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Mobilisation pour Halis Aydogan, Français d’origine Turque qui risque encore l’incarcération

Halis Aydogan a été détenu par les autorités géorgiennes du 21 janvier 2015 au 21 juillet 2015. Ce citoyen français d’origine turque est accusé d’avoir participé à une manifestation en 1996 en Turquie durant laquelle il aurait lancé des cocktails Molotov contre un mur. En attente du jugement sur le fond, Halis a reçu le droit de circuler librement sur le territoire géorgien depuis le 21 juillet.

 

Halis Aydogan, Kurde et Alévis, est réfugié en France depuis 1998. Il obtient la nationalité française en 2009. Père de deux enfants et chef d’entreprise de peinture et de plâtrerie à Saint-Bonnet-de-Mûre, il souhaite revoir son père malade demeuré en Turquie après 17 ans de séparation. Après deux refus d’obtention de visa auprès des services consulaires français d’Istanbul et d’Ankara, Halis et son père se donnent rendez-vous en Géorgie, où les ressortissants turcs et les Français peuvent se rendre sans visa.

Le 21 janvier 2015 à la sortie de l’avion, à l’aéroport de Tbilissi, M. Aydogan est arrêté par la police géorgienne. Il fait l’objet d’une notice d’INTERPOL pour raisons politiques.

« Ils recherchent quelqu’un qui n’est pas venu faire sa peine. […] La fiche d’INTERPOL aujourd’hui est contestée, puisqu’il est interdit de rechercher des gens pour des raisons politiques. » Indique le beau-frère de Halis.

Torturé par les policiers militaires

Les faits remontent à 1996. Lors d’une manifestation le 23 juillet 1996 dans le quartier de Kağıthane à Istanbul, de jeunes citoyens turcs luttent contre les prisons de Type F, zones de non-droits en Turquie. Six d’entre eux, dont Aydogan, auraient lancé des cocktails Molotov sur la Direction des Impôts. Ils sont tous incarcérés.

Halis Aydogan a été détenu dans la section de lutte antiterroriste pendant 15 jours où il s’est fait torturer par les policiers militaires : les étranglements et les décharges électriques sur les parties génitales ; les jets d’eau froide sur le corps dénudé. Il a été frappé à coups de bâton, pendu par les mains attachées dans le dos… Il a alors signé des confessions écrites et a été condamné à 6 ans et 3 mois de prison par le tribunal militaire.

« C’était une période mouvementée en Turquie, avec beaucoup de manifestations. Beaucoup de gens mourraient en prison. On jetait n’importe qui en prison en Turquie en 2 minutes. On se ramène tous ici (NDLR en France) pour demander l’asile, sur 2000 personnes il n’y a pas 2000 menteurs. » Réclame le beau-frère de Halis. Ce dernier fait alors un appel, pour que le tribunal revoie son dossier. « Il savait qu’il allait avoir la même peine après le deuxième jugement, il décide donc de s’enfuir en France. »

 

En France, la défense s’organise

Un groupe de défense a donc été organisé en désignant un avocat en France et un en Géorgie. Une manifestation a eu lieu à Lyon place Bellecour le 13 juin dernier. Le 21 juillet, le tribunal a prononcé la mise en liberté avec la possibilité pour M. Aydogan de se déplacer sur le territoire géorgien en attendant le jugement de fond, qui aura lieu quelques mois plus tard. La date n’est toujours pas définie.

« Au moins ça lui permet de voir son père… » Tempère le beau-frère d’Halis. « Mais ça n’aidera pas sa situation en France. » En effet, Aydogan étant en Géorgie, il ne peut s’occuper de son entreprise et payer le crédit de sa maison. « Il peut perdre sa maison. Il n’a plus le droit à l’erreur. Il a juste demandé à voir son père après 17 ans. »

Et le beau-frère d’Halis de conclure : « Supposons à l’extrême, il risque d’être reconduit en Turquie et de se faire incarcérer. En plus il n’y a pas de preuves. Est-ce qu’on va en prison pour avoir fait partie du parti de Gauche ? Parce qu’on est Kurde ? Parce qu’on est Alévis ? »

La famille de Halis Aydogan continue de faire les démarches nécessaires et fait de son mieux pour attirer l’attention du Ministère des Affaires étrangères français.

 

Organisations signataires : LDH, CIMADE-groupe locale de Lyon, Centre Culturel des Alevi de Lyon, FUAF (Fédération d’Union des Alevis de France), Centre Culturel de Pir Sultant Abdal Belleville, Centre Culturel des Alevi de Rhône-Alpes, Amitié Kurde Lyon, Centre Culturel de Mésopotamie, PCF-Rhône, NPA, EELV-Rhône, Ensemble-69, CGA-Lyon, JC de la Loire, ATIK-YDG (Nouvelle Jeunesse Démocratique)

 

Signer la Pétition :

https://www.change.org/p/minist%C3%A8re-des-affaires-%C3%A9trang%C3%A8res-libert%C3%A9-pour-halis-aydogan-citoyen-fran%C3%A7ais-d%C3%A9tenu-%C3%A0-tort-en-g%C3%A9orgie

 

Ailleurs sur le web :

http://rebellyon.info/Manifestation-pour-la-liberation-de-Halis.html

http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Actualite/Actualites/Un-rhodanien-emprisonne-depuis-5-mois-en-Georgie

http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/2015/06/11/halis-aydogan-detenu-depuis-janvier-en-georgie-744995.html

 

Jelena Dzekseneva

Née en Lituanie et ayant grandi au Kazakhstan, je suis arrivée en France en 2008. Pendant mes études d'anthropologie à Lyon 2, j'ai participé à divers projets associatifs qui m'ont fait venir au LBB en juin 2015.

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