L’arrivée des « nouveaux cerveaux africains »

En cette rentrée universitaire, Kaïswaria, travaillant à la chaine d’inscription de l’université Lyon 3 nous explique comment sont admis les nouveaux étudiants étrangers.

En cette période estivale d’inscription à l’université, de nouvelles directives font irruption chaque année pour l’admission des candidats étrangers. Et ironiquement, le ministère de l’immigration et de l’identité nationale n’entrave pas cette vague migratoire. Au contraire, les  « agents de la Gaule » souhaitent retenir à tout prix les visiteurs de l’hexagone. Car, de nos jours les étudiants étrangers utilisent  la France comme transit vers un eldorado appelé Angleterre, Canada ou Etats Unis. Cette tendance internationale ravive de vielles tensions entre deux mondes en perpétuelle compétition que sont l’anglophonie et la francophonie. Le rayonnement culturel français mis en danger par l’habituel ras de marée anglais, subit le revers d’une politique d’immigration limitative.

Travaillant à la chaîne d’inscription de Lyon 3 et remarquant l’intérêt des étudiants étrangers sur cette question, j’ai mené mon enquête et découvert que depuis 2005, la France veut attirer et retenir les étudiants étrangers. Une politique d’immigration sélective s’est mise en place, bien qu’elle soit de plus en plus contestée. Elle reste  en évolution continue, grâce à l’application graduelle de nouvelles règles. A Lyon, la loi « carte, compétences et talents », proposée le 17 avril 2007 et opérationnelle depuis le 30 septembre 2008, est appliquée par la préfecture du Rhône depuis cette année.

 

Elle est plus connue sous le nom de la loi « en charge de voler les cerveaux africains », comme le souligne Hamadou Masso (étudiant Malien  en gestion à l’IDRAC) Selon lui, elle vise  à soutenir la mobilité des étudiants étrangers vers la France « et à les inciter implicitement à participer à l’activité économique de la France au détriment de leurs pays d’origine « . Officiellement, cette loi entre dans le prolongement d’une coopération pédagogique entre la France et une quinzaine de pays partenaires où sont implantés depuis 2005 des Centres pour les Etudes en France (CEF). Ces CEF délivrent le « fameux dossier blanc », permettant l’admission préalable d’un étudiant étranger en demande de visa pour un séjour en France. Whoang Xuang (étudiant Chinois en sciences politiques à lyon 3 précise l’aspect pratique de ces CEF, « limitant les barrières lourdes et administratives de l’ambassade française en Chine ».

Un agent administratif en charge des étudiants étrangers à l’université Lyon 3, explique que  l’objectif de cette loi est « principalement de faciliter les formalités d’accueil des étudiants étrangers ». D’ailleurs, une convention de partenariat lie la préfecture du Rhône et les principaux établissements de la région lyonnaise. Cette convention permet aux étudiants étrangers de déposer une demande de séjour directement au près de l’établissement où ils ont été préalablement admis. Lors de cette demande, l’inscription réalisée donne droit à la délivrance d’un récépissé, à échanger dès expiration contre un titre de séjour à la préfecture.

Amel Ben-Ahmed (étudiante Algérienne en langues étrangères appliquées à LYON 2) se réjouit de ce procédé simplifié, elle déclare « Je suis très satisfaite de cette loi, car elle permet de s’installer en France, si on trouve un emploi dans les six mois suivant la fin de nos études. D’ailleurs, j’espère faire ma vie en France grâce à cette loi, car le niveau des salaires en Algérie n’est pas aussi attrayant qu’en France. Je pense que beaucoup d’étudiants étrangers et notamment du continent africain partagent mon opinion « .
En effet, Amel représente bien un échantillon de la masse des étudiants étrangers qui rêvent de vivre dans un Etat anglophone, mais qui se contentent de l’Etat francophone,  pour ne pas repartir dans leurs pays d’origine, où les perspectives économiques sont loin d’être  attractives.

 

Cette loi a suscité bien des réactions depuis sa mise en place, notamment au sein de l’Union Méditerranéenne, où la thématique de délivrance de visas des pays du Maghreb à ceux d’Europe demeure compliquée. D’ailleurs, certains politiques comme le président algérien A. Bouteflika durcissent l’obtention de visa pour séjourner dans leur pays, en réponse à l’ambassade de France où ne sont visiblement octroyés que « les séjours d’étudiants algériens ».

Certains condamnent ce «  procédé ralentissant l’essor des pays en voie de développement au service d’une francophonie à l’agonie, où l’immigration choisie est clairement effective». D’autres relativisent cette «forme de diplomatie pédagogique et économiquement bénéfique pour les deux pays ». Les étudiants concernés par cette loi, répliquent en majorité une volonté de tirer avantage de ce système pour justement être un moteur du développement de leurs pays d’origine.

 

Les avis restent donc partagés,  en attendant la France prévoit d’accueillir cette année au moins 266 448 étudiants étrangers…
Auteur : Kaïswaria Issa

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