Au début novembre, un collectif s’est créé pour contester contre l’arrêt du « plan froid » par la préfecture pour l’hiver 2021-2022. Composé d’une vingtaine de jeunes, aussi bien étudiants, travailleurs sociaux que militants, le « Collectif urgence plan froid Lyon » a rédigé une tribune pour demander aux pouvoirs publics l’ouverture d’hébergements d’urgence. J’ai rencontré deux membres du groupe pour en savoir plus.
« Ouvrons les logements vacants dans le Rhône ! » C’est ce que le nouveau « Collectif urgence plan froid Lyon » revendique dans sa tribune pour lutter contre la remise à la rue. Une réponse directe à « la décision [de la préfecture] de ne pas ouvrir de places d’hébergement dans le cadre d’un plan froid cet hiver » (cf la tribune). La raison de cette mesure préfectorale ? L’année dernière, le plan froid avait été prolongé de deux mois à cause du Covid. Seulement à l’arrivée de la trêve hivernale, il était impensable pour les membres du collectif de laisser des personnes dehors avec le froid.
« Ce qu’on souhaite déjà, c’est que la mairie de Lyon, qui avait un programme bien précis en matière de non remise à la rue au début du mandat, applique ses projets inscrits dans sa campagne », explique l’une des deux filles du collectif. En effet, dans la tribune, il est précisé que le projet social de la mairie de Lyon « avait pour objectif de « mettre à disposition des logements vacants du patrimoine de la Ville » avec comme action phare une « politique de recensement et de mise à disposition de bâtiments vacants, y compris de façon temporaire ». Puis la jeune fille poursuit en formulant ensuite la requête auprès de la préfecture : celle-ci doit « ajuste[r] le budget pour ouvrir des hébergements et des lieux vacants plus pérennes »
Et même s’il y a toujours le plan grand froid en application, pour le collectif ce n’est pas assez. Le dispositif est valable que lorsque les températures descendent en dessous de -5 degrés et proposent seulement des gymnases à titre très éphémère. « Surtout que dans la Métropole de Lyon, il y a environ 16 000 logements vacants dont beaucoup appartiennent aux pouvoir publics. Ce serait intéressant et nécessaire que ces logements soient utilisés dans un but social de relogement », complète sa collègue.
L’histoire du collectif
« Le collectif a vraiment été mis en place quand on a appris que le plan froid ne serai pas reconduit cette année ; l’information date de début novembre », explique l’une des jeunes filles. À l’initiative du projet, une personne travaillant au 115 qui a eu en premier l’information. « Dès qu’on a appris la nouvelle, l’objectif était d’écrire une tribune pour faire passer l’information au maximum de médias, de structures, de collectifs ou d’associations (type le CG, Calle, Au Tambour). Et puis d’avoir des signatures pour faire remonter aux pouvoirs publics. » Actuellement, le collectif en a déjà récolté « pas mal en une semaine ».
Une autre fierté du groupe, c’est l’article publié dans le Progrès le matin du mercredi 17 novembre. On peut y voir une brève réponse des services de la préfecture : « On ne ferme plus de places à la fin de l’hiver pour les rouvrir au début de l’hiver suivant. Il n’y a plus de remises à la rue à la fin de l’hiver. Les places ont été pérennisées ».
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui, la préfecture souhaite mettre en place un plan de programmation pluriannuelle des capacités d’hébergement des plus vulnérables. Pour cela, « en cette année charnière, elle va mettre en place un parc pérenne d’hébergement d’urgence, ouvert toute l’année, avec 200 000 places au niveau national. C’est un modèle inédit. Le but c’est également d’accompagner individuellement toutes les personnes hébergées pour permettre un accès au logement et aider à l’insertion. Sur le département du Rhône, le parc d’hébergement pérenne comprendra 7 897 places pour cette année. Avant la crise sanitaire, le parc était composé de 6 557 places. On va également ouvrir 500 places supplémentaires dans des structures sur la métropole tout début 2022. Les pouvoirs publics s’organisent pour déployer des solutions adaptées à la situation des personnes », a expliqué Cécile Dindar, préfète et secrétaire générale de la préfecture, lors de la conférence de presse sur l’hébergement d’urgence. Elle a également évoqué le plan grand froid et l’ouverture de gymnases, mais rien sur le plan froid.
« Une fois qu’on a mis au courant du monde, on voulait éventuellement monter un rassemblement et faire des choses plus concrètes si la tribune ne suffit pas. Après ça reste compliqué, car c’est la préfecture qui nous donne l’autorisation pour les manifestations », conclut l’une des jeunes filles.