L’original : La province à l’honneur

Pour la deuxième soirée du festival l’Original, la programmation était exclusivement dédiée au rap français. Les M8HS ont partagé la scène avec Dosseh et Gradur pour un spectacle de qualité. Tête d’affiche de la soirée, Gradur s’est livré sur son ascension.          

Pour cette douzième édition de l’Original, les organisateurs ont voulu privilégier la diversité sur scène avec des DSC09443rappeurs indépendants croisant la scène ou le… fer avec de grands noms. Une illustre tradition permettant aux artistes locaux de se transcender. Les Ming8 Halls Starf que l’on appelle désormais M8HS arrivaient sous un jour nouveau. Les vainqueurs du Buzz Booster 2009 qui ont déjà fait des scènes avec Method Man (Wu-Tang Clan) ne comptent plus dix mais cinq membres.

Les M8HS entrent dans une nouvelle ère

Pour MAH, Linso, Miro, SR et Hannibal les ambitions n’en demeurent pas moins intactes. À une heure du show, Linso expliquait : « À l’Original, c’est rare de voir trois grands artistes sur le même plateau. Sans être arrogants, on est ceux qui font le plus de shows à Lyon. On ne demande pas de cachet à l’organisateur JM. L’apogée pour nous c’est la scène. »
Et MAH d’annoncer avec enthousiasme : « Tous les jeudis on sort un son et un clip “les jeudis des angoisses”. Il y a une compilation d’été prévue et un premier album qui devrait arriver par la suite à la rentrée.

Sur scène, les M8HS chauffaient la salle avec leurs derniers titres comme « R.A.T » ou « Starf » et quelques freestyles. Le Club Transbo se remplissait de ses 450 places notamment avec des rappeurs locaux comme Sang Pleur ou Baki RS venus en observateurs. Naysdi une chanteuse hip-hop venue de Montbéliard découvrait le groupe Minguettois et notait « la synchronisation et l’énergie sur scène. À cinq ils se partagent parfaitement l’espace artistique et humain. »

Orléans, une grande base du rap français

Le public faisait escale à Orléans, un fief des musiques actuelles où le rap a encore du mal à voir des talents émerger faute de scènes. Dosseh en est le porte-drapeau depuis la sortie de l’album « Perestroïka » en mars 2015 où l’on trouve des collaborations avec Joke et Gradur. Le frère de Pit Baccardi étalait son savoir-faire pour embarquer le public avec un dynamisme et un sourire qui lui appartiennent. Le public s’exaltait sur des titres comme « Illuminati » ou « Le coup du patron ».

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Gradur, la voix du nord

Roubaix a été mis sur le devant de la scène grâce au Sheguey (enfant de la rue en lingala). L’ancien militaire de carrière qui a commencé à rapper il y a seulement que deux ans n’est plus seulement qu’un buzz. Avec des singles « Jamais » ou « Priez pour moi » extraits de l’album « L’homme au bob », il apparaît déjà comme une tête d’affiche. Le public l’a attendu et n’a pas été déçu. Le show s’est fini sur le titre freestyle « Traction ». Le Roubaisien espère pouvoir être une locomotive pour les gens de sa région ou même en province : « Même si on ne vient pas de la capitale, la province se fait entendre. Il ne faut pas forcément venir de Paris pour réussir. »

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« C’est un vrai plaisir, mais aussi une pression disait-il après le concert. Les deux mélangés apportent l’excitation en sachant que cela ne fait pas longtemps que je fais ça. Cette émulation avec ce soutien national apporte une grande fierté. Internet et les réseaux sociaux ont contribué à ce succès, on joue là-dessus. C’est un outil de communication, mais surtout mon outil de travail. »

Quand on lui pose la question sur le succès des termes en lingala (langue de la République Démocratique du Congo) dans ses textes et qui a une affluence sur les jeunes, il sourit : « On pousse le délire à son paroxysme, c’est bien surtout pour la communauté congolaise qui se reconnaît dans ma musique. Le jour où j’irai là-bas, ce sera le feu. Il ne faut pas oublier que je suis africain d’origine. C’est bien de la reconnaître, bien que l’on soit français avant tout. »

Cette soirée a permis de casser le mythe selon lequel les forces vives du hip-hop se trouvent à Marseille ou dans les départements de l’ile de France. Le rap français subit un revirement qui apporte un espoir…

 

Mohamed Braiki

Natif de Lyon et enfant des Minguettes, je suis diplômé de Lettres de la Fac de Lyon 2 et l’EFAP Rhône Alpes. J’ai roulé ma bosse dans des rédactions lyonnaises comme la radio Lyon Sport 98.4, Le Progrès, Foot 69.fr, Tribune de Lyon et Lyon Capitale. braikimohamed@yahoo.fr

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