Vendredi 9 et Samedi 10 Mars se déroulait la collecte nationale des Restos du Cœur. Vous savez, cette grande entreprise dont on n’entend pas souvent parler, si ce n’est à travers les célèbres « Enfoirés ». Retour et rencontre avec une association qui « compte sur nous ».
Pierre Garel est retraité. Il est président aux restos du cœur depuis quatre ans. Il nous dévoile les coulisses d’une collecte :
« Il y a plusieurs collectes. La collecte nationale une fois par an, au mois de Mars. Alors pourquoi on fait une collecte nationale qui est là depuis cinq ans ? C’est uniquement pour notre campagne d’été parce que les restos du cœur achètent leur nourriture le reste de l’année, y compris en été. Mais pour pouvoir mieux s’approvisionner, on fait une collecte nationale maintenant. Celle qu’il y a eu les 9 et 10 Mars derniers, de façon à approvisionner nos centres pour cet été.
On prend ensuite contact avec chaque magasin, on fait ce qu’on appelle une habilitation, c’est-à-dire un contrat signé entre le magasin et nous. Ensuite on va donner le résultat de la collecte, donc il y a une sortie de marchandise du magasin : ce que les gens ont donné. Il y a par conséquent une entrée de marchandise dans les centres. On doit trouver la même chose à l’entrée qu’à la sortie du magasin. Aujourd’hui on ne connait pas encore le résultat de cette collecte. C’est trop tôt. »
En tout, 58 magasins ont participé à l’opération lancée par les Restos du cœur.
Sabrina Gasmi : Quel est le reflet de la situation actuelle des personnes que vous accueillez ?
PG : A première vue oui, 1% ce n’est pas beaucoup c’est vrai, mais c’est mieux que +1%.
PG : C’est une association. Comme toutes les associations caritatives du genre humanitaire, on en a absolument besoin. Alors pourquoi les restos plutôt qu’une autre ? Mise à part une bonne ambiance, c’est avant tout le côté rigoureux tout en étant cordial et convivial qui me plaît aux restos. Et il ne faut pas oublier que notre bénévolat ne nous appartient pas, les restos ne nous appartiennent pas. Cela signifie qu’on est au service des bénéficiaires, point. Quand par exemple un donateur nous offre cent euros, il faut en dépenser le moins possible en frais généraux. Aujourd’hui les restos du cœur, c’est 7,1% de frais généraux. C’est-à-dire deux à trois fois moins que dans la majorité des associations qui existent de nos jours.
SG : Comment est-ce possible ?
PG : Ça vient du fonctionnement à bénévolat à 95%. Et ça, ça donne toute notre image, toute notre crédibilité. Aujourd’hui, les restos du cœur on est médiatique grâce aux Enfoirés, et ça c’est quelque chose d’exceptionnel. On fait très peu de publicité, cela ne nous coûte jamais rien parce qu’elle est payée par les Enfoirés directement.
Il ne faut pas oublier les 60 000 bénévoles, dont 2 200 dans le Rhône où il y a 7 salariés et 32 salariés en insertion car on fait des ateliers d’insertion.
SG : En cette période électorale où bon nombre de réels problèmes en France restent occultés ; et au président-candidat qui s’engageait à ce que « d’ici 2009, plus personne ne dormirait dans la rue », vous répondez quoi ?
PG : Je vais vous donner les messages. Les Restos du cœur plaident pour leurs idées. Elles sont au nombre de sept :
* Une politique de l’hébergement et du logement qui favorise réellement l’accès à un toit pour tous.
* L’inconditionnalité de l’aide humanitaire et la sanctuarisation des lieux où elle se pratique.
* Le maintien des dispositifs d’insertion socioprofessionnelle, de l’IAE et des contrats aidés.
* La construction d’un programme européen durable de sécurité alimentaire.
* La pérennité et la constance des politiques publiques et de leurs financements, pour aider le monde associatif à agir et à concentrer ses efforts sur ses missions sociales plus qu’à la recherche de fonds.
* La défense de la Loi Coluche et de la liberté laissée aux donateurs de choisir les combats qu’ils souhaitent soutenir en confiance.
* L’indépendance du monde associatif et le respect de sa diversité.
Sabrina Gasmi