Le studio de développement français Quantic Dream et son réalisateur David Cage se sont vus vivement critiqués par plusieurs associations de défense des mineurs. En cause, la bande- annonce de leur nouveau jeu qui présente un père abusif et violent envers sa fille.
Le 30 octobre dernier, Quantic Dream dévoilait une nouvelle séquence de son jeu « Detroit : Become Human » durant la conférence de Sony à la Paris Games Week. Le joueur incarne Kara, un androïde, dont les choix permettront ou non de sauver une petite fille des violences de son père. Cette scène a provoqué de nombreuses discussions sur la capacité du développeur à réaliser cette interaction avec tact. Dans une interview avec Eurogamer, David Cage exprimait son amertume face à la réaction d’une partie de la presse :
« Il en y a beaucoup qui repoussent les limites pour de mauvaises raisons […] mais cette industrie ne devrait pas blâmer ceux qui tentent d’explorer ses extrémités tant que ceux-ci sont honnêtes et sincères dans leurs tentatives. »
Le 3 décembre, les réserves se sont muées en accusations. Le tabloïd britannique « The Daily Mail » publiait un article contenant des citations notables de Dame Esther Rantzen, fondatrice de Childline, décrivant le jeu comme « malsain », « repoussant » et « pervers ». Elle ne pense pas le jeux vidéo capable de traiter de telles questions : « la violence contre les enfants ne relève pas du divertissement. Ce n’est pas un jeu ». Cet argument semblait rassembler les détracteurs du jeu, en témoigne le commentaire de Damian Collins, parlementaire britannique qui déclarait de concert : « il est complétement immoral que la violence domestique fasse parti d’un jeu vidéo quelles que soient les raisons ». Le politicien reste cependant vague quant au mesures à prendre contre ces « abus ». Le constat n’est pas le même pour Mme Rantzen, pour qui la scène doit être retirée ou bien la sortie du jeu annulée.
En effet, cette bande-annonce est choquante. Elle aborde des thèmes très sensibles qui peuvent mettre mal à l’aise et déranger le spectateur. Le manque de contexte du à sa courte durée révèle les motifs commerciaux de cette présentation qui exploite l’empathie du spectateur.
Cependant ce n’est pas cela que ces associations dénoncent. Elles ne s’opposent pas aux gains financier de ce projet ou bien à la vision des développeurs. Elles contestent la légitimité du jeu vidéo à aborder ce genre de sujets. Ces groupes ne souhaitent pas informer et responsabiliser des artistes, ils veulent limiter l’impact et la portée d’un média qu’ils semblent ne pas comprendre.