Depuis un mois, la contestation gronde en Tunisie. Les Tunisiens sont sortis dans la rue, acculant le pouvoir à la démission. Des manifestations de soutien aux peuple tunisien et algérien se sont déroulées. La « Révolution de jasmin » semble en marche. DIAPORAMA EN +
Depuis hier, les nouvelles se succèdent. Le président dictateur Ben Ali, qui règnait sans partage depuis 23 ans, a quitté la Tunisie, hier aux alentours de 18h. Après le refus de l’Elysée de l’accueillir, il a attéri à Malte dans la soirée pour ensuite trouvé refuge à Jeddah, en Arabie Saoudite
Samedi 15 janvier, nous nous rendons, à la manifestation de soutien des peuples tunisien et algerien. Lorsque nous sortons du métro Brotteaux, la place Jules Ferry est déjà pleine, prêt de 1000 personnes sont rassemblées. Une dame parle au micro d’un journaliste : « C’est la police qui tue maintenant et qui pille. Ils disent que se sont les islamistes qui manipulent ! Ce n’est pas vrai, je suis dégoûtée. On accuse le peuple alors que c’est la police qui vole !».
Nous rencontrons un Tunisien qui nous indique : « Aujourd’hui les Tunisien n’ont plus peur. La rage a dépassé la peur. Ce sont des jeunes qui ont eu le courage d’affronter les balles dans la rue mais ils ont résister. Quand la rage dépasse la peur, cela donne à un peuple la capacité de se soulever contre l’oppression ».
Dans la foule, nous croisons un ami étudiant, d’origine tunisienne : « Je suis très fier du peuple tunisien. Très très fier. Ici on a des droits, on peut travailler, même si ce n’est pas toujours facile. Mais là-bas c’est très grave ce qui s’y passe ! Je veux rendre hommage aux martyres qui ont libéré ce pays de la mafia de Ben Ali et Trabelsi qui ont spolié tous les tunisiens pendant des années. Je suis fier d’eux » indique Fahmi.
La manifestation est partie depuis la gare des Brotteaux (6e arrondissement) pour se diriger vers les consulats d’Algérie et de Tunisie, et pour s’achever devant la préfecture du Rhône (3e arrondissement).
Le profil des manifestants est divers. Nous croisons des familles, des militants politiques et associatifs, nombre de Tunisiens et d’Algériens, d’origine ou de nationalité.
Parmi les élus présents, le maire de Vaulx-en-Velin, Bernard Genin : « Pour une fois qu’on participe à une manifestation non pour protester mais célébrer l’action d’un peuple, pour se rassembler en soutien aux Tunisiens, immense satisfaction même si le combat ne s’arrête pas pour les Tunisiens, les Algériens et tout les autres ».
L’émotion est forte. Les massacres sont encore en cour en Tunisie. L’annonce de nombreux prisonniers politiques tués à la prison de Monastir résonne avec les chants en arabe pour les martyres. « Ces crimes ne resterons pas impunies » crie un porte parole du mouvement. Et il rajoute « A Lyon, dans la 6.9, un groupe s’est créé. Si vous avez des choses à dire, vous pourrez les dire ».
Toujours sans débordement, la foule continue son chemin en direction du Consulat de Tunisie. A cet instant, une minute de silence est décrétée en mémoire des « martyrs », victimes de la répression policière ou immolées.
Chafiq nous explique: «C’est un château de carte qui s’écroule. Mais ce n’est que le début. Les intellectuelles tunisiens doivent s’organiser pour que des élections libres et démocratique soit mis en place dans deux mois ».
Arrivé devant l’ambassade d’Algérie, des cries de protestations se font de plus en plus important, au rythme de « A bas la dictaure! A bas les généraux! ».
Devant la préfecture du Rhône, dernière étape, des slogans résonnent « Ben Ali assassin, Sarkozy complice! ». Un des organisateurs prend la parole pour dire qu’au de-là de Sarkozy, il faut se méfier de tout ceux qui ont soutenu le système Ben Ali. En 2008, DSK félicite Ben Ali pour les réussites économiques de la Tunisie.
Finalement « il n’y a que le peuple pour soutenir le peuple » conclue le porte-parole. L’espoir d’un autre monde revit à travers ce moment historique. Aujourd’hui en Tunisie, demain ailleurs.
Auteur : Rafika Bendermel et Guilhem Rols