[Interview] Yann Cucherat, pour une ville-centre au coeur des enjeux métropolitains – Partie 2

Yann Cucherat, candidat LREM pour la mairie de Lyon et ancien adjoint au Sport de la municipalité lyonnaise, se présente sur la liste Prendre un Temps d’Avance. Porté par son binôme à la Métropole Gérard Collomb, le Lyon Bondy Blog l’a interviewé. 

Donc vous vous opposez à vos concurrents qui disent que l’on a une population qui ne doit pas progresser à Lyon, qui doit rester un peu près la même ?

Oui, parce que l’on n’est pas dans la régression. C’est-à-dire que la démographie se fait naturellement. Si la Métropole se développe, c’est que l’on est un territoire qui attire. Il y a donc la réponse à l’échelle de la ville de Lyon que je viens de donner, mais il y a aussi la réponse à l’échelle métropolitaine. Aujourd’hui, c’est sûr que si l’on va sur Bellecour, cela va faire chère au m², mais je pense qu’il est plus simple de vivre au carré de soie, on est plus proche du centre-ville que moi qui habite dans le 5e arrondissement. Ce qui compte aujourd’hui c’est donc de développer notre offre de transport en commun, notamment ce fameux RER à la lyonnaise, où on sera en capacité de rapprocher les distances et d’être plus proche du coeur de ville. Il y a donc une réponse qui peut se faire à l’échelle de la ville, c’est-à-dire construire un petit peu plus haut, en ayant du logement accessible pour toutes les catégories socioprofessionnelles, pas uniquement du logement social pour les plus démunies parce qu’il y a aussi beaucoup de classe moyenne qui ont beaucoup de mal à se loger dans Lyon. Il faut aussi apporter des réponses là-dessus. 

On parle beaucoup de logement F4/F5 pour les familles avec deux ou trois enfants qui ont beaucoup de mal sur Lyon intra-muros de trouver des logements abordables, que faire pour cela ? 

Effectivement. On a rencontré un certain nombre de promoteurs, et on estime qu’il n’y a pas assez de quatre pièces ou de cinq pièce pour accueillir les familles. C’est plus facile pour eux de vendre ou commercialiser des deux ou trois pièces. Là aussi il faudra mettre des curseurs un peu différents pour répondre au besoin des familles. C’est très clair. À l’échelle métropolitaine, il faut continuer à développer tout ce qui peut se faire à la périphérie de la ville pour résoudre le problème. 

On parlait de logement, on a parlé un peu d’écologie avant, qu’est-ce que vous pensez des projets de végétalisations des nouveaux immeubles ? 

Pour les nouvelles constructions, je ne suis pas très inquiet. Aujourd’hui on voit bien que spontanément les nouvelles industries et les nouvelles technologies vont répondre à ces enjeux-là. Quand on prend l’exemple du quartier de Confluence à énergie positive ou en tous cas à basse consommation, Imaginez qu’entre 2000 et 2030, le quartier ne consommera pas plus et ne polluera pas plus alors qu’il y aura plus d’un 1 500 000 de m/² de construit. C’est juste gigantesque. 
C’est plutôt par rapport aux anciennes constructions que nous sommes inquiets et qu’il y a quelque chose à faire au niveau écologique. On parlait des façades, pour nous la cinquième façade, la toiture, elle est essentielle à travailler que ce soit en espace végétalisé, en jardin partagé ou même en surface sportive. Il y a plein d’exemples. C’est un enjeu majeur. Par contre, sur tout ce qui est façade, végétalisé souvent s’est beaucoup d’entretiens et de contraintes qui viennent s’ajouter. Ce qu’il faut absolument, c’est pour les nouvelles constructions quand les permis de construire sont donnés, être très vigilants sur le PLU en matière d’équilibre entre la construction et en matière d’environnement.

Pour les immeubles anciens qui sont des propriétés privées, est-ce qu’il y aura une aide de la ville pour aider la rénovation de ces bâtiments ? 

Cela se fait à l’échelle de la Métropole essentiellement. Mais il y a déjà un dispositif qui existe qui s’appelle ECORENO’V et qui fonctionne plutôt bien. La difficulté quand on veut faire des rénovations dans les logements privés c’est la capacité de pouvoir mettre en accord tous les propriétaires pour faire les travaux. Nous, il faut qu’on aide et que l’on impulse cela notamment sur des bâtiments où les revenues ne sont pas conséquents. On essaye de trouver un dispositif avec un tiers financeur qui pourrait faire l’avance sur les travaux nécessaires. L’économie d’énergie réalisée permettrait de rembourser une partie de l’investissement. Il faut que l’on trouve un outil comme ça qui permettrait d’accompagner ces co-propriétés où il est difficile d’engager ces travaux.

Qu’en est-il des bâtiments publics ?   

