Cette semaine, l’agglomération lyonnaise vit aux rythmes des expulsions. Ce jeudi 16 avril, à 7 h 11, les services de la préfecture du Rhône ont évacué le campement de Rroms (oui Rrom s’écrit avec 2r) de Bron, situé avenue Franklin-Roosevelt.
Depuis lundi, plusieurs bénévoles de différentes associations tels que la LDH, CLASSES, DROIT pour Tous, RESF et Médecins du Monde sont venus apporter leur soutien aux habitants du campement de Bron, dont la procédure d’expulsion avait été ordonnée par le Tribunal de Lyon le 31 janvier dernier.
Mercredi, les habitants de ce campement avaient reçu une petite visite des services de la préfecture du Rhône, qui étaient venus effectuer un recensement de la population présente dans ce camp. Ce matin à six heures, la soupe à la grimace était de mise, tant du côté des bénévoles que des Rroms, craignant l’arrivée de la police.
À 7 h, les camions de CRS affluent vers le campement, accompagnés des services de la préfecture. Onze minutes plus tard, le préfet donne l’ordre de procéder à l’évacuation du camp. Les CRS sont très calmes. Seule l’association « Médecins du Monde » est autorisée à entrer dans le camp pour aider les Rroms à préparer leurs affaires. Les policiers ne sont pas forcément très à l’aise devant ce type de procédure : « Je n’aime pas intervenir pour des expulsions. Les enfants ici présents pourraient être les miens. C’est dur à vivre. Mais le boulot, c’est le boulot. » Nous déclare l’un d’entre eux. Nous voyons également une bénévole de l’association CLASSES. Elle nous raconte, attristée : « On les a accompagnés chaque jour de la semaine à l’école et le long du chemin, on chantait “ALOUETTE”. Forcément ça crée des liens. De les voir comme ça, cela fend le cœur. Mais nous, on ne les lâchera pas. »
Pas de places disponibles au 115
À 8 h 30, l’évacuation du camp prend fin et le MRAP prend le relais afin de trouver une solution d’hébergement pour les 113 personnes présentes (63 majeurs et 50 mineurs, dont la moitié en bas âge). Le responsable du MRAP : « Tout le monde doit venir vers moi pour que je prenne vos identités pour vous trouver une solution de relogement ». Mais seulement trente minutes plus tard, le même responsable doit s’y résoudre : « Le 115 n’a plus aucune place, mais je reste disponible pour les gens qui souhaitent déposer plainte au Tribunal pour trouver un logement ». Les habitants du campement sont en plein désarroi après cette annonce, bien qu’ils ne s’attendaient pas à des miracles.
Chaque année, les expulsions reprennent de plus belle après la fin du plan « grand froid ». Allons-nous trouver une solution sur le long terme pour héberger ces familles ? Avec le nombre de logements vacants sur Lyon et sa Région, ce serait quand même la moindre des choses que ces populations puissent avoir une vie décente et une certaine stabilité. Mais cela ne semble pas être dans l’optique du nouveau préfet du Rhône Michel Delpuech.
Une semaine d’expulsions
Plus tôt dans la semaine, mardi matin, le plus grand squat de Lyon avait été expulsé par la police. Près de 200 personnes, en majorité Albanais, n’ont toujours pas de solution de relogement. La semaine dernière, vendredi, une soixantaine de Rroms de Roumanie avaient déjà été expulsés Cours d’Herbouville (4e arrondissement).
D’autres expulsions devraient intervenir dans les jours qui viennent. Les squats de Vaulx-en-Velin, la Feyssine et de Saint-Priest devraient hélas subir le même sort d’ici la semaine prochaine. Un agent des RG nous déclarait d’ailleurs qu’il y aurait une expulsion par jour. Vive les beaux jours.