Hier matin, à la surprise générale, le premier ministre Sébastien Lecornu fraîchement nommé a remis sa démission au Président de la République, Emmanuel Macron. Plusieurs hypothèses devraient se dessiner comme une éventuelle dissolution. Le Lyon Bondy Blog a posé quelques questions à Sandrine Runel, députée socialiste de la 4ème circonscription du Rhône. Interview enregistrée à 15H30 ce lundi.
Lyon Bondy Blog: Ce matin, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron. Quelle a été votre réaction suite à cette temporalité ?
Sandrine Runel: J’étais assez atterrée par cette décision parce qu’elle est évidemment très grave et elle met notre pays dans une grande difficulté , ce qui l’était déjà. Et puis, un sentiment quand même aussi d’irresponsabilité, puisque hier ils ont annoncé un nouveau gouvernement et ce matin, tout le monde quitte le navire.
A plusieurs reprises, nous avons souhaité un changement de direction et le président de la République s’entête dans la voie de la Macronie alors que ce mouvement est à bout de souffle. L’échec est vraiment total ! Ce dernier forme un gouvernement hier soir et il démissionne ce matin. On est dans le ridicule et du coup, c’est une situation qui est quand même, dramatique et qui crée en fait une instabilité qui est à son paroxysme.

L.B.B : Justement, Jean-Luc Mélenchon a appelé les autres acteurs de la gauche à venir discuter avec lui. Marine Tondelier a refusé dans un premier temps. Dans un deuxième temps, Olivier Faure. Quel message ça envoie aux électeurs de gauche?
S.R : Aujourd’hui, chaque formation politique a évidemment besoin d’échanger, de discuter, de se positionner . Nous, on appelle à une réflexion entre groupes parlementaires. Les président(e)s de chaque groupe parlementaire notamment à gauche vont discuter les uns avec les autres. Le président Boris Vallaud discute avec Cyrielle Châtelain entre autres. Donc ce n’est pas à Jean-Luc Mélenchon de convoquer ou d’inviter les partenaires de gauche à discuter. Tout doit se jouer au Parlement. La situation est suffisamment grave on n’essaye pas de toujours tirer la couverture à soi.
L.B.B : Bruno Retailleau en tant que ministre de l’intérieur n’a eu de cesse de taper sur l’immigartion ainsi que sur d’autres thématiques pendant plus d’un an . Qu’est qui a bloqué le groupe socialiste pour qu’il puisse rejoindre le gouvernement Lecornu ?
S.R : On a demandé plusieurs choses. On avait demandé de revoir la réforme des retraites. On avait demandé évidemment de ne pas toucher à l’A.M.E, à investir dans les services publics comme l’hôpital et l’école. On avait posé les sujets sur lesquels on voulait travailler, les compromis qu’on était prêts aussi à faire. On n’a jamais été entendus.
Aujourd’hui, on dit que c’est un petit peu tard quand même pour se rendre compte de la gravité de la situation. Normalement, il doit y avoir une concertation.
L.B.B : Qu’est-ce que vous attendez de la prise de parole du chef d’État ?
S.R : J’attends une prise de conscience de sa part en disant : “Je n’avais pas compris après Bayrou, j’ai nommé Lecornu. Maintenant, j’ai fini par comprendre . Ca ne se fera pas sans la gauche. C’est la gauche qui a remporté les dernières élections législatives en 2024. Je ne souhaite pas que le Rassemblement national arrive au pouvoir. Aujourd’hui, j’appelle les partenaires de l’arc républicain et notamment la gauche à prendre ses responsabilités et de proposer une solution de gouvernement pour les 20 mois à venir. On attend une réaction du président de la République.
Nous, ce qu’on attend, c’est une responsabilité de sa part !
S.R : Sa politique qui mène depuis huit ans, de toute manière, est une erreur. Il ne s’en rend pas compte et il ne s’en rend toujours pas compte. Je crois qu’il ne l’a pas compris. Moi, j’attends un peu de l’orientation politique que va prendre Emmanuel Macron.Je crois qu’il n’a vraiment pas compris que le macronisme était terminé, que c’était un réel échec mais il a beaucoup trop de fierté ou d’ego pour malheureusement s’en rendre compte.
L.B.B : Le 15 et 22 mars 2026, il y aura les élections municipales. Avec tout ce qui se passe en ce moment, ça ne va pas lasser les françaises et les français ?
S.R : Si cela continue ainsi, les françaises et les français ne vont pas aller voter. Les électrices et les électeurs vont se démobiliser en se disant de toute manière, ils sont tous pareils, ils ne servent à rien, ils ne font rien. Alors pourquoi pas essayé le RN car ils n’ont jamais gouverné.
Évidemment, j’ai beaucoup d’inquiétudes sur le Rassemblement national et sa montée. C’est vrai qu’on est assez préservé du Rassemblement National dans les grandes villes, notamment à Lyon, mais on n’est pas à l’abri dans la métropole de Lyon de ce qui pourra advenir.
L.B.B : On arrive à la dernière question. Quel message du groupe socialiste sera adressé aux électeurs de gauche?
S.R: Le message des socialistes, c’est de continuer ! Nous, on va défendre l’idée que la démocratie doit être respectée. Il faut donner la priorité véritablement à la gauche, aux écologistes, pour gouverner et proposer une alternative politique qui soit forte. On va rappeler la justice sociale, la justice fiscale, l’augmentation du pouvoir d’achat, ce qu’on répète, mais on va le répéter inlassablement.
Encore une fois, nous, on n’appelle pas à la dissolution, on appelle à la responsabilisation. On l’avait déjà dit il y a trois semaines. Il faut aussi qu’à un moment donné, le président de la République entende les Françaises et les Français et qu’il nous fasse confiance. C’est ça le projet politique commun qu’on veut porter.




