Websérie « Quelque part en ville » : Entretien avec le réalisateur lyonnais Yacine Rharbaoui

L’année 2020, rythmée par la crise du Covid-19, a bloqué un bon nombre de projets. Le secteur de la culture a particulièrement été impacté par cette pandémie mondiale sans précédent. Pour certains artistes, la situation a été un réel frein. Pour d’autres, cette période a été l’occasion de se concentrer sur de nouvelles créations. C’est le cas de Yacine Rharbaoui, comédien et réalisateur lyonnais de 26 ans qui s’apprête à sortir sa websérie comique « Quelque part en ville ». Une immersion au sein d’une bande d’amis dont le premier épisode sera disponible sur Youtube dès le vendredi 12 novembre. Entretien avec le jeune artiste.

Comment tu t’es lancé dans ce projet ?

J’ai fait beaucoup de stand up jusqu’ici. J’ai monté un plateau à Paris il y a à peu près 4 ans. Je viens de finir un Master de commerce à Nantes. J’étais amené à faire des stages à Paris dans le domaine de la culture, parce que c’était le secteur que je voulais intégrer. L’objectif c’était de maîtriser la chaîne de production et voir comment ça s’organise dans des grandes boîtes de production audiovisuelle de spectacle. En 2020, j’avais le projet de monter mon spectacle. Mais j’ai dû revenir sur Lyon à cause du Covid-19. En parallèle, j’écrivais des situations que je n’arrivais pas à retranscrire en stand up. J’avais un dossier à part où je notais plusieurs situations qui me faisaient marrer. En mars de l’année dernière je me suis mis plus sérieusement dessus, et en avril mai j’ai finalisé les scénarios. J’ai commencé à monter une équipe et à partir de là, on a commencé à tourner « Quelque part en ville ».

Peux-tu nous présenter les personnages de la websérie « Quelque part en ville » ?

La série retrace les aventures de sept potes de Lyon. Je joue le personnage de Mehdi. C’est un jeune qui termine un BTS. Il n’est pas convaincu par ses études, il s’en fout un petit peu. Il rêve d’être réalisateur sauf qu’il est très mauvais artiste ! Parallèlement, il est un peu naïf. Et ses potes n’osent pas lui dire que ce qu’il fait est nul parce qu’ils n’ont pas envie de le heurter. Le second personnage c’est Hugo, interprété par Thomas Fernandes. Hugo c’est un rappeur. Il est très fort mais il n’arrive pas à percer. Il n’a pas l’énergie de faire les efforts même si ses potes le soutiennent. C’est un peu le mec « fanné ». Après, il y a Nizar (Yacine Safah) qui s’est fait les croisés. C’est un mec qui pratiquait la boxe à très haut niveau quand il était plus jeune et qui s’est pété la clavicule à ses 18 ans. Donc il n’est jamais passé professionnel en boxe. C’est un mec intimidant, imposant, le crâne chauve, la grosse barbe. Et en même temps, il est très sensible. Il est agent de sécurité dans des centres commerciaux en semaine. Et le week-end, il donne des cours de sport en extérieur. Ensuite, il y a le petit cousin de Mehdi, Yanis (Amin Boukadda) dont les parents sont en instance de divorce et qui traîne dans les pattes de Mehdi. Il dort chez lui en attendant que la situation se règle. Yanis est amoureux d’une fille de son collège mais ce n’est pas réciproque. Il y a aussi Habib (Zinedine Botraby) qui est le mec pieux du groupe, et il fait du patinage artistique. Selim (Wassim El fath) c’est un revendeur, il essaie de faire de l’argent comme il peut. Et il y a son pote qu’il a rencontré au travail, Saïd ( Malik Mike) qui est étudiant et est très différent des autres membres du groupe, qui leur apporte de la fraicheur. Enfin, il y a Vincent (Bamba Fall), un youtubeur.

Il n’y a pas beaucoup de personnages féminins !

