[Interview] Sandrine Runel, pour l’union « sociale et écologique» à gauche – Partie 2

Sandrine Runel, tête de liste « Vivons vraiment Lyon », en course à la mairie du 8ème arrondissement, a été interviewée par le Lyon Bondy Blog. PCF, transfuges de la France Insoumise, Génération.s, Nouvelle Donne, Place Publique, le PS, la Manufacture de la Cité et la GDS, tous se retrouvent sous un même blason. Elle nous confie plus en détail le projet de la liste pour la ville.

Partie 1 à retrouver ici.

André Gachet a dit souhaiter « améliorer la proximité avec les agents de l’administration ». Pourriez-vous nous en dire plus ?

C’est-à-dire que la ville, avec ses élus et ses agents, doivent être exemplaires et au service des habitants : avec des horaires d’ouverture de mairie d’arrondissement beaucoup plus larges, un droit d’interpellation et ainsi redonner au conseil de quartier des moyens d’agir à travers des budgets participatifs et des jurys citoyens. 

Le jury citoyen sur un grand projet, par exemple de mise en place d’équipements sportifs ou de réaménagement urbain, permettrait à ce que des citoyens s’investissent dans ce projet-là. Ce serait des citoyens tirés au sort, mais qui représentent les Lyonnais en fonction de leur âge, de leur habitation, du lieu où ils vivent, et qu’ils soient intéressés par ce projet-là en travaillant aux côtés d’experts pour délivrer un avis sur le projet.

Notre volonté est aussi de renforcer le pouvoir des mairies d’arrondissement puisque l’on sait que ce sont des lieux de proximité. Le maire d’arrondissement a vraiment ce lien avec les habitants et les associations. Mais aujourd’hui il n’y a aucun pouvoir. Par exemple, en tant qu’élu d’arrondissement, quand on est interpellé par une association pour aider à trouver un local ou pour les soutenir financièrement sur le début de leurs activités, on n’a pas de réponse. C’est pour cela que l’on souhaite redonner du pouvoir aux mairies d’arrondissements pour donner des réponses aux habitants de leurs arrondissements.

Pourrait-on réquisitionner les logements vacants selon vous ?

Nous ne sommes pas dans la surenchère, nous ne disons pas que nous pourrons le faire tout de suite, mais il faut d’abord recenser les différents logements vacants : les localiser, connaître leurs états, leurs propriétaires, les raisons pour lesquelles ils sont vacants. Parfois il y a des questions juridiques comme de successions ou de conflits familiaux. Là-dessus ça prend beaucoup plus de temps que sur un logement vacant simplement parce que le propriétaire ne veut pas le mettre à la location. Le recensement permet de voir ceux qui peuvent être mobilisés le plus rapidement, ceux qui ont besoin de réhabilitation. On ne souhaite pas mettre de personnes en difficulté. L’objectif est qu’à la rentrée 2021, l’on puisse mettre de premiers logements en location à disponibilité. Le but est que ce système soit mis en place d’ici au plus tard un an et demi.

Ces logements vacants auraient des conditions d’accessions ? 

Ce serait pour les personnes inscrites sur les listes de demandeurs de logement social. On a une liste aujourd’hui avec la préfecture des demandeurs. Elle est très longue et les demandes n’en sont pas toutes satisfaites. On est entre 18 et 24 mois d’attente pour obtenir un logement social. Donc ces logements seraient mis au pot commun et avec une garantie pour les propriétaires de la ville de Lyon des risques locatifs sur les impayés de loyers et sur la dégradation du bien. Cela avec une possibilité d’avoir une aide à la rénovation du bien s’il est mis à la location.

Par rapport à la précarité étudiante, avez-vous eu des discussions ?

On en a beaucoup au niveau de la métropole, car c’est plus une compétence de la métropole. Là, on pourra agir sur la question du logement et du transport. C’est-à-dire redonner du pouvoir d’achat aux étudiants afin de diminuer leurs charges et qu’ils se concentrent sur leurs études. Les rénovations de campus pourront aussi être abordées.

