Ce jeudi 30 août, Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon, a donné le bilan de l’ouverture d’un lieu de répit (salle Diderot) pour les mineurs non accompagnés. Si l’élue a su remarquer un véritable élan de solidarité chez les habitants et les commerçants, elle déplore en revanche un non-respect de la loi et des protocoles de prise en charge de la part de la métropole.
Le 20 juillet dernier, la mairie du 1er arrondissement décide de faire de la salle Diderot un lieu de répit pour les mineurs non accompagnés à la rue pendant la saison estivale. Ce projet, elle a d’abord tenté de le réaliser avec l’aide de la métropole de Lyon, mais sa proposition n’a, selon Nathalie Perrin-Gilbert, « pas intéressé » les concernés. C’est donc avec diverses associations et organisations politiques qu’elle a dû collaborer. Pourtant, ces mineurs non accompagnés relèvent de la protection de l’enfance. Or, la protection de l’enfance est une mission que l’État a délégué au département, et donc pour Lyon, à la Métropole. Par ailleurs, avec la mise en place en 2013 de la circulaire Taubira relative aux modalités de prise en charge des mineurs étrangers isolés, tout jeune qui se présente aux autorités est censé être pris en charge et bénéficier de la présomption de minorité.
L’échec de la MEOMIE
La Mission d’Evaluation et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers (MEOMIE), mise en place par la Métropole de Lyon afin de déterminer si ces jeunes sont réellement mineurs ou non, est un échec selon Nathalie Perrin-Gilbert. « Je m’y suis rendue personnellement, pas en tant qu’élue, mais en tant que citoyenne, déclare la maire du 1er arrondissement. Après leur évaluation, les jeunes sont remis à la rue. Sur place, le personnel est en sous-effectif, et sous-payé. Ils ne sont pas formés pour ça et sont complètement démunis. »
Aussi, suite à un appel d’offres, cette mission a été confiée à l’association Forum Réfugiés. Mais pour Nathalie Perrin-Gilbert, une fois encore, « le cahier des charges n’est pas respecté ». En effet, elle déclare que « le fait que nous ayons recueilli au moins 143 jeunes qui étaient restés sans solution prouve bien l’illégalité et la défaillance dont fait preuve la Métropole ». Par ailleurs, Laurence Boffet, conseillère du 1er arrondissement, déclare quant à elle que « la France est le pays qui refuse le plus d’accueillir les jeunes isolés. Il y a un réel problème de discours vis-à-vis de la situation réelle. Depuis ces dernières années, l’immigration en France est en baisse » dénonce la conseillère.
« Des motifs de refus absurdes »
Outre de nombreux dysfonctionnements et problèmes d’organisation, la maire du 1er arrondissement déplore l’absurdité des conditions et résultats d’évaluation des mineurs non accompagnés. « On les évalue en quatre heures, parfois sans interprète pour communiquer, puis on les remet à la rue, en leur donnant seulement une feuille avec un motif de refus. Le pire, c’est qu’on rend ces jeunes responsables de notre propre défaillance. » Elle ajoute « parfois, on leur adresse un refus simplement parce que leur apparence et leur attitude ne correspondent pas à celles d’une personne mineure. Vous voyez à quel point c’est absurde. Et c’est signé au nom du président de la métropole, David Kimelfeld lui-même. » Outre les motifs de refus absurdes, l’élue constate de nombreuses erreurs administratives notamment dans les dates de naissances des mineurs : « sur une feuille d’un des mineurs non accompagnés venus au lieu de répit, il était écrit qu’il était né en 2018… »
À l’avenir, la mairie du 1er arrondissement de Lyon souhaiterait donc forcer les autorités publiques à appliquer la loi. Elle a d’ailleurs adressé un recours gracieux à David Kimelfeld, témoignant de sa position face à cette situation. En revanche, la Métropole, contactée par notre rédaction, ne s’est pas exprimée sur le sujet.