Sur les traces du « père » du FLN lyonnais

BoLe LBB est parti sur les traces d’Albert Carteron, un prêtre lyonnais à la tête du réseau de soutien du FLN à Lyon, rue Villeroy, dans le quartier Guillotière. Reportage.

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Il y a quelques jours de cela, accompagnée de mes compagnons d’infortune (l’équipe de blogueurs de choc du LBB !), j’ai souhaité éclaircir une vérité que j’avais découvert lors de la projection du documentaire El bir (le puits en arabe) de Béatrice DUBELL (2008, durée 90′). Les réalisateurs de ce film, qui relate la guerre menée entre les jeunes nationalistes du FLN (Front de libération national) et le MNA (Mouvement national algérien), certifient qu’au 28 rue Villeroy, en plein coeur du quartier de la Guillotière, se trouvait le siège du FLN à Lyon, avec, à sa tête, un prêtre français : le père Albert Carteron, « l’homme des secrets bien gardé ». L’homme, ainsi qu’un couple de Français, ont aidé les militants du FLN pendant la guerre d’Algérie.

Malgré la pluie et une fraîcheur inhabituelle en ces premiers jours de mai, rendez-vous est pris rue Villeroy. Notre mission : percer le secret de cet appartement. Direction la boucherie Hadj qui se trouve juste au-dessous. L’heure est au déjeuner. Le boucher prend son repas dans l’arrière boutique et ne peut nous recevoir, d’autant plus que nous ne sommes pas des clients. Nous entrons alors dans le magasin de vêtements à côté. Après avoir expliqué notre démarche, personne ne semble être au courant de cette histoire. Très serviable, le gérant nous conseille d’aller voir du côté du Restaurant du Soleil : « Demandez à Mohamed, il travaille ici depuis plus longtemps que moi, il pourra vous répondre ».

Nous nous exécutons sur le champ. Mohamed nous accueille très chaleureusement (le restaurant porte bien son nom !). Ce dernier tient l’établissement depuis les années 1970. Il ne peut donc pas nous parler d’Albert Carteron, du réseau FLN et de la Guillotière des années 1950. Trouver un témoin de l’époque semble relever du parcours du combattant. Mohamed nous explique que beaucoup d’anciens sont décédés ou repartis au bled pour profiter d’une retraite plus ensoleillée. Il nous fait tout de même part de ses souvenirs : « En face, tout était construit. Aujourd’hui, le bâti a disparu et la place Djibraïl Bahadourian (du nom de l’épicier qui a ouvert son échoppe en 1929) accueille des enfants qui jouent au foot ainsi que les chibanis qui se retrouvent sur les bancs pour discuter les jours où il fait beau. »

Concernant notre affaire, nous ne sommes toujours pas plus avancés. Mes collègues commencent à croire que j’ai inventé cette histoire de réseau FLN soutenu par un prêtre ! Le patron de la brasserie nous conseille d’aller voir du côté de la boucherie Boualem. Une fois de plus, les commerçants nous renvoient chez une connaissance, ajoutant à chaque fois : « Allez voir mon collègue, peut-être qu’il est au courant ». Nous voilà donc de retour à la première boucherie, celle de la rue Villeroy. Les commerçants, intrigués par nos allers et venues, prennent alors le temps de nous recevoir. « Vous voulez savoir quoi au juste ? » – « Vous saviez qu’au dessus de votre boucherie, il y avait le siège du FLN à Lyon ? »- «Ce que je sais, c’est, qu’il y a dix ans, des journalistes sont venus, ils voulaient savoir qui habitaient là. Ils ont même fait un documentaire sur l’histoire de la Guillotière depuis les années 1930. C’est à ce moment-là que j’ai appris que le siège du FLN lyonnais se trouvait au-dessus de notre boutique ».

Soulagés de voir que quelqu’un en a entendu parler de ce petit bout d’histoire, nous ne sommes malheureusement pas plus avancés. Personne n’a pu nous fournir d’explications plus précises. Visiblement, la Guillotière est un quartier à l’image de ses habitants, riche de secrets qui sont encore bien gardés. Mais le temps passe et certains disparaissent avec leur vérité…

Auteurs : Rafika Bendermel ( avec Samia, Antoine, Amine, Pascale)

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