Si le soleil pouvait laisser croire à un temps de pause, la campagne bat son plein chez les Écologistes. En effet, les beaux jours n’adoucissent en rien les ambitions et la course pour le poste de secrétaire nationale entre dans sa phase décisive.
La vie politique française ne manque pas de divertissement ces jours-ci. A l’honneur aujourd’hui, ce sont les élections au poste de secrétaire nationale des verts qui attirent notre attention. Prévue du 16 au 26 avril, un scrutin en ligne permettra aux adhérents de choisir leur nouveau leader. Bien que Marine Tondelier bénéficie d’une popularité sans égale, ses opposants à la présidence ne manquent pas de faire entendre leurs voix.
Qui pour mener Les Écologistes ? Présentation des candidats
Parce que derrière les candidatures, c’est l’avenir et la stratégie du parti qui se jouent dans ces élections, nous vous proposons un panorama des 4 candidats à la tête du parti.
Marine Tondelier, la patronne
Avec sa répartie tranchante et sa fameuse veste verte, Marine Tondelier ne manque pas d’attention médiatique. Diplômée de l’IEP de Lille, elle est élue d’opposition à Hénin-Beaumont depuis 2014 avant de prendre les rênes des Écologistes en 2022, succédant à Julien Bayou avec plus de 90% des voix. Depuis, elle redynamise le mouvement, avec une attention toute particulière accordée au développement du nombre d’adhérents du parti, qui passe de 10 000 à 18 000. Figure de proue du NFP pendant les législatives, elle est devenue une leader incontournable sur la scène politique. Et tant sa popularité ne cesse de croître, elle figure dans le top 100 des leaders de demain du célèbre magazine américain Time, la seule Française à y figurer. Pourtant, dans cette campagne qui semblait jouée d’avance, les opposants se sont multipliés. On lui reproche alors souvent un manque de clarté, ou encore une personnalisation du parti par son image médiatisée.
Karima Delli, la voix des quartiers verts
Forte d’une riche et longue carrière européenne, Karima Delli sait définitivement faire entendre sa voix. Elle obtient un DEA de science politique à l’IEP de Lille avant d’être prise sous l’aile de Marie-Christine Blandin dont elle devient l’assistante parlementaire en 2004. Par la suite, elle est élue Présidente de la Commission Transport et Tourisme du Parlement européen en 2017. Elle est alors la première femme a occuper cette place stratégique. Côté campagne, l’ancienne député européenne et actuelle présidente du groupe PCPE au conseil régional des Haut-de-France plaide pour une écologie populaire, mouvement dont elle est le visage. Il s’agit pour elle de faire de l’écologie un enjeu de justice sociale, au service aussi des milieux populaire, de l’égalité femme-homme, et européenne. Enfin bref, l’écologie seulement pour les bobos, elle en a marre.
Harmonie Lecerf Meunier, la “radicale”
Après neuf années de bons et loyaux services au sein de la marine nationale, Harmonie Lecerf Meunier consacre sa vie au militantisme. Aujourd’hui, elle est adjointe au Maire de Bordeaux, chargée de l’accès aux droits, des solidarités et des séniors, fonction dans laquelle elle s’affaire à écouter toutes les voix. Sans détour dans la course au poste de secrétaire nationale du parti, elle n’hésite pas à revendiquer son engagement au sein du collectif Radicalement Vôtre, dont elle est l’une des figures de proue. Soutenue par Sandrine Rousseau, elle œuvre pour rompre avec le capitalisme et le productivisme, le sexisme, et pour refaçonner une écologie politique trop souvent délaissée, afin de lui redonner toute sa dimension révolutionnaire.
Florentin Letissier, le prof d’éco reconverti
Après 10 ans à enseigner les sciences économiques et sociales, au lycée comme dans le supérieur, Florentin Letissier a mis de côté l’Éducation nationale pour se consacrer pleinement à la politique. Si ce diplômé de l’IEP de Bordeaux est originaire de la région nantaise, c’est le 14e arrondissement de Paris qui a volé son cœur en 2010. L’actuel maire-adjoint en charge de l’économie sociale et solidaire, de l’économie circulaire et de la trajectoire zéro déchet a fait ses premiers pas chez Les Écologistes dans la capitale, peu après son arrivée. A 39 ans, il se targue d’avoir plus d’une victoire à son palmarès : éco-village des Grands Voisins, réseau local de lutte contre le gaspillage alimentaire, ouverture de plusieurs ressourceries… Ce candidat mène désormais, sous la bannière Faire gagner l’écologie, les défenseurs d’une “écologie de gouvernement”.
Un changement de scrutin voté, mais qui fait toujours débat
Pour que vous parveniez à suivre ce qui se dira potentiellement dans ces interviews, laissez nous vous faire un petit récapitulatif des changements opérés par les Écologistes. Sous l’impulsion de la secrétaire nationale sortante Marine Tondelier, plusieurs réformes ont tenté de redynamiser le parti.
Ainsi ont été lancés en 2023 les “états généraux de l’écologie” afin de simplifier une organisation jugée lente et complexe à appréhender pour ses adhérents. Les membres du groupe fraîchement renommé Les Écologistes, ont donc été amenés à valider une réforme de leurs statuts et du mode de scrutin interne afin d’améliorer la gouvernance du parti. Parmi les changements majeurs, on note l’introduction d’un scrutin majoritaire uninominal à deux tours pour élire le secrétaire national. Ce mode de vote, qui ressemble intimement au scrutin présidentiel critiqué par le groupe, a suscité de vives critiques. Une autre nouveauté que l’on a jugé importante à mentionner est l’obligation d’être parrainé par au moins 2 % des membres à jour de cotisation, répartis sur cinq régions différentes, pour pouvoir se présenter au poste de secrétaire national, ce qui pourrait avoir tendance à invisibiliser certains potentiels candidats. Cependant, du 15 au 18 mars 2024, ces diverses réformes ont été approuvées avec 74 % des voix, dépassant ainsi le seuil requis de 66 % pour leur adoption définitive.

Le Lyon Bondy Blog à la rencontre des candidats
Parce qu’au LBB on ne se satisfait pas de courte présentation, nous avons cherché à nous entretenir avec chacun des potentiels secrétaires nationaux. Ainsi, par souci d’impartialité, Marine Tondelier, Karima Delli, Harmonie Lecerf Meunier, et Florentin Letissier ont disposé de 20 minutes d’entretiens chacun afin de répondre à nos questions. Concernant leurs visions du parti, leurs projets et leurs ambitions pour l’avenir des Écologistes, ces entretiens vous permettront de mieux comprendre ce qui les distingue à travers leurs réponses et perspectives uniques vis-à-vis du parti.
Article signé Clara Semard et Cecilia Adrián Tonetti.