A l’occasion du dernier jour du festival Les Intergalactiques, Junk Head, le film de Takahide Hori était diffusé au cinéma Le Zola à Villeurbanne. L’occasion pour les festivaliers de le découvrir en avant-première.
Le festival de science-fiction (SF) Les Intergalactiques se terminait hier soir à Lyon. Dans ce cadre, ont été diffusés deux films du genre au cinéma le Zola à Villeurbanne. Dans un premier temps, le public a pu visionner Violence Voyager de Ujicha. Plus tard dans la soirée, il a aussi pu se plonger dans l’univers du long-métrage Junk Head réalisé par Takahide Hori. Il s’agissait de la seconde version de ce film sorti une première fois en 2017 et qui était diffusé en avant-première. Si les spectateurs étaient venus en nombre pour le découvrir, le grand public devra attendre le 18 mai prochain pour voir Junk Head en salle.
Le film, réalisé en stop motion, plonge le spectateur au cœur d’un univers étrange et dystopique dans lequel l’humanité a quasiment atteint l’immortalité. Mais elle vit aussi recluse, a perdu ses capacités de reproduction et est menacée d’extinction par un virus. Dans ce monde futuriste, les hommes ont créé les « marigans », une forme de vie artificielle, qu’ils ont envoyée au centre de la terre pour travailler à leur place. Un explorateur va être envoyé dans les bas-fonds de notre planète, loin de la lumière du soleil pour récupérer des gênes de reproduction. Là, il va être confronté à un peuple étrange évoluant avec des codes propres et à des créatures mutantes qui font la loi dans ces ténèbres.
« C’est de la pure science-fiction qui a digéré beaucoup d’influences »
Junk Head est perturbant, déroutant. Véritable expérience visuelle et sonore grâce à sa réalisation en stop motion, qui a nécessité plus de 140 000 prises de vues, et à ses bruitages étranges, ce voyage au centre de la terre ne laissera personne indifférent. « Je ne conseillerai pas à tout le monde de le voir, il faut avoir vu d’autres films du genre pour l’apprécier », soutient Adrien, un étudiant venu voir le film. Si l’histoire a parfois quelques longueurs, elle est en réalité un prétexte pour nous faire découvrir un univers marqué, dystopique qui pousse à la réflexion autour de plusieurs thèmes comme l’écologie, les croyances mais surtout sur le transhumanisme et les expériences de l’homme sur son propre corps. « C’est de la pure science-fiction qui a digéré beaucoup d’influences, des mangas aux films de SF américains en passant par des œuvres comme Métal Hurlant », témoigne Nicolas Sébastien Landais, le maître de cérémonie. Des influences qu’on ressent énormément, notamment dans le design des personnages, ou celui des créatures qui est inspiré du film The Thing de John Carpenter (1982).
7 ans de travail récompensés
Junk Head a été un véritable phénomène lors de sa sortie au Japon et s’est classé pendant deux semaines en première place au box-office indépendant. Il est ensuite devenu un succès international et a remporté plusieurs récompenses : le Prix Satoshi Kon au Fantasia Festival de Montréal, la Cigogne d’Or du meilleur film d’animation à Strasbourg et surtout celui du Meilleur Nouveau Réalisateur au Fantastic Fest d’Austin. Un dernier prix totalement mérité au vu de la performance de Takahide Hori. Avec Junk Head, les mots « réaliser un film » n’ont jamais eu autant de sens, l’artiste japonais ayant quasiment tout fait tout seul, de la réalisation à certaines voix off en passant par le scénario. « C’est un film réalisé par un seul homme, c’est l’œuvre d’une tranche de vie », félicite Nicolas Sébastien Landais. Adrien est d’accord : « On nous avait dit qu’il y avait eu 7 ans pour faire Junk Head. Ça se voit, on ressent le travail derrière ».
En tout cas, si le festival est terminé, il reste des diffusions de films pour l’occasion. Vous pourrez retrouver Vidéodrôme (1983) de David Cronenberg samedi 30 avril, Rollerball (1975) de Norman Jewison dimanche 31 avril ou encore Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg.
Loris Castaing