Mariage blanc, mariage gris, ou amour ?

Apparu sur impulsion de la Cimade à Montpellier, c’est en 2007 que l’association Amoureux au ban public s’installe à Lyon. Objectif de ce mouvement : aider les couples mixtes dans les démarches administratives. Dans un contexte de durcissement des politiques et des lois migratoires, ces couples rencontrent des difficultés croissantes.

Amoureux au ban public

C’est en juin 2004, que Jean-Yves rencontre Virginie. Né alors, une grande histoire d’amour. Mais il y a un problème. Virginie, d’origine camerounaise est arrivée sur le territoire illégalement. Elle est sans papiers. Après avoir demandé le statut de réfugié politique, ils décident de se marier. Ils prennent alors conseil auprès de la Cimade : « On a du prendre beaucoup de précautions », affirme le couple. En effet, certaines mairies n’hésitent pas à faire la chasse aux mariages mixtes (unions dont un membre est sans papiers ou les couples séparés géographiquement).

Le 27 aout 2005 le mariage a eu lieu à Villeurbanne. « On voulait vivre ensemble, pas se marier mais on a été obligé. C’est un mariage  » faussé   » », confie Jean-Yves.  Durant deux ans et demi,  le couple vit dans la peur d’une arrestation, voire d’une expulsion pour Virginie : « Je faisais des crises d’angoisse, j’ai pris énormément de poids. J’évitais les gares, Bellecour…A la fin, on ne sortait même plus les soirs ». En décembre 2007, ils décident alors de se rendre au Cameroun afin de régulariser la situation et de demander un visa D  (visa de conjoint français, long séjour). « Vivre avec un sans papier, ce n’est pas évident, c’est vivre avec la peur en permanence »,  dit Jean-Yves. Arrivés sur place au consulat de Douala, seule Virginie est autorisée à rentrer. Commence alors une chasse aux questions et aux preuves d’amour entre le couple : « Ils vous demandent des questions intimes. Comme combien de fois, faites-vous l’amour, mais aussi des questions plus générales : quel est le nombre d’habitants à Saint-Fons… », raconte cette dernière. Au bout de plusieurs rendez-vous, elle reçoit son passeport, le 7 janvier 2008. Mais dans certains cas, les délais peuvent être bien plus longs (des mois voir des années). S’en suit à leur retour en France, une longue queue dès 5h du matin devant la préfecture du Rhône et une convocation à la police de Vénissieux avant sa naturalisation. Depuis trois mois, Virginie est Française.
Une réalité à rectifier

« 90% des gens pensent qu’on se marie et qu’on est naturalisé. Mais c’est un réel parcours du combattant. Il faut tout le temps se justifier », constate le couple, qui s’investit depuis plusieurs années dans le collectif Amoureux au ban public. Le but étant notamment de dénoncer les pratiques gouvernementales actuelles à travers une partie animation (projection dvd « Les amoureux au ban public », débats…). « Si, on ne leur dit pas leurs droits, ils vont se faire « bouffer » On leur explique les lois, les décrets… », note Jean-Yves. Des permanences juridiques sont organisées tous les premiers et troisièmes mardis de chaque mois, en présence d’un avocat. Au total, plus de 80 dossiers sont traités chaque année.

La bande annonce de Amoureux au ban public.

La rédaction

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