Le président Emmanuel Macron a décidé de dissoudre ce 9 juin 2024 l’Assemblée Nationale, provoquant une onde de choc dans le monde politique. Nadia Bouhami est candidate (LO) sur la 6ème circonscription du Rhône (Villeurbanne). Entretien.
Lyon Bondy Blog : Quand Emmanuel Macron a annoncé la dissolution le 9 juin, quelle a été votre réaction et quelle a été la réaction du camp de Lutte ouvrière ?
Nadia Bouhami : On a été surpris. Après, en réfléchissant et en prenant un peu de recul, ce sont des tactiques de politiciens. Nous, les travailleurs, il ne faut pas que l’on rentre dedans.
Quelque que soit l’étiquette du Premier ministre le 7 juillet, de toutes façons, ils ne défendent pas nos intérêts à nous les travailleurs. Donc c’est pour ça, moi je m’adresse aux travailleurs. J’aimerais bien qu’ils aient une conscience de classe. La conscience de classe, c’est quoi ? C’est que la société est divisée en 2 catégories, il y a les exploiteurs d’un côté et ceux qui créent les richesses à la base de l’économie, ce sont les travailleurs. Il faut que les travailleurs défendent leur lutte de classe, c’est-à-dire qu’ils prennent conscience qu’ils sont à la base de l’économie et que c’est à eux de diriger la société et de décider.
L.B.B. : Vous avez mobilisé très vite vos militants ?
Nadia Bouhami : Oui nous avons 14 candidats sur la métropole Lyonnaise sur 14 circonscriptions. Les autres partis n’ont pas pu faire pareil, à part le Rassemblement national et nationalement, on est présent dans 550 circonscriptions.
L.B.B. : Quelle est la force de votre mouvement en ce moment ?
Nadia Bouhami : On est fier d’avoir réagi rapidement et également nous sommes fiers de replanter ce drapeau rouge des travailleurs. On dit que les travailleurs ont besoin d’un parti. le parti, il est là ! On a su se mobiliser rapidement, prendre les choses en main. On a su s’organiser rapidement pour monter les listes. On a eu un souci avec les bulletins de vote et très vite on a trouvé des solutions. Quand on dit que les travailleurs seraient aptes à diriger la société, ceci est un exemple type.
L.B.B. : Au deuxième tour, si le Nouveau Front Populaire est en tête, quelle sera la décision de Lutte Ouvrière ?
Nadia Bouhami : Pour le moment, il y a un premier tour, c’est le 30 juin. Ce n’est pas notre problème, nous notre souci, c’est de renverser ce système capitaliste. Il faut que tous ces politiciens, qu’ils soient de gauche ou de droite, soient au service des capitalistes. Ils font croire à une concurrence pour avoir les meilleurs postes et être au service de la bourgeoisie. La société capitaliste est basée sur l’exploitation.
L.B.B. : Au soir du 7 juillet, faisons de la politique fiction : Nathalie Arthaud arrive au pouvoir, que se passe-t-il ?
Nadia Bouhami : Cela ne suffira pas, car si vous mettez Nathalie Arthaud première ministre, ce n’est pas elle qui décidera. Ils vont lui dire Madame, vous êtes bien, mais les décideurs, c’est nous. Cela ne suffit pas, il faut vraiment que les travailleurs se révoltent.
L.B.B. : Si Nathalie Arthaud est élue Premier ministre, il y aura une constituante, comment ça va se passer ?
Nadia Bouhami : Il faut déjà que les travailleurs s’emparent du pouvoir et des idées que l’on défend. S’ils veulent s’en sortir, ils n’auront pas trop le choix. Il faut qu’ils mènent une politique indépendante. Par exemple, augmenter les salaires par rapport à la hausse des prix, mais qui va l’imposer, il faut que ce soit réel. Il faut que les travailleurs au sein des entreprises enlèvent le pouvoir au patronat mais cela se fera avec la solidarité et la lutte de tous les ouvriers de France. Il faut que les travailleurs s’unissent et discutent de leur tracas du quotidien autour d’une table pour à l’avenir mener des luttes contre le système capitaliste de grande envergure.
Même les syndicats notamment la CGT aide plus les travailleurs car ils soutiennent le Nouveau Front Populaire, c’est désarmer les travailleurs en faisant cela. La gauche, c’est pas la première fois qu’elle est au pouvoir et à chaque fois qu’elle l’a été, elle a décu le peuple.
L.B.B. : A part entre 1981 et 1983, la gauche a fait une politique de gauche ?
Nadia Bouhami : Assez rapidement, on s’est rendu compte de la supercherie. Ils ont fait des licenciements de masse, ils ont également fermé des usines. On se rappelle à ce moment les grèves de chez Talbot ou chez Toyota, ou le premier ministre de l’époque Pierre Mauroy n’est pas intervenu et même pire, il avait traité les grèves des travailleurs en grève des Ayatollah. Voilà pourquoi le RN, il fait des voix aujourd’hui ! En nous faisant croire qu’ils changeront notre sort, ils nous bien eu.
Les vrais maîtres de la société actuelle, ce sont les patrons et les actionnaires. Les travailleurs subissent ce système depuis bien trop longtemps. Avec cette politique de faire barrage à l’extrême-droite, cela a juste renforcé le vote du RN.
J’en profite pour laisser un message aux travailleurs, pour leur dire que c’est pas en votant Rassemblement national que leur vie va changer. S’ils en ont marre de Macron, qu’ils viennent grossir nos rangs pour s’emparer du pouvoir face au système capitaliste qui est à bout de souffle. Nous on les lâchera pas !
Les travailleurs qui soutiennent le RN se trompent de combat car le parti d’extrême-droite soutient les patrons donc les capitalistes. Je les invite encore une fois à nous rejoindre.
Bardella a fait du rétropédalage sur la réforme des retraites, on commence à voir le vrai visage du RN, soutenu par les grands patrons. Ce qu’ils veulent, c’est aller à la mangeoire !
Cela n’empêchera pas à Bardella de faire sa politique s’il est élu premier ministre. Il a même loué un appartement où il a reçu tous les patrons donc il est de leur coté.
L.B.B. : Je vous laisse le dernier mot….
Nadia Bouhami : Il faut que les travailleurs reprennent leur travail de lutte, qu’ils prennent conscience de leur nombre et de leur impact sur la société. Pendant la COVID, les premiers de cordée, c’était pas Macron mais les travailleurs et les travailleuses qui ont mis leur mains dans le cambouis pour que la société tourne. Macron, à part ses représentations à la télé, il n’a pas fait grand chose. Encore une fois j’appelle les travailleurs et les travailleuses à nous rejoindre !