Thomas Spreux est candidat à la mairie de Vaulx-en-Velin avec Lutte Ouvrière. Instituteur et habitant de Vaulx-en-Velin, il exprime son rejet de la politique actuelle, et demande moins de libertés patronales, en parallèle à des évolutions pour les travailleurs.
Pourquoi vous vous êtes lancé dans ces élections et pourquoi à Vaux en Velin ?
Alors je me suis lancé dans ces élections avec Lutte Ouvrière. Je pense qu’il manque aujourd’hui un parti pour défendre les intérêts politiques des travailleurs.
En regardant l’ensemble des partis qui se succèdent au pouvoir ils ont tous en commun de protéger l’intérêt des plus riches, des grands patrons. Aujourd’hui la politique d’Emmanuel Macron et ses mesures comme la réforme des retraites, vont complétement dans le sens des intérêts des plus riches, en particulier pour verser moins de retraites et pour travailler plus longtemps. Cette réforme implique que les salaires de plus de 10 000 euros par mois ne cotisent plus rien pour cette retraite. Je pense que cette politique n’est pas nouvelle et qu’en réalité tous les gouvernements précédents de droite comme de gauche ont pris des mesures contre les travailleurs. Les retraites en sont un bon exemple puisque que chaque gouvernement s’est attaqué aux droits des salariés. On a bien vu avec Hollande, qui était de gauche, qui disait avant son élection qu’il voulait s’attaquer à la finance. Finalement, ce qu’on a eu ce sont des lois comme la loi El Khomri avec des droits en moins pour les salariés : comme la baisse et la limitation des indemnités de licenciement. Les municipales sont une étape dans la construction de Lutte Ouvrière en tant que parti parce qu’il n’y a jamais d’occasion de défendre ces idées et chaque étape compte dans cet objectif-là. Pour la question de Vaulx-en-Velin, je pense que c’est encore plus important de mener des candidatures dans des villes populaires, ouvrières où l’immense majorité des habitants sont des travailleurs, des salariés, beaucoup d’entre eux sont touchés par les problèmes qui touchent les travailleurs aujourd’hui, comme le chômage. Il est donc indispensable qu’ils puissent voter pour un parti qui les représentent et non pas, comme c’est souvent le cas, de voter pour un des nombreux partis qui défend les intérêts du grand patronat.
Cette année il y a une particularité pour les élections. On vote en même temps pour les municipales et pour la métropole, comment vous voyez cette relation entre la métropole et la commune de Vaulx-en-Velin ?
Dans les municipalités on a de moins en moins de marge de manœuvre et de moins en moins de pouvoir, notamment une grande partie des moyens matériels et des moyens financiers sont entre les mains de la métropole lyonnaise. Ce n’est pas nouveau que les municipalités aient une moindre marge de manœuvre pour mener leur politique. Déjà la baisse des dotations au niveau territorial, et cela fait des années que ça dure. Ce sont des attaques qui sont menées aussi bien par la droite que la gauche, cela fait bien longtemps que l’on entend les maires dirent qu’ils n’ont plus les moyens d’entretenir les infrastructures, de financer les écoles. Ce sont des moyens qui manquent et de plus les maires sont placés sous l’autorité du préfet qui a le pouvoir de les empêcher de faire ce qu’il souhaite donc ça fait bien longtemps que tout tas de moyens d’agir disparaissent et la métropole a ce pouvoir. En l’occurrence la métropole a beaucoup d’argent à disposition, ces moyens sont une vraie manne financière pour le grand patronat de la région. Il peut bénéficier de grand contrat dans le bâtiment, dans les transports, et dans tous les domaines. Il y a un tas d’entreprises de la région qui bénéficient d’aides et de financements qui viennent de la métropole de Lyon, en l’occurrence ils ont les moyens. On veut dénoncer ce qui est fait de l’argent publique.
Quel est votre position par rapport à l’écologie notamment à Vaulx-en-Velin ?
Tout le monde peut voir dans les médias et dans cette société que nous sommes en train de nous conduire vers un « désastre écologique », vers une « catastrophe », un changement climatique et bien entendu que tous les partis y vont de leurs propositions sur le thème de l’environnement. Quand on regarde de plus près ce qui est proposé, ces partis veulent faire la leçon aux gens sur les petits gestes du quotidien. En revanche, on n’entend jamais ces mêmes partis dénoncer la responsabilité du grand patronat, dans la destruction de l’environnement. En exemple : celui des transports, on dit qu’il faut limiter ses trajets en voiture mais on ne va jamais proposer des transports gratuits pour les travailleurs qui bien souvent habitent dans une banlieue et doivent aller travailler dans une autre. D’ailleurs les transports en commun n’en relient jamais deux entre eux. A Lyon il faut systématiquement passer par le centre-ville ce qui montre que même les transports sont tracés d’une manière qui arrange les habitants du centre et en réalité le pouvoir de décision est entre les mains des capitalistes, car c’est eux qui choisissent où vont se situer leurs entreprises. Ce ne sont jamais des choix démocratiques qui sont exposés aux travailleurs, qui peuvent décider de ce genre de choses. De la même façon, quand il y a des pics de pollution on voit qu’on interdit aux travailleurs de prendre leurs voitures avec des mesures comme la circulation alternée. Cependant, lors de ces mêmes journées de pic de pollution on n’entendra jamais le préfet interdire aux grandes raffineries, aux entreprises de la vallée de la chimie d’arrêter leurs productions au moment où tout le monde est en train de suffoquer sous les gaz toxiques émis. On veut donc dénoncer la responsabilité du grand patronat dans la destruction de l’environnement et dire que sur tous ces sujets on subit leur dictature. Celle des riches. D’autres choix seraient possible mais pour ça il faudrait que les travailleurs prennent le pouvoir et je pense qu’il faudra bien plus que des élections pour cela se produise.
