Après s’être engagé dans le championnat de France masculin dès la saison 2006-2007, le club a inscrit une équipe dans le championnat féminin en 2012. Aujourd’hui, les “Pirates du Rhône” présentent trois équipes en compétition chez les hommes (N1, N2 et D3) et deux au sein du championnat féminin. Ils possèdent déjà un beau palmarès, un titre de champion masculin acquis en 2012 et un obtenu en 2016 chez les femmes. Au Gymnase Martinière Duchère dans le 9ème arrondissement, le club cherche à conserver la mixité de ses effectifs et accueille désormais les enfants à partir de 8 ans, afin à la fois d’ancrer sa présence dans la Duchère et d’attirer davantage de jeunes joueurs.
Nous nous sommes entretenus avec Julia Greenfield, présidente du LFC depuis 2018, qui a pu nous éclairer sur les objectifs humains et sportifs d’un club qu’elle a rejoint en 2016.
Comment avez-vous découvert le Lyon Floorball Club ? Qu’est-ce qui vous a décidé à y rester d’abord en tant que joueuse, puis présidente ?
Quand je suis arrivée à Lyon il y a 4 ans, je cherchais un sport collectif à pratiquer. J’ai découvert le LFC presque par hasard, sur un site d’hébergement entre particuliers, sur lequel l’une des joueuses avait posté un message annonçant que le club cherchait une gardienne pour la rentrée 2016-2017. En Angleterre, j’avais déjà joué au hockey sur gazon alors j’ai voulu essayer. J’ai été extrêmement bien accueillie, et la convivialité du club m’a tellement plu que j’ai décidé d’y rester !
Ensuite, à la fin de la saison, on m’a proposé d’être secrétaire. Je me suis dit pourquoi pas essayer, et cela m’avait plu de voir comment un club sportif fonctionne : j’ai toujours été dans des clubs sportifs, mais je n’avais jamais vraiment assisté au côté administratif. J’ai d’abord été secrétaire, puis l’ancien président (Nicolas Levrier, qui a fondé le club) a voulu faire un pas en arrière et j’ai pris la présidence du club. Avec lui qui restait VP pour m’épauler, j’ai énormément appris pendant ces dernières années.
Depuis combien de temps le club est-il basé à la Duchère ? Avez vous des liens avec d’autres associations du quartier ?
Nous avons pu tout déménager à la Duchère en 2018, et cela fait 2 ans que nous sommes implantés là haut, avec au total 5 entraînements par semaine et tous nos matches au Gymnase Martinière Duchère.
Malheureusement, nous avons encore trop peu de lien avec les associations. Nous nous sommes rapprochés de la mairie du 9e, et un de nos objectifs est de faire un petit tour des commerçants du quartiers pour nous présenter et faire un peu de publicité ! J’ai l’impression que la plupart du quartier ne nous connaît pas encore, c’est dommage.
Cela dit, nous avons beaucoup d’enfants qui viennent de la Duchère.
A ce propos, vous souhaitez intégrer de plus en plus de jeunes au club. Comment vous y prenez vous ?
Oui, nous accueillons des jeunes dès l’âge de 6 ou 7 ans et nous avons monté l’an passé une équipe U14 (moins de 14 ans) qui joue dans le championnat régional. Cette année, l’objectif est de maintenir cette équipe et peut-être créer une équipe U14 uniquement féminine. A long terme, ce serait super d’avoir aussi une équipe U17 !
Le club assiste tous les ans au forum associatif du 9e, où nous recrutons souvent des enfants. Grâce au bouche à oreille, nous avons aussi des jeunes qui viennent d’un peu partout dans Lyon, d’autant que nous sommes également intervenus dans des écoles par le passé.
Comment vous démarquez-vous des autres associations sportives ?
De mon côté, je mets vraiment en avant la convivialité dont nous parlions tout à l’heure. C’est un sport plutôt ludique, jeune et qui se développe encore en France. C’est donc un sport plutôt facile à intégrer : si je vous donne une crosse et une balle, vous n’aurez pas de problème pour manipuler la crosse. C’est un sport facile à apprendre, et on peut commencer comme débutant à tout âge parce qu’il n’est pas encore très connu. C’est agréable, il n’y a pas de jugement et on peut accueillir tout le monde.