Au final, beaucoup de compétences sont données à la métropole.

Les compétences de la ville et de la métropole sont aujourd’hui croisées. Il y aura nécessité d’agir de concert avec la métropole sur certaines compétences, sur certains sujets. Les deux compétences primordiales qui sont partagées sont la question du logement et du transport. 

Comment vont se passer, selon vous, ses discussions avec les conditions particulières de ses élections ?

Aujourd’hui personne n’est capable de vous répondre sur l’issue du scrutin métropolitain. C’est une situation qui est assez inédite aujourd’hui puisqu’on sera les seules à Lyon [et sa métropole] à voter deux fois dans toute la France. 

Au-delà du résultat du scrutin, il faudra travailler entre le président de la métropole et les mairies. Pour ma part, j’espère que le président de la Métropole sera un candidat de gauche avec qui je vais pouvoir travailler. Mais même dans le pire des scénarios, il ne serait pas possible et pas envisageable d’être à la Métropole sans prendre l’avis de Lyon, et inversement. 

Quels sont vos projets concernant l’aide aux personnes âgées ?

Dans un premier temps, agir sur le pouvoir d’achat. Faire en sorte que les retraités, que les séniors puissent avoir un pouvoir d’achat qui ne diminuent pas. C’est plus agir au niveau national, notamment sur la question du minimum vieillesse ou des retraites. Après, je proposerais la construction de place en EPHAD et en EPHA, donc à la fois pour les personnes dépendantes, mais aussi pour les personnes âgées. On sait que sur Lyon il y a un manque flagrant de place et que c’est une offre privée qui vient compenser cela. Aujourd’hui, il y a un nombre considérable de personnes âgées, et leur famille n’ont pas forcément la capacité de payer un établissement privé. Il faut que la ville de Lyon reprenne la main là-dessus et construise des places supplémentaires pour pouvoir accueillir ses seniors.

Et pour les crèches ?

Sur la question de la petite enfance, on a la volonté de pouvoir continuer à ouvrir des berceaux supplémentaires, car la démographie sur Lyon a beaucoup augmenté ces dernières années. C’est une ville qui est attractive, où les gens s’installent, qui attire encore aujourd’hui, c’est une très bonne chose. On sera dans cette volonté de développer un service public de la petite enfance. Les dispositifs qui existent aujourd’hui sont les relais d’assistantes maternelles, mais il n’y en a pas assez, et qui permet aux assistantes maternelles de se rendre en crèche qu’une seule fois par semaine. Ce que je souhaite mettre en place, c’est que pour les enfants qui sont  chez des assistantes maternelles, à partir de deux ans et dans le cadre d’une préparation à la rentrée en écoles maternelles, il puisse y avoir un accueil un jour ou deux par semaine en crèche. Cela permet de garder le cocon de l’assistante maternelle, mais qu’il puisse avoir un pied dans la collectivité et qu’il s’habitue comme ça à l’école. Ça permettra à la fois de libérer de la place chez les assistantes maternelles, et de mixer l’accueil en crèche. Mais il y a besoin de construire des crèches. Il faut aussi lutter contre l’installation des micros-crèches, car ce sont des groupes privés qui pratiquent des prix très couteux. Nous souhaitons aider le développement des crèches municipales et des crèches associatives. On soutiendra aussi les parents qui souhaitent créer des crèches associatives ou parentales.

Comment financeriez-vous l’ensemble de ces différents projets ?

On ne souhaite pas toucher à la fiscalité. On souhaite par contre qu’il y ait une tarification progressive, c’est à dire plus juste. C’est-à-dire que les services publics, notamment ce qui est en régie, permettent de financer en développant par exemple l’offre de loisir de la ville de Lyon. Donc à la fois, on fait du service public d’un côté puisque l’on propose une offre et on propose un service et de l’autre côté c’est un service qui peut s’autofinancer. On a réfléchi à ce que nos propositions vont coûter, mais que ça ne soit pas les lyonnais qui en soit les premiers contribuables, que l’on puisse avoir des ressources différentes avec notamment une renégociation avec l’état sur cette question-là.

