Lyon Hockey Club : la rechute des Lions

Aucun accord de conciliation n’a pu être été trouvé, hier, avec le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). Le Lyon Hockey Club (LHC) devrait retrouver la D3, dix-neuf ans après sa dernière rétrogradation. Au grand désarroi de ses supporters.

Le coup de massue était attendu. Pour bon nombre de fans des Lions, la décision de la Commission national de suivi et de contrôle de gestion (CNSCG) de ne pas valider le LHC en Synerglace Ligue Magnus, suivie du reclassement du club en Division 3 par le bureau directeur de la Fédération Française de Hockey sur Glace (FFHG) n’a pas grand chose d’une surprise. Et malgré les contestations du club lyonnais, le LHC devrait dégringoler au plus bas des échelons nationaux, dans les pas d’Épinal, rétrogradé il y a un an. Un phénomène récurrent dans hockey sur glace français, alors qu’un certain nombres de clubs sont rétrogradés chaque année en raisons de leurs difficultés économiques. 

Déception et colère chez les passionnés

On ne fait pas les étonnés : cela fait des années que le club est un peu borderline, et on savait qu’un jour, ça allait tomber” avoue Maëlle Metenier, présidente des Lions Sots, seule association de supporters depuis la disparition du NRV97, la saison dernière. Si, dans son dernier communiqué, le club déclare attendre la proposition du conciliateur du CNOSF, qui devrait tomber dans les prochains jours, l’espoir semble au plus bas autour du club dirigé par Sébastien Berthet : difficile en effet pour les Lions d’espérer un reclassement dans l’une des deux divisions qui les séparent désormais de la Synerglace Ligue Magnus, d’ores et déjà complètes pour la saison 2019-2020. Condamné à plusieurs dizaines de milliers d’euros d’amende en addition à ces lourdes sanctions sportives, le club semble aujourd’hui engouffré dans une situation particulièrement douloureuse. 

Le club connaît une situation financière critique depuis plusieurs années : plombé par des difficultés récurrentes à rémunérer ses propres joueurs et parfois même certains partenaires, le club lyonnais entretient aujourd’hui des relations houleuses, proches du point-mort, avec ses supporters. “Il ne nous reconnaît même pas comme club de supporters officiel, alors qu’on est seuls…”, regrette Maëlle Metenier. Résignés, certains dénoncent l’attitude du président, Sébastien Berthet, perçu comme responsable d’une partie importante des maux du LHC : “On est déçus et en colère. Il y a une très mauvaise gestion depuis des années, avec peut-être des mauvais choix stratégiques”, ajoute celle qui supporte les Lions depuis plus de douze ans. Avant de constater : « Le club est rarement validé du premier coup, voire jamais. Donc la fédération nous attendait un peu au tournant, et ça se comprend !”. L’oeil des instances se porte donc tout particulièrement sur l’état de santé financière du club lyonnais, qui a déjà causé aux Lions une chute comparable, il y a dix-neuf ans.

Dix-neuf ans après, la D3

C’était au temps de la Ligue Élite, renommée Magnus en 2004. A l’époque, le hockey français est déjà en proie à d’importantes difficultés, en témoignent les rétrogradations successives de Brest (1997), Grenoble (1999) ou Reims (2002). En 1997, la liquidation judiciaire de l’historique Club des patineurs lyonnais avait donné naissance au Lyon Hockey Club, présidé par Christophe Geoffroy. En faillite dès 2000, l’équipe professionnelle est directement plongée en D3 et passe sous l’égide de Gérard Berthet, alors en charge du hockey mineur au sein du club, et père de l’actuel président. Une transition père-fils rapidement vue d’un mauvais œil par certains supporters : déjà, à l’époque, l’entourage du club a des échos d’un « flou dans la gestion” selon Florian Saint-Pierre, 38 ans et suiveur des Lions depuis l’adolescence.On ne s’attendait pas forcément à ce qu’il y ait une révolution dans la manière dont se passent les choses, mais ça n’a clairement pas été mieux”. 

Descente oblige, certains supporters désertent alors la patinoire Charlemagne : On a vécu une année de D3 assez ennuyeuse, parce qu’on avait connu l’équipe à un meilleur niveau. Il y avait très, très peu de monde”, se souvient Florian. Promu en D2 l’année suivante, Lyon ne rejoindra le plus au niveau que quatorze ans après l’avoir quitté. La route sera t-elle aussi longue après la rétrogradation qui se profile en 2019 ? “Si on regarde l’historique des autres clubs qui sont rétrogradés, on peut espérer remonter très rapidement. Mais à trois semaines d’une reprise, on ne peut pas créer une équipe de D3! ” s’inquiète Maëlle Métenier. Si on est vraiment rétrogradés, les joueurs vont partir, on le sait…” Conséquence logique de l’approche d’une décision définitive, une grande partie de l’effectif devrait en effet quitter le club lyonnais, qui a déjà annulé deux matches amicaux.  

“Les vrais vont rester”

Du côté des supporters, évidemment, c’est une autre histoire : “Ça sera moins palpitant, ça c’est sûr” souffle la présidente des Lions Sots. Si celle-ci reconnaît qu’il devrait avoir “moins de monde” sur les bancs de la patinoire, la rétrogradation et la défiance des fans envers Sébastien Berthet n’empêcheront pas les Lions Sots de rugir en D3 : “Quand on était en D2, on faisait déjà quasi tous les déplacements, et en D1 on les faisait tous. Les vrais vont rester en tout cas, les autres vont se trouver une autre occupation ! ”. Cette année, cependant, les contraintes seront importantes suite au placement étonnant du LHC dans une poule composée de clubs issus de contrées lointaines, comme Potiers ou les équipes B de Bordeaux et Nantes. 

Globalement résignés, les supporters n’en cachent pas pour autant leurs quelques espoirs de maintien, cultivés par un feuilleton estival qui semble plus que jamais proche de toucher à sa fin. Du côté du club, la direction n’a pas souhaité nous donner son sentiment. En attendant, dans moins de 48h, les Lions devraient être définitivement fixés sur leur sort.

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