Aurélie Bresson, 33 ans, a fondé son magazine Les Sportives en 2016. Sportive depuis l’enfance, cette chargée de communication a toujours eu un engagement militant envers le sport féminin. En plus d’être responsable de la publication de son média Les Sportives, elle est également présidente de la fondation Alice Milliat, en faveur du sport féminin.
Etudiante dans la communication et les médias, Aurélie Bresson a toujours eu ce penchant pour l’associatif et le militantisme. Très souvent au contact de sportives de haut niveau, « je me suis rendu compte que les femmes étaient sous-représentées, mal-représentées, je me suis dit mais pourquoi on ne parle pas d’elles dans les médias ? », s’est demandé la jeune femme. C’est comme ça qu’au fur et à mesure, elle qui travaillait dans le sport et sur les questions d’inégalités et de mixité en parallèle de ses études de communication, est né le média Les Sportives. « Je pense qu’on ne m’a pas laissé m’exprimer en tant que sportive et c’est resté en moi durant toutes ces années. Tout s’est embringué avec mes études, mon expérience professionnelle ; ça faisait une belle recette pour créer Les Sportives par la suite », livre Aurélie Bresson. A 27 ans, elle devient responsable de publication et a pour but de faire avancer la société. La présidente de la fondation Alice Milliat veut contribuer à faire évoluer une société plus égalitaire.
Aujourd’hui, Les Sportives s’est affirmé comme le média de fond de référence du sport féminin, une reconnaissance acquise au fil des années. Son objectif n’est pas d’écraser les hommes au profit des femmes, mais au contraire, de revendiquer. « J’ai vraiment envie de fédérer, je suis plutôt dans un vivre ensemble et de penser collectif », ajoute la responsable de publication . Le média propose des podcasts, des articles, un magazine semestriel, avec plus de deux millions d’impressions par an. Et l’aventure continue ! Aurélie Bresson veut renforcer le côté média : « Pour notre 6ème année, on va sortir notre propre podcast, qui va voir le jour en avril avec quelque chose de très différent de ce qui existe déjà. On veut vraiment apporter du rythme, du caractère », explique Aurélie Bresson. Les Sportives va également lancer un projet d’exposition sur les dix sportives qui ont marqué la décennie. « Le concept a de beaux jours devant lui, il va évoluer avec les mentalités aussi, continue-t-elle. Je pense que tant que la société évoluera dans le bon sens sur la position des sportives, le média devra aussi s’adapter à cette vague-là ».
Le manque de présence des femmes dans le monde sportif
Les femmes sont les grandes absentes du monde sportif, tant dans les fédérations, qu’à la télévision. En 2016, seulement 16 femmes étaient présidentes parmi 117 fédérations sportives. Les médias ont aussi une responsabilité dans l’émergence des femmes dans le sport. À cause d’une sous-médiatisation, les compétitions féminines ont été, pendant longtemps, très peu présentes dans les différents médias. Alors comment expliquer cette sous-médiatisation ? « Je pense que c’est historique, on vient de beaucoup trop loin », clame Aurélie Bresson. Elle continue : « C’est à double tranchant : c’est à la femme d’être accompagnée mais les instances disent que le sport féminin n’est pas vendeur. Je pense que plus on montrera des sportives à la télé, plus les gens seront habitués ». Les instances sont-elles également prête à recevoir toutes les sportives ? « C’est un cercle vicieux. C’est bien de donner de la visibilité mais est-ce que derrière on est prêt à accueillir, structurellement, plus de pratiquantes », commente Aurélie Bresson.
Les Sportives, porte-parole du sport féminin
Le média Les Sportives regroupe toutes les femmes sportives, celle de haut niveau « ou la voisine qui court tous les matins », sourit la responsable de publication . Le média veut déconstruire l’image de la femme sportive, les valoriser, et les aider à s’affirmer. « C’est tout l’enjeu des Sportives : à la fois d’inspirer en créant des rôles modèles, mais aussi de déconstruire certains stéréotypes persistants ». La libération de la parole est importante aujourd’hui pour ces sportives. Notamment aux Etats-Unis : grâce à la prise de parole de Megan Rapinoe, joueuse de l’équipe nationale de football des Etats-Unis, ses coéquipières ont reçu le même salaire que leurs homologues masculins. « C’est également pour cela que j’ai créé le média Les Sportives, c’est à elles de s’exprimer. Si les athlètes, qui sont les premières concernées, ne s’expriment pas, ça ne bougera pas », rappelle Aurélie Bresson.
Carmen Buecher