Votre slogan est « Vivons vraiment Lyon », quelle est la signification ?

Nous ce que l’on veut, c’est faire la vie, avant la ville. C’est remettre la vie dans la ville. Aujourd’hui, on ne peut pas noircir le tableau de ce qu’est Lyon. C’est une belle ville. Mais le constat que l’on fait est que Lyon est beau quatre jours. C’est bien en Airbnb, vous allez visiter l’ensemble des monuments, car culturellement il y a de quoi faire.  Mais à y vivre, quotidiennement et dans la durée, culturellement à par les grosses institutions, vous n’avez pas accès à la culture. Les festivals sont de moins en moins accompagnés et subventionnés, certaines associations culturelles ferment comme « le 7ème continent » faute de soutien. On souhaite que la ville de Lyon soit vraiment une ville à vivre. On ne souhaite pas qu’elle soit une ville vitrine pour faire de la paillette. C’est-à-dire faire du commerce de proximité, prendre son vélo, aller chercher ses enfants à l’école, que tout ça soit dans une logique de proximité. 

Il y a des quartiers aujourd’hui à 18h où vous n’avez plus un commerce. Ce qu’il faut, c’est remettre de la proximité, faire en sorte que chacun dans son quartier puisse retrouver les services dont il a besoin. C’est ça, pour nous, qui est vraiment Lyon. Et sur la déclinaison, je reprends l’exemple de l’exemplarité, faire en sorte que ça soit vraiment démocratique. Donc que les citoyens puissent en être acteurs. Il faut que la ville soit aussi vraiment accueillante, comme pour accueillir des populations en difficultés, des populations étrangères, faire en sorte que les migrants soient accueillis dignement sur Lyon avec une tarification progressive, mais sur tout. Celle-ci serait sur les transports, sur l’eau, sur le périscolaire, les cantines, le sport, la culture. Puis faire en sorte aussi que la ville soit vraiment écologique avec un plan de végétalisation, de « dé-bitumer » les écoles, faire en sorte que les enfants aient moins chaud l’été et moins froid l’hiver. Il y aura aussi cette question de mettre en place des îlots de fraicheur. C’est à dire au lieu de faire du minéral de partout, faire des parcs au sein du centre-ville. 

La question des centres de loisirs me semble aussi importante. On a une vraie difficulté, notamment pour les enfants le mercredi après midi et durant les vacances scolaires. Il faut renforcer l’offre de loisirs et utiliser les écoles qui sont des bâtiments de la ville de Lyon. On sait aujourd’hui que des structures comme les MJC ou d’autres structures d’éducations populaires n’ont pas les capacités physiques d’accueillir plus d’enfants. Mettre à disposition les locaux des écoles pendant les vacances ou quand elles ne sont pas occupées pour pouvoir avoir une offre périscolaire qui soient garanties et qu’elles apportent un plein épanouissement pour l’enfant, c’est important pour nous.

Les « îlots de fraicheurs », qu’est-ce que vous entendez par là ? 

Dans les nouvelles constructions, que celle-ci soient des habitations ou des bureaux, faire en sorte que de toute manière il y ait toujours du vert. Elle touche aussi la question de la piétonisation, parce que si on arrive à le faire dans différents quartiers, on pourra faire en sorte que des arbres soient plantés, que de l’herbe soit mise en place. 

Avez-vous des discussions avec d’autres listes pour une alliance au second tour ? 

Naturellement, je porte une liste de gauche, et l’alliance se ferait plus avec les écologistes. Nous n’avons pas eu officiellement de discussions, mais ce sont des élus avec qui je travaille déjà et puis des candidats avec qui j’ai pu être amener à discuter. Donc oui, il y a eu des discussions en amont, afin de présenter une liste autonome, et on continuera à avoir des discussions.

 

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