Législatives : le mauvais tour « demi-cratique » des électeurs

Le Lyon Bondy Blog se trouvait dimanche dernier à la préfecture pour les résultats du second tour des élections législatives. Un calendrier rédactionnel voudrait que l’on publie dans la foulée d’une effervescence électorale, dès la publication des résultats. Pour autant, il a fallut que le brouhaha de campagne s’estompe pour entendre un silence éloquent : celui de l’abstention.

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Une lecture du phénomène abstentionniste ne peut se faire qu’après passé le temps des analyses. Dans cette lignée, nous proposons entre-autre une lecture des résultats de la campagne concernant la 1ère circonscription, qui compte 68 147 inscrits.

Celle-ci s’est démarquée par la confrontation de deux équipes : celle de Gérard Collomb (Parti Socialiste), sénateur-maire de Lyon, soutenant la candidature Thierry Braillard (Parti Radical de Gauche, PRG) d’une part ; et celle du candidat Philippe Meirieu (Europe Ecologie les Verts), parrainé par le président de la République François Hollande et l’ensemble de l’appareil national socialiste d’autre part. Nous avons recueillis quelques avis sur cette configuration dont celui du premier magistrat de la Ville, ainsi que de plusieurs figures du parti socialiste du Rhône.

Pour mieux appréhender le sujet, rappelons que les deux aspirants au poste de député ont fait campagne sous l’étiquette PS, du moins jusqu’au soir du premier tour. Il s’avère que cela a troublé les électeurs que de voir deux candidats sous la même bannière. Le PS a déposé plainte en référé pour que le président Hollande soit retiré des affiches de Thierry Braillard. Le Tribunal a débouté les socialistes de leur plainte contre Gerard Collomb.

Le tribunal s’est toutefois déclaré incompétent en ce qui concerne les « documents relevant de la propagande électorale officielle » (bulletins de vote, profession de foi et affiches sur les panneaux officiels) qui sont de la compétence du Conseil constitutionnel.

Dans ces conditions, le travail de terrain du candidat PRG a porté ses fruits le 10 juin dernier. Le pari tenté par le maire de Lyon s’est avéré payant. En effet, une lecture rapide des scores du 1er tour confirme l’encrage local de la gauche :

26.41 % en faveur de Thierry Braillard, soit 9843 votants

18.63% pour Philippe Meirieu, soit 6844 voix.

Thierry Braillard totalise 53,78% des votes au second tour, soit 18 798 voix. Le député élu a par ailleurs remercié le candidat Meirieu, qui s’est désisté au nom du retrait républicain. Concrètement, l’engagement local est le grand vainqueur de ce scrutin, ce qui a été dans d’autres régions (Ségolène Royal en Charente-Maritime peut en témoigner). A Lyon, le soir de la fête des pères a vu célébrer la fête du Maire.

Une abstention historique

Cependant, sous les ors de la République du grand salon de la préfecture, il en est un qui a brillé par son absence. L’éclat du cristal a perdu de sa superbe. L’abstentionnisme va en effet faire parler de lui pendant au moins un lustre. Dans la 1ere circonscription il a été de 47.24% au second tour. Pire, cinq circonscriptions ont vu leur taux de participation inférieur à 50%. A savoir les 6eme, 7eme 11eme, 12eme et 14eme. Les résultats nationaux ne sont pas moins éloquents avec 43,71% d’abstention au second tour (42,77% au premier). C’est le record de la Ve république à ce niveau d’élection. La question est abordée auprès de nos élus UMP présents.

La raison principale d’un tel mutisme électoral relèverait de ce qu’il conviendrait d’appeler le « syndrome de 2003 ». Les électeurs après avoir élu notre président se seraient dit que le plus dur est fait, selon les élus UMP. Cela entendrait une carence de culture civique de nos concitoyens, et ce serait réduire notre démocratie à la seule fonction présidentielle, toujours selon Michel Terrot, vainqueur dans la 12eme circonscription.

La lassitude des électeurs expliquerait en partie cette démobilisation. Depuis les primaires socialistes, une année de campagne s’est écoulée. Certains dans la salle évoquent également la possibilité de réunir les deux scrutins (Présidentielles et législatives), même si la question de constitutionnalité peut se poser.

Le sénateur-maire de Lyon évoque son soutien à Thierry Braillard

Il y a un peu de coup de pied de l’âne dans cette élection. L’abstention, les votes blancs, et le choix contre les candidats « parachutés » en témoignent. Dans une certaine mesure, l’abstention témoigne d’un détachement des habitants envers leurs députés. Notons que malgré la consonance avec les laboratoires pharmaceutiques Lyonnais, Philippe Meirieu aura été vacciné, pour le soutien affiché de François Hollande.

 

 

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