Il y aura 100 millions d’euros au total sera consacré à la rénovation de ces équipements, qui sont nombreux, certains vétustes. Il y a donc un investissement important à faire et c’est une des priorités en termes d’économie d’énergie mais pas seulement. Je vais aussi investir beaucoup d’argent dans les écoles parce que ce les infrastructures ne sont pas à la hauteur de l’accueil que l’on doit accorder à nos enfants. Il y aura un grand plan de rénovation des équipements, à la fois en terme énergétique, mais aussi de qualités d’accueil.

Avec les promoteurs et les constructeurs, allez-vous faire une charte écologique ? 

Aujourd’hui, je vous assure que, même si on ne me le demandait pas, cela se fait naturellement. Il n’y a plus un promoteur qui engage des travaux sans avoir ce souci-là.

Etes vous pour l’encadrement des loyers à Lyon ?

Non parce qu’aujourd’hui, on a une offre qui est plus petite que la demande. On préfère autoriser à plus construire. Mais si on commence à encadrer les loyers, il est certain que tous ceux qui investissent et toutes les entreprises déserteront Lyon petit à petit et que cela ne sera pas bénéfique pour la ville de Lyon. 

Gérard Collomb a perdu de la proximité avec les Lyonnais, vous comment serez-vous avec les lyonnais, irez-vous les voir ?

C’est peut-être le procès qui lui est fait à certains endroits. Pour avoir vu Gérard Collomb sur ces six dernières années, c’est quelqu’un qui n’hésite pas à traverser la rue pour vous dire bonjour. C’est quelqu’un qui a le contact facile. Il faut imaginer que quand on est maire de Lyon, une ville de 516 000 habitants, il est difficile d’être en proximité avec tout le monde. C’est aussi pour ça qu’il a des équipes, des adjoints qui font le boulot dans chacune des délégations. 
Après moi j’aime les gens, particulièrement ceux qui fondent la vie de la cité. J’aime discuter avec eux, j’aime leur donner de l’attention et j’aime essayer trouver des solutions pour les accompagner. Je serais ce genre de maire là. Ceux qui m’ont connu dans ma délégation au sport savent que je suis quelqu’un de disponible, c’est ce que j’ai envie de transmettre en tant que maire.

Si vous êtes élus, quelle sera la place des habitants dans la politique lyonnaise ? 

Elle est essentielle. Je suis lyonnais avant d’être élu, je suis père de trois enfants et j’ai les mêmes problématiques que tout le monde. En étant élu, je ne suis que le prolongement de ces Lyonnais-là. Mes problématiques seront les leurs. Ce sera mon engagement, c’est-à-dire essayer de faire en sorte qu’il ait plus de place en crèche pour amener leurs enfants, que l’on ait un dispositif à l’école qui nous permette d’être plus efficace dans son rôle d’éducation du citoyen en y faisant pénétrer les associations culturelles, sportives, ou sociales. J’essaierai de faire en sorte que les gens continuent à investir sur la ville. Tout cet équilibre est fragile, c’est ça que Gérard Collomb a réussi à mettre en place. Avant on connaissait Lyon uniquement pour son tunnel de fourvière, et son autoroute. Michel Noir qui a lancé son premier plan lumière en 1989 a commencé à transformer la ville, petit à petit. Ensuite il y a eu Raymond Barre,puis Gérard Collomb, mais avant, Lyon était la ville que l’on traversait pour aller à la mer. Ce n’est pas celle où l’on s’arrêtait pour aller manger dans un petit bouchon, pour aller visiter un joli musée ou pour aller voir un festival de cinéma. Cela a évolué. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui et notamment avec une politique évènementielle ambitieuse, nous avons montré la richesse de notre territoire, qui est j’ai envie de dire un condensé de l’art de vivre à la française. C’est pour cela que des gens qui ne seraient pas venus à Lyon avant y viennes maintenant découvrir ses charmes, et on envie demain d’y développer leur projet de vie professionnelle ou personnelle. Ce qui est vrai à titre individuel l’est aussi pour les grands groupes ou les PMEs. Il faut consolider cela. C’est ce qui permet selon moi à tout un chacun d’avoir du travail et que l’on garde cette dynamique d’attractivité essentielle. 

Vous parliez d’évènementiel, le plus grand événement sur la ville est la fête des Lumières, certains lyonnais critique le fait qu’on leur désapproprie leur fête locale pour en faire un évènement international, comment trouver le juste milieu entre l’attractivité touristique et garder l’authenticité d’une fête locale ?

