Nous sommes allées interroger le responsable de la campagne de Benoît Hamon dans le Rhône, Jules Joassard. Après les résultats du Premier tour tombés ce dimanche, les locaux de la Fédération du Parti Socialiste avaient des airs de fin de bataille. Dans l’entrée s’empilaient les tracts et affiches prévues pour le second tour. Ils ne serviront pas, mais trônaient encore, symbolisant le difficile relèvement d’une campagne marquée par l’échec et la trahison.
Alors que de nombreux candidats PS se sont ralliés à Emmanuel Macron au cours de la campagne de Benoît Hamon, nous avons cherché quelles étaient les causes de l’échec du PS. Impossible de mentionner cette première partie de campagne sans évoquer la place d’internet, et celles des scandales.
« C’est assez dur de se relever d’une telle claque »
Mais dans le cadre du PS, nous avons spécifiquement discuté les désertions internes aux partis et le ralliement de certains dirigeants à Emmanuel Macron. Pourtant, dans le Rhône, il estime que les cadres ont été dans l’ensemble loyaux, à l’exception d’Yves Blein notamment.
« Certains cadres et dirigeants du parti ont fait un pari précoce en faveur d’Emmanuel Macron »
Inquiétude pour le second tour
À l’heure actuelle, l’urgence pour Jules Joassard est de lutter contre la prise de pouvoir du Front National. « En 2002, j’étais Place Bellecour, et on était des dizaines de milliers à crier la colère » « ça me choque que la présence du Front National au second tour d’une élection présidentielle ne déclenche pas la même colère, le même rejet qu’en 2002. Il y a une accoutumance à ce que Marine Le Pen soit là où elle est. »
« L’affrontement entre Marine le Pen et Emmanuel Macron est archétypique :[…] entre une élite mondialisée et des gens qui souffrent »
Le PS a-t-il délaissé les quartiers populaires?
Ce qui nous a marqué également, c’est le très faible score réalisé par le PS dans les banlieues, qui fut largement devancé non seulement par Jean-Luc Mélenchon, mais aussi par Marine le Pen. J.Joassard s’en étonne : « Les gens trouvaient [Hamon] sympa, et à la fin personne ne vote pour nous! […]On bénéficiait d’un accueil chaleureux. »
Les villes de banlieues, et les quartiers populaires furent à certains moments de véritables bastions du socialisme. « Leur choix de cœur devrait être le Parti Socialiste, ou celui qui devra prendre la défense de ses idées-là. »
Quel avenir pour le Parti Socialiste ?
La reconstruction à gauche est nécessaire, et peut-être que de nouveaux partis prendront forme. J.Joassard rappelle que « Benoît Hamon a dit que les structures partisanes n’étaient peut-être pas les plus opérantes ».
Il semble qu’il y ait eu une véritable fracture au sein du PS qui s’est exprimée avec fracas et l’a fait exploser lors de cette campagne. La tension était trop forte. Entre la tendance libérale incarnée par les soutiens de Macron, ancien banquier, et celle plus sociale-démocrate incarnée par Hamon, entouré du couple Piketty–Cagé, il a fallut faire un choix. Car depuis longtemps, c’était la première tendance qui avait le leadership, ce qui a basculé lors des primaires de janvier. « Quand c’était les sociaux-libéraux qui gagnaient, les sociaux-démocrates avaient la loyauté de faire la campagne pour eux. »
Le Parti Socialiste semble être arrivé au terme d’une histoire. Va-t-il renaître de ses cendres? Le plus probable est qu’un nouveau mouvement sera créé. Ce nouvel organe reprendrait l’héritage socialiste et serait constitué par les dirigeants qui ont incarné sa tendance sociale-démocrate. Arrivera-t-il à composer avec le mouvement France Insoumise? Pourra-t-il se relever de ses trahisons? Va-t-il s’opposer à Emmanuel Macron? L’avenir nous le dira.