Le président Emmanuel Macron a décidé de dissoudre ce 9 juin 2024 l’assemblée nationale, provoquant une onde de choc dans le monde politique. Béatrice de Montille, candidate pour les Républicains dans la 3ème circonscription du Rhône nous explique la marche à suivre pour une droite décomposée lors de ces dernières élections. Entretien.
Lyon Bondy Blog : Aujourd’hui, nous rencontrons Béatrice de Montille (LR), candidate aux législatives dans la 3ème circonscription du Rhône. Dimanche 9 juin à 21h, Emmanuel Macron (Président de la République) décide de dissoudre l’assemblée nationale. A ce moment là, dans quel état étiez-vous ?
Béatrice de Montille : A ce moment là, j’étais au bureau de vote à la mairie du 3ème arrondissement en train de dépouiller et la nouvelle est tombée. La stupéfaction était de mise. On ne l’avait pas du tout vu venir (la dissolution). On imaginait qu’il allait avoir une dissolution plutôt après les jeux olympiques.
L.B.B. : Cela a été compliqué à comprendre ?
Béatrice de Montille : Je me suis tout de suite dit que je repartais en campagne pour les législatives. J’étais déjà candidate en 2022 et cela m’a paru assez évident. Il fallait que je reparte sur le terrain car on n’a que deux semaines de campagne et ne pas trop tergiverser.
L.B.B : Le résultat de François-Xavier Bellamy aux européenes, cela vous a surpris ou cela a été un choc ?
Béatrice de Montille : C’était assez aligné avec ce que j’avais imaginé. Les sondages sont assez fiables. Parfois, on a des surprises, mais là non. Ce n’était pas une surprise, on savait que le RN aurait une grosse poussée. A Lyon, c’est particulier, le RN est quasi inexistant. Par contre, j’ai été surprise par le score de Glucksmann. Je regrette par ailleurs qu’aujourd’hui il s’allie avec le front populaire car j’étais heureuse de voir une gauche républicaine renaître. Je pense que notre démocratie a besoin de vivacité et qu’elle repose sur deux blocs importants que sont la droite et la gauche républicaines.
L.B.B : Vous auriez pu voter Glucksmann ?
Béatrice de Montille : Non, mais je trouve regrettable qu’il ne poursuive pas cette belle remontada. En 2019, pour les européenes, il était à 7% et en 2024, il est 18% à Lyon cette fois-ci et je trouve dommage qu’il aille se noyer dans ce bloc Front Populaire. Je comprends l’enjeu évidemment. Moi, je regarde un peu plus loin que ce court terme. Ce court terme, on le subit. Je fais partie d’une génération nouvelle de politique et j’aimerais voir dans les dix années à venir la droite renaître.
L.B.B. : Notamment à Lyon ? Une ville de droite gagnée depuis 23 ans par la gauche ?
Béatrice de Montille : Je pense que nous avons des réponses à apporter aux habitants que ce soit sur une vraie écologie pragmatique, une sécurité affirmée, le retour à l’ordre. La propreté du cadre de vie. je pense qu’on a une obligation de travailler de façon très unie et proposer un projet convaincant pour les lyonnais et les lyonnaises. Dans toutes les réunions que je fais ou je réalise, je constate que les lyonnais sont énervés face à la politique écologiste que met en place Grégory Doucet. Si nous partons unis, avec un beau projet, on pourra peut-être faire renaître la droite à Lyon. Telle est mon ambition.
LBB: La droite française à vécu ces derniers jours des heures plus que terribles avec le ralliement d’Eric Ciotti au RN alors que tous les cadres sont vent debout quant à la décision de ce dernier, quel est votre ressentiment après cette trahison ?
Béatrice de Montille : J’étais très étonnée par sa décision, je ne l’ai pas vu venir comme cela. Je pense qu’il aurait fallu faire cette union des droites s’il la souhaitait avant le premier tour. Je pense que les électeurs en ont ras-le-bol qu’on décide à leur place. Cette union est très temporaire et dès leur entrée, il y aura encore des divisions. On l’a vécu à Lyon lors des dernières élections municipales. L’alliance qu’on fait entre les deux tours avec Gérard Collomb nous a porté préjudice et elle n’a pas été audible envers nos électeurs. Ils en ont marre de ces combinaisons, « des combinaziones » comme dit David Lisnard. Il faut remettre de la cohérence et de la clarté et qu’on tienne nos lignes. Je suis très fidèle à ma ligne de toujours, qui est la ligne de la droite républicaine, des Républicains « canal historique ».
L.B.B. : Si Emmanuel Macron avait dû faire une dissolution, est-ce qu’il aurait dû la faire en 2022 ?
Béatrice de Montille : J’ai jamais vraiment cru en Emmanuel Macron et il se passe ce que j’avais déjà imaginé, c’est-à-dire un leader qui est loin des réalités du terrain. Le président de la République est une personne qui n’a jamais dirigé d’entreprise, ni d’association et il n’a jamais été élu de terrain. Je pense qu’aujourd’hui, il est complètement déconnecté de la réalité des Français. Il y a une technocratie qui ne parle plus aux français. Il est urgent à mon avis de faire renaître des partis ancrés. Je pense que c’est la force de la droite car elle est bien ancrée dans les territoires. Il y a beaucoup de maires de droite, des élus locaux présents sur le terrain. A un moment donné, il va falloir être audible tant au niveau local qu’au niveau national. Il faudra du courage et de la détermination pour que la droite renaisse de ses cendres. A court terme, c’est vertigineux, mais il faut regarder un peu plus loin pour reconstruire prudemment.