J’entends. J’ai porté la fête des Lumières ces trois dernières années, donc j’ai pu en mesurer à la fois son impact pour la ville de Lyon et les connexions que cela peut engendrer avec le monde entier, et ce pas uniquement autour de l’objet Lumière matériaux de création, mais aussi dans les relations diplomatiques et commerciales. Il faut bien imaginer que même si la fête des Lumières dure quatre jours à Lyon, son organisation nous permet de créer des passerelles très fortes avec le monde entier tout au long de l’année. Par contre, j’ai mesuré que depuis les attentats, avec ce périmètre de sécurité, la fête est plus contrainte au centre de la ville, avec une forme de congestion pas très agréable, et je comprends que cela ne soit pas simple. Mais on doit aussi faire face à la menace et du coup, la sécurité prime avant le reste. Pour essayer de contrecarrer ça, moi j’ai essayé d’aller chercher des publics éloignés pour qu’ils viennent sur la fête des Lumières. On travaille sur des oeuvres auquel chacun peut participer à la création pour qu’en amont de la fête ils se sentent impliqués par cet événement majeur qui fait partie de notre histoire et de nos racines. Cette année il y a eu une oeuvre qui se reproduira d’une année sur l’autre qui s’appelle rivière de Lumière et qui avait pour vocation de revenir à la tradition avec ces lumignons sur la Saône. C’est quelque chose que l’on doit continuer pour garder cet esprit très familial, très lyonnais. C’est pour cela que sur les quatre jours de fête, il y a deux jours qui sont plutôt réservés aux Lyonnais, et à chaque fois on essayera d’être dans ces deux dimensions là. La notion internationale, avec une notion touristique qui est importante, mais aussi ne pas perdre ce qui fait le socle de notre histoire qui est cette fête. 

Par rapport à l’AS Duchère, vous allez encore soutenir ce club ? 

Notre rôle, et c’est ce que l’on a fait sur ce mandat-là, c’est de ne pas dire que tel club doit devenir professionnelles où jouer au plus au niveau de son championnat. Notre but est d’accompagner des projets portés par des gens solides qui s’entourent d’autres compétences, d’autres expertises et de moyens financiers qui ne sont pas forcément ceux de la collectivité. C’est ce qui s’est passé avec l’OL, et quand l’OL a eu son projet de stade privé, cela a été un moyen pour nous de diminuer l’accompagnement financier qu’on leur octroyait et de leur donner les moyens d’être plus autonomes pour se développer et ça a marché. C’est ce qui s’est aussi passé avec le LOU rugby qui a récupéré le stade de Gerland et on avait besoin, car le stade de Gerland coûte excessivement cher,à peu près 1,6 million d’euros par an au charge de la collectivité. quand il n’y avait plus personne pour y jouer. Là, le LOU s’est engagés à investir de l’argent, vous avez vu la transformation, et dans 60 ans c’est un patrimoine qui reviendra à la ville de Lyon. Il exploite un site pour nous, et il le font vivre.
Pour revenir à l’AS Duchère, s’ils ont les moyens de leurs ambitions, on sera à leur côté sans retenue. Comme on l’a fait pour tous les clubs. Je trouve que l’AS Duchère à un rôle sur la Duchère qui est très important, et ils l’ont montré toutes ces dernières années. Maintenant, ils veulent se développer, et ils voudraient aller au Matmut Vénissieux. Aujourd’hui sur le MatMut Vénissieux, il y a des forains qui sont installés. On a un équipement en friche qui n’est pas exploitable en état, il nécessiterait des investissements très conséquents. C’est un projet qui devra de toute façon se faire de manière concertée aussi avec les élus de Vénissieux. J’aurais plutôt tendance à dire qu’il serait plus intéressant de développer le site de la Duchère comme le deuxième poumon sportif de la ville, après celui de Gerland, parce qu’à côté du stade on a une halle d’athlétisme couverte exceptionnelle. On a aussi une piscine qui est une des plus belles de la ville de Lyon, et surtout de la place autour pour étoffer l’offre sportif. J’aurais plutôt tendance à dire qu’il faut développer le site sur place pour donner les moyens à l’AS Duchère de jouer au niveau qu’il souhaite. Cela reste une décision qu’il faudra travailler avec eux,

Pour les séniors, nombreux d’entre eux on des difficultés à payer un loyer qui augmentent alors que les retraites stagnent et les places se raréfient, qu’avez comme projet par rapport à cela ? 

On vit de plus en plus en longtemps et en meilleures santés, on doit donc revoir l’accompagnement des seniors. L’hébergement est une chose, nous ce que l’on veut c’est lutter contre l’isolement. Il n’y a rien de pire qu’être isolé ou partir en EHPAD. On veut vraiment développer des logements intergénérationnels, et cela répondra aussi à la jeunesse qui peut être en difficulté pour trouver des logements. Le loyer serait de 280 euros, à condition que le jeune s’engage à aider les personnes âgées afin qu’ils puissent se rendre service de manière mutualisée. Je pense que c’est une réponse à la fois pour les étudiants qui sont dans la précarité pour se loger, mais qui rend aussi service à un public un peu plus vulnérable. Et je trouve que cela fait vraiment sens. On peut aussi développer des choses qui existent déjà qui sont les maisons seniors autonomes, il faut qu’on aille encore plus loin. J’ai créer un événement durant ce mandat qui s’appelle relions nous. Pour moi la notion de lien est essentielle. Dans cette même optique je vais organiser un grand événement autour de la chorale pour les personnes âgées. 

La rédaction

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