Quel est votre discours par rapport aux transports à Vaulx-en-Velin ? Sachant que le Nord est assez mal desservi.
On est pour de bien meilleurs transports en commun, gérés par l’État, gratuits pour les usagers. On pense que ceux-ci sont en grande majorité utilisés pour aller au travail, il faudrait faire participer le grand patronat à l’entretien de ces transports. Aujourd’hui c’est tout le contraire, on voit que les grandes dépenses (nouvelle ligne de métro, etc.) ce sont les collectivités territoriales qui doivent les financer, et mettent la main à la poche pour financer de grands groupes du bâtiment, du BTP. Dans l’optique de construire les nouveaux métros, les nouveaux tramways. Quand il s’agit de faire tourner ces installations, c’est laissé entre les mains du privé : les TCL sont gérés par Keolis, qui est un groupe privé dégradant continuellement les conditions de travail des travailleurs et augmente les tarifs des abonnements pour les usagers. Il faut faire en sorte que les travailleurs puissent décider démocratiquement des transports à mettre en place, de leurs financements, ils sont les mieux placés pour changer la manière dont ils fonctionnent.
Deux bornes Vélov à Vaulx en Velin, qu’en pensez-vous ?
Installation ou non de bornes ce sont les patrons qui le décident, font en fonction de leurs objectifs financiers, ils voient la rentabilité, si on en met ici est-ce rentable ou non. Les questions, selon nous, doivent être étudiées selon le service rendu aux usagers, ceux souhaitant utiliser ces vélos. Par ailleurs, il faut se rendre compte que pour bien des travailleurs quand on leur dit de se rendre à vélo au travail c’est impossible, et on les culpabilise en disant vous prenez votre voiture. Par exemple il y a quelques années des entreprises utilisaient des moyens de transports en commun qu’elles mettaient en place pour transporter les ouvriers, qui étaient gratuit. Ils ont été supprimés petit à petit, alors dire que pour se rendre au travail ils doivent être responsable et utiliser des vélos ou des transports en commun, alors que rien n’a été mis en place pour les aider… Ils commencent parfois le travail à 5h30, c’est révoltant. Rien n’est fait de manière pragmatique pour les aider. On pense que sur ces questions-là il faudrait faire payer le patronat, pour résoudre les problèmes.
Comment vous voyez le fait qu’un couple de travailleurs ait du mal à se loger à Vaulx-en-Velin ? Comment voyez-vous la problématique du logement ?
Comme de nombreux domaines, les propriétaires peuvent fixer le prix de leurs loyers, les entreprises du bâtiment décident où est ce qu’elles construisent, quels types de logement. Le fait que les loyers augmentent à Vaulx-en-Velin semble peu étonnant, les bâtiments anciens sont détruits, ils sont remplacés par des logements beaucoup plus chers. C’est le cas dans toutes les banlieues ouvrières de ce pays, cela pousse les travailleurs pauvres de plus en plus loin du centre. La population de Vaulx-en-Velin, quand un logement ancien est détruit, elle est obligée de partir dans une autre commune. Pour y remédier il est, selon nous, essentiel de créer un grand service public du logement qui assume de A à Z la construction de logements pour que les travailleurs puissent se loger, certains dorment encore dans leurs voitures aujourd’hui. Je suis professeur d’école et j’ai déjà vu à Vaulx-en-Velin des familles avec des enfants qui sont sans toits, qui dorment dehors. Ce qui amènent les enseignants et les parents d’élèves faisant partie de l’association « Enfants sans toits » à contourner la loi pour héberger les familles au sein même des écoles, même si c’est illégal. Et si cela n’est pas fait les enfants sont à la rue. La situation est donc révoltante et face à ça il est indispensable de construire des logements bons marchés et proposer des logements gratuits aux familles qui n’ont pas les moyens de se loger. Y compris en réquisitionnant les logements vides, ce qui est la loi normalement, mais de ce point de vue-là, ceux qui n’appliquent pas la loi ce sont les préfets, pour protéger les propriétaires.
Pensez-vous que les logements vacants peuvent être une solution d’urgence pour les femmes battues et les étudiants en situation de grande précarité ?
Bien sûr, ce que l’on a parfois du mal à mesurer c’est à quel point la société dans laquelle on vit c’est une société ou les richesses débordent, on se rend compte qu’à Vaulx-en-Velin parmi la population ouvrière c’est la misère qui monte avec le chômage, la hausse des prix, les salaires qui baissent, et en même temps à l’autre bout de la société ça déborde de richesses parce que les grandes fortunes de ce pays toutes les 15 minutes peuvent gagner 1 millions d’euros sans faire le moindre travail utile. Donc en allant chercher l’argent ou il est, en s’attaquant aux intérêts de ces grands capitalistes on peut résoudre tous les problèmes de la population et bien sûr que c’est possible de proposer des logements gratuits, à toutes les personnes qui en ont besoin. A condition de s’en prendre aux richesses volées chaque jour par cette petite minorité de patrons capitalistes qui accumulent des fortunes sur le dos des travailleurs.
Abordons le cas des bailleurs sociaux, pensez-vous qu’il faut plus de logements à Vaulx-en-Velin ?
On peut aussi dire que bien des communes n’appliquent pas la loi, on pourrait dénoncer cela et imposer à ces dernières de respecter les normes. Cela dit, même dans une ville comme Vaulx-en-Velin je pense que l’on peut construire bien plus de logements sociaux. Il est difficile de faire confiance aux entreprises privées pour les construire, l’État doit donc prendre ses responsabilités.
Rédaction : Matéo Bacha
Interview : Nicolas Delattre