L.B.B. : Ces dernières années, l’électorat rural a délaissé les républicains pour se tourner vers le rassemblement national. Comment la droite va faire pour récupérer cet électorat ?
Béatrice de Montille : Vous savez, je suis chef d’entreprise, je vois la différence entre le salaire net et le salaire brut. En fait, tout vient de là ! C’est-à-dire en France aujourd’hui, quand vous payez quelqu’un 2000 euros, cela coûte pour une entreprise 4000 euros. Il est là le problème du pouvoir d’achat. Il faut qu’on arrive à simplifier et à faire des économies, tout en améliorant l’efficacité du service public. Il ne s’agit pas de réduire l’efficacité du service public mais de faire mieux avec moins pour pouvoir alléger toutes les cotisations qui pèsent sur les entreprises et directement redonner du pouvoir d’achat. Je pense que la montée du RN est directement liée à ce problème. L’État est devenu obèse et il n’est plus efficace pour ses concitoyens. On voit que tous les services publics sont en peine, que ce soit l’éducation, l’hopital, la justice, la sécurité ou la police . Il est urgent de remettre tout le monde sur le terrain . On est rongés par la bureaucratie qui fait que notre service public soit plus efficace. Je pense que ce n’est pas avec une élection législative qu’on va résoudre tous les problèmes. Il faut construire un programme pour 2027 et qu’on propose une alternative à Macron, beaucoup plus libérale.
L.B.B. : Politique fiction, si demain les Républicains viennent au pouvoir, quel sera votre programme sur les 15 premiers jours, voire les 100 premiers jours ?
Béatrice de Montille : Vous êtes optimistes pour que l’on soit au pouvoir. Je pense qu’il y aura deux blocs plus saints à gauche et à droite. Le président ne pourra pas mettre en place un premier ministre, d’un camp ou l’autre. Il va devoir trouver des personnalités de compromis, ceux qui nous font croire qu’ils auront un premier ministre de leur couleur se trompent. A mon avis, on aura un premier ministre ou une grande surprise mais la tâche sera ardue. En fait, on paye le manque de campagne du Président de la République en 2022. Il a été réélu sans programme et sans campagne. Comment voulez-vous que derrière, un premier ministre arrive à mener une politique concrète pour le pays ? Le problème est là ! Je n’ai pas beaucoup d’espérance pour les 2-3 ans à venir car il est urgent pour nous de travailler pour proposer un projet et devenir majoritaire demain.
L.B.B. : La 3ème circonscription est une belle circonscription. Vous candidatez sous les couleurs LR, comment allez-vous faire pour attirer de nouveaux électeurs ?
Béatrice de Montille : Je pense que c’est le travail de terrain qui va compter et il va falloir convaincre. Moi, je suis élue d’opposition depuis 4 ans à Lyon. Les lyonnais de ma circonscription ont vu mes prises de paroles au conseil municipal et cela est relayé dans les médias locaux ou sur mes réseaux sociaux. Petit à petit, je vois bien que mon travail commence à être reconnu. Pour moi, c’est intérréssant de me présenter dans la même circonscription qu’en 2022 pour savoir si ce travail paie. Les législatives, c’est un peu compliqué car il y a une influence du résultat national. C’est un mélange du national et très local. Le brouillard où l’on est en ce moment au niveau national ne doit pas être désespérant. On doit tous battre le pavé de nos circonscriptions sur les 10 jours que l’on a pour faire campagne afin d’avoir le meilleur résultat possible.
L.B.B. : Plein de thématiques sont entrées en jeu comme le pouvoir d’achat, l’énergie. Si la droite arrive au gouvernement, que va-t-elle faire pour rassurer les français ?
Béatrice de Montille : Tout cela, c’est des décisions qui ne doivent pas être prises à la légère. J’en ai marre que l’on annonce qu’on va verser et tout va redevenir normal. Des promesses et encore des promesses, ça suffit ! La politique de l’énergie, c’est une politique de long terme. C’est le drame de ce qui s’est passé sur le nucléaire. On a arrêté tous les investissements sur le nucléaire, ce qui a mis en danger notre souveraineté énergétique. J’ai encore envie de travailler sur le long terme, de faire confiance à des candidats qui se présentent aux présidentielles avec un véritable plan d’action et une vision pour notre pays, et qu’on prenne des décisions éclairées et pas des décisions à la va-vite.
L.B.B. : On comprend que votre message est plus pour 2027, justement à droite, quel candidat allez-vous soutenir ?
Béatrice de Montille : Aujourd’hui, je fais partie de la famille des républicains, on a deux leaders qui sont Laurent Wauquiez et David Lisnard, la suite nous dira celui qui’il faudra soutenir pour 2027.
L.B.B. : Je vous laisse le dernier mot pour la fin de cette interview.
Béatrice de Montille : Confiance, persévérance et travail ! Je suis la candidate investie depuis 4 ans dans sa circonscription et j’espère que les électeurs me feront confiance.