Le noir c’est le « mal » et le blanc c’est le « bien », dit le dictionnaire

Azzedine dresse un catalogue à la Prévert pour montrer comment les « couleurs », dans notre langage, peuvent influer sur notre état d’esprit…

Alors que j’étais dans le métro, une passagère se mit à dire « en sortant de chez moi j’ai croisé un chat noir, je vais avoir la poisse toute la journée » puis un peu plus tard une autre, dans le mème registre, s’exclama  » En ce moment c’est la série noire ». Le sujet de mon article était tout trouvé…
Dans les dictionnaires que j’ai consultés, on peut lire que le noir est dépourvu de lumière, et n’est pas une couleur, même si en France, c’en est une. Le noir, assimilé à l’humour noir, sombre et triste et le « marché noir », « travail au noir », clandestin et illégal. Commerce noir, en dehors des règles légales, « Broyer du noir », pour la déprime, le pessimisme, ce qui occasionne de voir tout en noir. noirceur de l’âme, la perfidie, la méchanceté, la bète noire d’une personne, liste noire, série noire, croiser un chat noir, de même, l’avenir semble bien noir, lorsqu’un noir présage se profile ! Souvent le noir est emblème de tristesse, de deuil ou « pousser au noir » pour envisager un aspect trop défavorable, etc.

Et dans ce même dictionnaire, le blanc c’est le contraire du noir : dépourvu de mauvaise intention, le blanc équivaut à rendre propre, à blanchir, disculper, sortir blanc d’une accusation, égal innocent,  Donner « carte blanche » pour donner les pleins pouvoirs et montrer pattes blanches, les mains blanches, c’est l’innocence même, pure , candide, et on peut se sortir d’une accusation blanc comme neige. Donner un blanc seing . Aux échecs les blancs commencent, les noirs les secondent. Les anges sont blancs et le diable est noir. Par contre, s’il l’on s’habille en blanc en signe de pureté pour son mariage, un mariage blanc n’a lui rien à voir avec l’amour. Et je ne vous parle pas du vote blanc qui pour beaucoup est nul !, etc…

Les grands hommes ont aussi leur mot à dire sur la couleur. Michael Gorbatchev a dit : « Sur la planète comme sur un jeu d’échec les cases blanches de la prospérité jouxte les cases noires du malheur. » Charles Trenet disait : « Quand je regarde les croix ou les fresques murales, je me demande pourquoi sur la terre d’Afrique le bon dieu est blanc, c’est un mystère qu’on m’explique jamais. »

Pour moi aussi seul le climat a fait que l’homme est blanc en Europe, noir en Afrique, jaune en Asie, rouge en Amérique. Mais ne pas croire qu’être « vert de peur » signifie venir d’une autre planéte ; après tout, on peut bien être « rouge » de colère sans venir de Mars, et avoir une « peur bleue » sans la barbe qui va avec. Signe d’inexpérience, le bleu est employé pour désigner le débutant et une la vie en rose toujours celui de la romance.

J’ai assez vécu pour voir que certaines personnes utilisent les différences pour engendrer de la haine. C’est bon ou mauvais. Donc battons-nous contre tout vocabulaire qui conditionne nos esprit et qui pourrait apporter de l’eau au moulin de la haine. On autorise bien les changements de nom pour éviter d’être ridiculisé ou humilié.

« Black blancs beurs », était le slogan de la coupe du monde 1998. Si ça allait de soi dans cette société, on n’aurait pas besoin d’en tirer un slogan. Comme si la France se résumait à elle seule aux couleurs de l’équipe de France. Et pour les asiatiques : dans quelles catégorie les mettons-nous ? Y a-t-il un spectre entre le Black-Blanc ou entre le Black-Beur ?

Ma conclusion reprendra un proverbe africain : on ne peut pas peindre du blanc sur du blanc ni de noir sur du noir, chacun a besoin de l’autre pour se révéler.

 

Azzedine Benelkadi

La rédaction

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