Tu as complètement raison ! Mais c’est un peu le reflet de la réalité que j’ai vécu passé un temps. La série que j’ai faite c’est la présentation d’un univers. Pour moi c’est un projet pilote. Je le considère comme tel. C’est un projet pour apprendre la réalisation. Donc je présente des personnages comiques qui sont chacun dans leur délire. C’est un groupe de mecs. Mais il y aurait plein d’autres petits personnages à présenter. Donc oui concrètement si je fais une saison 2, ce que j’espère, j’ai déjà pensé à plusieurs personnages féminins que je ne pouvais simplement pas introduire tout de suite. Mais c’est avec grand plaisir que j’inclurais des personnages féminins. Simplement, je n’avais pas envie de mettre une meuf pour dire « oui on met une meuf ». Il y a plein de comédiennes sur Lyon qui sont super cool donc ce sera l’occasion de leur proposer des choses !

Quand on regarde cette série, on ne peut pas s’empêcher de penser à « H », « Lascars » ou encore « En passant pécho ». Est-ce que ce sont tes influences  ?

Oui clairement ! « Lascars » plus que les autres sur ce projet. Même si généralement les humoristes ont plus tendance à parler des influences américaines, je pense qu’en vrai, tu es influencé par ce que tu vois quand tu es enfant et adolescent. Quand j’étais plus jeune, ce que je regardais c’était de la comédie qui était en France, la comédie française qui avait du succès. « H » c’est une vraie référence. Après, pour l’écriture de la série, ma référence principale c’était « Malcolm ». Parce que c’est un groupe ou chacun personnage est un peu barjo. Et « En passant pécho » bien sûr ! Sur internet c’était l’un des trucs les plus fous depuis un moment je trouve !

C’est facile de se développer en tant que comédien à Lyon ?

Je pense que c’est mieux qu’à Paris pour se développer professionnellement et commercialement. C’est en train de se mettre en place ici, comme dans plein d’autres villes où ça a pris un peu de temps comme à Nantes où la scène est super.  À Marseille on m’en dit que du bien aussi. Bordeaux et Lille pareil. Évidemment Paris c’est le point névralgique de tous les domaines. Mais c’est en train de se décentraliser. À mon sens, en tant qu’artiste on est plus proches de la réalité à Lyon. J’aimerais bien monter un plateau à Lyon prochainement, il y a de quoi faire pour travailler. Après en termes de structure de production c’est évident que ce n’est pas la même chose que Paris. Ce n’est pas aussi carré parce que concrètement les gens qui ont des sous pour produire des artistes se trouvent à Paris. Donc souvent en tant qu’artiste, on essaie de passer par un producteur qui peut nous mettre le pied à l’étrier, nous présenter au public. Personnellement, je pense que je n’en suis pas à cette étape-là. Je me prépare.

Comment tu as vécu la projection en avant-première de ta série dimanche dernier ?

C’était super cool, on était vraiment nombreux ! Les gens nous ont accueillis de façon chaleureuse. Tous les comédiens étaient sur la rangée du fond, à regarder le film. C’était assez fou de se voir dans l’écran. Les gens riaient et venaient nous voir à la fin pour nous dire qu’ils riaient sincèrement et qu’ils avaient passé un bon moment. Ils avaient l’air de vraiment vouloir nous soutenir et étaient prêts à faire passer le mot.

Quels sont tes projets futurs ?

Je vais prendre des vacances ! (rires). Ensuite je vais reprendre le travail, que j’ai mis de côté, parce que je faisais des livraisons UBER pour financer ma série. L’objectif, c’est de remettre ma vie dans un cadre où je suis confortable et reprendre la scène. Mais à la projection les gens ont tellement été enthousiastes. Ils me disaient qu’ils n’avaient plus envie que ça s’arrête et qu’ils trouvaient qu’il y avait trop peu d’épisodes. Il y en a cinq. Ça m’a motivé à en faire davantage. Simplement, je pense que je ne tournerai pas la suite avant l’été prochain. Ça prend énormément de temps et d’énergie donc ce n’est pas si facile. Je vais aussi continuer à bosser sur le spectacle !

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