Etre gay et « kaira », c’est presque un paradoxe… Et pourtant malgré tous les clichés l’homosexualité existe bien au cœur des tours. La preuve avec Kamel qui se présente comme un mec des cités mais qui a du mal à accepter son homosexualité.
Pas évident d’être homosexuel et pouvoir l’assumer et encore moins lorsque l’on vient des cités. C’est le pain quotidien de Kamel (prénom d’emprunt), jeune de 25 ans originaire de l’est lyonnais. Il a arrêté l’école à 16 ans, sans diplôme et vogue de stages en formations.
Avec son allure « folklorique » : tee-shirt griffé, bas de jogging et chaussures à bulles d’air et son allure de « voyou », rien de laisse présager les orientations de ce jeune homme.
» Ca vient comme ça et tu ne te rends pas compte » explique-t-il. « A force de traîner avec des hommes, c’est venu comme c’est venu. J’ai découvert ça il y a 10 ans, C’était quand j’étais ado. A l’époque, il fallait être avec une meuf, mais à force d’être avec des pélos. C’est entre mecs que j’ai appris la sexualité et puis quand j’ai eu 17 ans, j’ai fait 9 mois de prison. C’est pas évident, quand on n’a pas de copine. On a tous des envies et c’est comme ça que c’est venu ! J’ai pas été violé hein ! « .
Personne n’a encore percé le secret de Kamel. » Je reste habillé en survêt, je reste le même. Mais le truc c’est qu’avec les filles il faut sortir, avoir des sous. En plus elles ne veulent pas coucher, donc c’est la misère. J’ai déjà eu des expériences mais c’était vite fait. Y’a personne qui le sait que je suis homo. Pour les plans, ça se passe sur le net où y’a des annonces. Au moins y’a pas de chichis, t’y vas c’est tout. En tout cas t’es fou jamais je dirai aux gens que je me tape des mecs. Ca se dit pas, c’est perso ! Et mes parents, ils diraient quoi ! « .
En effet, c’est perso ! Le poids de la famille et le regard des autres pèsent énormément et encore plus dans un contexte où les parents sont issus de l’immigration. Il ne fait pas bon de venir des cités et être gay. L’homophobie a une grande place dans les mœurs des habitants de quartiers. Il est de même dans la société française actuelle. Pourtant loin de tous les clichés vus à la télévision, l’homosexualité existe bien dans les quartiers. Ce ne se sont pas les « Cinq experts dans le vent » ou Magloire que vous verrez. D’ailleurs vous ne verrez pas grand-chose car le sujet est tabou.
» Qui sait un jour je me marierai ou j’aurai une famille, mais je m’en fous ! » conclut Kamel. » Il faudra que je me range et que j’arrête « . Difficile d’envisager le futur quand on a du mal à s’accepter. Qu’on se le dise, l’homosexualité a toujours existé depuis que l’homme est homme et dans toutes les civilisations.
Auteur : Rochdi Chaabnia