Cela se retrouve d’ailleurs dans les règles, car c’est un sport qui demande du respect pour les joueurs et le public.
Comment les règles garantissent-elles ce respect et le fair-play entre les joueurs ?
On peut déjà écoper d’un pénalty si un arbitre estime qu’on ne respecte pas le public.
Pendant l’échauffement et à chaque arrêt de jeu, on met aussi de la musique, ce qui est plutôt sympa, et à la fin de chaque match, les capitaines doivent faire un discours pour remercier tout le monde (le public, les adversaires, les arbitres…). C’est très agréable !
Comment pensez-vous que le floorball va évoluer en France ?
Je pense que le côté féminin a à la fois envie et besoin de se développer davantage. Il y a actuellement très peu d’équipes féminines, seulement 5 dont 4 viennent de Paris et Lyon… alors qu’il y a une cinquantaine d’équipes masculines ! Il y a 2 ans, il y avait encore 7 équipes mais Rouen et Amiens n’ont pas pu recruter assez de filles pour continuer et c’est vraiment dommage. On a toutes vraiment envie que ça se développe !
Côté masculin, il faut vraiment augmenter le niveau. Il reste incomparable au niveau dans d’autres pays européens comme en République Tchèque, en Slovaquie ou dans les pays scandinaves. Il manque encore un peu de suivi, à défaut de professionnalisation.
Le club assure une certaine mixité au sein des équipes jeunes. Comment recrutez-vous des joueuses pour les équipes féminines adultes ?
On recrute beaucoup par des amis, en se disant à chaque rentrée que chacune (et chacun) essaye de ramener au moins une personne. Sinon, nous sommes aussi assez doués pour aller dans les bars et recruter comme ça ! Puisque c’est un sport très convivial, on a tendance à organiser des soirées et à présenter le sport aux personnes que l’on rencontre, en général les gens ont envie de venir ! Nous avons aussi un lien avec le Livestation DIY dans le 7e, où on organise une ou deux fois par an une soirée avec des quizz, une initiation au floorball dans la rue…
L’équipe 1 du LFC féminin a terminé à la deuxième place du championnat en 2018 – 2019 et était première quand la saison 2019 – 2020 a dû s’arrêter. Était-ce une déception ?
Oui, je pense que pour tout le monde cela a été très difficile. On avait terminé Vice-Championnes de France les dernières années, et l’équipe a vraiment la volonté de regagner le titre, que les filles avaient gagné en 2016. Il y a une forte envie de “ramener la coupe à la maison” ! Je croise les doigts pour cette année.
L’équipe 2 essaye aussi de progresser chaque année, même s’il y a forcément plus de rotation et plus de débutantes. Le principe n’est donc pas de remporter le titre, mais de progresser en équipe et individuellement et par exemple de viser la 3ème place !
Chez les hommes, l’objectif est aussi d’aller le plus haut possible aussi bien en N1, N2 (avec la volonté de ramener le titre de Champions de France ou de monter en division supérieure) qu’en D3.
Comment peut-on suivre les matches de votre équipe ?
Parfois, les rencontres sont commentées sur la Web Radio. En 2018, on avait accueilli les finales des championnats masculin et féminin qu’on avait filmées avec un commentaire live. C’est quelque chose qu’on aime bien faire, mais cela demande beaucoup de logistique et de bénévoles.
Sera-t-il possible d’assister aux matches cette saison ?
Oui bien sûr, selon l’évolution des règles sanitaires. Pour l’instant, le premier match des féminines au Gymnase Martinière Duchère est programmé au 24 octobre. Il opposera l’équipe 2 aux Dahuts du Lac, une équipe savoyarde.
Pour en apprendre plus sur le sport féminin dans la région, n’hésitez pas à consulter nos articles sur le sujet.