Il y a encore quelques mois, personne n’imaginait que l’Union Saint-Gilloise puisse batailler pour le titre de la Jupiler Pro League. Le club, qui a rejoint Anderlecht en D1 il y a deux saisons est le symbole d’un football bruxellois à la fête. D’autant plus que le RWD Molenbeek espère rejoindre ses deux voisins dans les plus hautes sphères du championnat belge. Une tendance qui démarque encore un peu plus Bruxelles de son homologue parisien.
Cela fait 37 ans que trois clubs bruxellois ne s’étaient pas retrouvé en Jupiler Pro League. Un petit évènement qui a des chances de se confirmer si le RWD Molenbeek parvient à se qualifier au terme de la dernière journée des Play-Offs – au soir du 13 mai – pour la division 1. Ce qui est sûr, c’est que l’hypothèse ne manque pas de crédibilité puisque les Molenbeekois sont, avec Beveren, les favoris de ces Play-Offs pour accéder à l’élite du football belge. Si tel est le cas, ce serait la première fois depuis la saison 1987-1988 que trois clubs issus de la capitale belge évolueraient ensemble dans la plus haute division.
À l’époque, c’est un autre trio qui faisait le bonheur des adeptes de football de la capitale, avec le Sporting Anderlecht, le RWDM et le Racing Jet de Bruxelles. « Si cela venait à se concrétiser, ce serait quelque chose de formidable. On ajouterait au calendrier un autre derby avec Anderlecht et l’Union Saint-Gilloise », se réjouit Léonard, passionné de football et Bruxellois depuis trois ans maintenant. Aujourd’hui, le championnat belge est sur une pente ascendante que ce soit au niveau économique ou sportif. Son symbole le plus fort se nomme sûrement l’Union Saint-Gilloise, solide leader de la Pro League aux côtés de Genk.
Union-Anderlecht-Molenbeek : le football bruxellois optimiste, Paris n’y arrive (toujours) pas
Avec (peut-être) un troisième club en division 1, Bruxelles marcherait sur les traces de ses homologues européens. Cette saison, Londres est représenté par sept équipes en Premier League (Arsenal, Brentford, Chelsea, Crystal Palace, Fulham, Tottenham et West Ham). Madrid compte quatre clubs en Liga (Real, Atlético, Rayo Vallecano et Getafe). Berlin et Rome affichent, quant à eux, deux clubs en Bundesliga (Union Berlin, Hertha Berlin) et en Serie A (Rome, Lazio). Du côté de la Ligue 1, le Paris Saint-Germain reste pourtant l’unique représentant de la capitale française, et cela depuis maintenant trente-deux ans. Le dernier derby entre deux clubs parisiens en première division remonte au 25 février 1990 où le PSG s’était incliné face au Racing Paris (1-2).
Depuis, aucun club de la capitale n’a réussi à se hisser jusqu’à l’élite du football français. Au premier abord, tout semble indiquer que la région parisienne ne devrait pas avoir de mal à faire éclore les autres clubs en son sein. Les 15 millions d’habitants de l’aire urbaine de Paris, faisant de la métropole la deuxième plus peuplée d’Europe, ne devraient pas être un frein pour attirer le public. De même que ses 12 000 km² représentent l’un des plus grands viviers de talents du monde. On peut noter que plus d’un tiers des champions du monde français en 2018 sont issus de la région Île-de-France (8/23).
«À Paris, presque tout le monde se range derrière le Paris Saint-Germain»
Alors, comment l’expliquer ? Il semble que la réponse soit tout d’abord culturelle et sociologique. En France, le club de football ne se présente pas comme un symbole d’identité, en tout cas bien moins qu’en Angleterre, en Allemagne, en Italie ou en Belgique. « Il y a une attache bien plus profonde au club de quartier à Bruxelles qu’aux arrondissements de Paris en France. À Paris, presque tout le monde se range derrière le Paris Saint-Germain. Ici, c’est différent. Les Bruxellois amateurs de football soutiennent clairement soit Anderlecht, l’Union Saint-Gilloise ou encore le RWDM. Peu importe le classement de leur équipe. Ils sont à fond derrière eux », précise Léonard.
Traditionnellement, il faut dire aussi que les entrepreneurs investissent peu dans le football français, encore moins en région parisienne. À l’inverse, ces mêmes entrepreneurs préfèrent s’implanter au sein d’autres championnats. La compétitivité sportive ne manque pourtant pas à des clubs comme le Paris FC, le Red Star ou encore Versailles. Le problème réside aussi chez les investisseurs étrangers qui n’ont parfois pas une réelle philosophie sportive et qui attendent un retour sur investissement immédiat. Les infrastructures jouent un rôle clés dans le développement d’un club et c’est aussi sur ce plan-là que la capitale française doit progresser.
Un deuxième club parisien en Ligue 1, une utopie ?
Ces dernières années, le Paris FC est beaucoup plus proche d’une montée dans l’élite française qu’une descente en National. Il est probable, qu’un jour, les investisseurs se tourneront vers Paris et sa région pour développer le football de la capitale. Mais pas aujourd’hui. Les multiples crises financières rencontrées par les clubs pendant la période du Covid ne favorisent pas les investissements dans un sport tel que le football à Paris. D’autant plus que l’impressionnante croissance du Paris Saint-Germain sur la dernière décennie freine les candidats plausibles à un rachat d’un autre club parisien pour concurrencer QSI (Qatar Sports Investments). Trouver un investisseur fortuné, passionné et surtout patient relève presque du fantasme.
Comme évoqué, le Paris FC (Ligue 2) et le Red Star (National) peuvent être considérés comme des prétendants sérieux à la (probable) future gloire de la région parisienne. Par ailleurs, le Red Star a déjà été racheté par un fonds d’investissements américain en main denier. Versailles (national) dispose de moyens importants pour un club du troisième échelon national. Néanmoins, leurs côtes de popularité ne sont pas très hautes du côté de Paris. Seulement 2 821 spectateurs en moyenne se réunissaient aux matchs du Paris FC la saison passée, 2 054 pour le Red Star selon Transfermarkt. Au final, investir actuellement sur un club parisien, c’est accepter de dépenser beaucoup pour un résultat incertain. Il est donc normal de voir davantage d’investisseurs se tourner vers des clubs implantés solidement d’un point de vue sportif comme en Ligue 1, avec des supporters affirmés et de riches infrastructures.