Le Speed dating Halal ne prend pas à Lyon

Alors que les soirées rencontre entre jeunes maghrébins se multiplient à Paris, sur la péniche La Baleine blanche… à Lyon l’association Oriental meeting qui a vu le jour il y a quatre ans a cessé son activité. Nous avons rencontré l’organisatrice des speed dating lyonnais, Sonia. Elle nous explique les raisons de son arrêt.

Autour d’un café, place Bellecour, Sonia, belle jeune femme, dynamique et chaleureuse m’explique l’histoire de son association Oriental Meeting. Son objectif de départ était clair : faciliter les rencontres au sein de la communauté musulmane. « Le manque de temps actuellement ne permet pas d’avoir de réelles opportunités sentimentales. D’autant plus que la plupart des garçons maghrébins se voient souvent refuser l’accès en boîte, ce qui fait que les occasions de rencontres se font plus rares. Ces soirées sont de véritables apporteurs d’opportunités, elles permettent d’élargir le carnet d’adresse, sur le plan amical ou bien amoureux. D’ailleurs beaucoup de femmes échangent leurs numéros pour se revoir entre elles »

« Les soirées speed dating demandent beaucoup d’organisation, car il faut avoir le même nombre d’hommes et de femmes, s’occuper de la communication et de la publicité, gérer les désistements de dernière minutes, les retards…etc. Je m’en occupais le week-end en plus de mon boulot en semaine », raconte Sonia . « Au sein d’une structure orientale, chaque candidat a droit à 5 rendez vous de 15/20 minutes. L’alcool et les dérapages de toutes sortes sont exclus. A la fin, tous les participants inscrivent sur un papier le nom de la personne qu’ils souhaitent revoir. Si la demande est réciproque, je me charge de mettre en contact celles-ci par SMS. La soirée continue de plus belle et je ne m’occupe plus des couples qui se sont formés. »

En ce qui concerne les participants, Sonia nous apprend qu’elle reçoit surtout des personnes divorcées qui veulent construire quelque chose de nouveau sans la contrainte des enfants et de la famille. « C’est en quelque sorte un second marché de l’amour », s’amuse t’elle. « En général, les femmes que je rencontre ont autour de la quarantaine. Elles ont privilégié leurs carrières professionnelles et veulent maintenant s’occuper de leurs vies sentimentales. Le speed dating est alors un bon moyen de concrétiser avec des hommes issues de leur même communauté. »

Sonia prend un soin particulier à se renseigner sur ces candidats. Elle ne va pas jusqu’à demander le nom de famille mais elle tient à ce que les choses soient bien claires pour tenir une certaine crédibilité face à sa clientèle. « Parfois, on me contacte uniquement pour un mariage blanc mais je refuse. Malheureusement, j’ai remarqué que la plupart des garçons ne cherchaient pas tellement une relation sérieuse contrairement aux filles. Ces dernières sont d’ailleurs beaucoup plus exigeantes, notamment concernant l’origine du candidat. Les plus âgés concluent plus facilement que les plus jeunes. »

Malgré le succès de ces soirées dans d’autres villes de France, Sonia a du arrêter son activité.

« Pour 20 euros seulement, les participants sont sûrs de passer un très bon moment. Mais, aujourd’hui, j’ai l’impression de me battre contre les mentalités. De nombreuses difficultés m’ont incitées à arrêter les speed dating. Notamment la réticence des filles à y participer. Elles ont peur de se faire juger ou de rencontrer un membre de leur famille. Pour moi, c’est vraiment usant de devoir argumenter à chaque fois pour les convaincre. Même si je remarque plus de participation de la part des filles que des garçons. La seconde raison est le manque de motivation des garçons. A la dernière soirée que j’ai organisé, ils ne sont arrivés qu’à 23 heures alors que c’était prévu pour 20 heures. J’ai dû rembourser les gens. D’ailleurs la communication autour de l’évènement a été mal faite. Par manque de temps, j’ai délégué pour la première fois cette tâche à une autre personne qui s’en est mal occupé. »

Aujourd’hui, l’association Oriental Meeting existe toujours mais Sonia n’organise plus de speed dating communautaire. « Je veux désormais travailler au sein d’une structure sérieuse et fixe qui s’occuperait avec moi d’une partie du travail correctement ».

Même si beaucoup de personnes ne voient pas les speed dating comme une solution noble pour trouver l’âme sœur, beaucoup de femmes ont remercié Sonia de s’être occupé d’elles. C’est pourquoi elle n’abandonne pas son idée de départ et compte même créer un site de rencontres pour musulmans.

Quant à la mentalité lyonnaise, on lui conseille un peu de se mettre à la page, au risque d’augmenter les idées reçues sur notre ville !

Auteur : Ibtissem Boufassa

La rédaction

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