[Interview] Olivier Minoux, pour l’organisation sociale et la lutte des travailleurs – Partie 1

Olivier Minoux, tête de liste Lutte ouvrière à la Métropole de Lyon, se présente pour ces élections.  Le Lyon Bondy Blog l’a interviewé.

Monsieur Olivier Minoux vous vous présentez aux élections métropolitaines sous la bannière Lutte Ouvrière, comment se passe votre campagne ?

On présente 240 listes à l’échelle du pays, c’est 41 de plus que la dernière fois. C’est du travail pour un petit parti comme le nôtre, c’est un vrai boulot de militants. Mais créer des liens avec les travailleurs les gens des quartiers des milieux populaires, c’est obligatoire pour construire le parti qu’on veut. En fait, on est en campagne depuis plusieurs mois, on discute avec les gens sur les marchés. C’est important de planter les graines pour demain.

Justement que vous disent les gens sur les marchés ?

Ils ne nous parlent pas du nombre d’arbres à planter ou du problème de la sécurité, ils nous parlent de leurs difficultés quotidiennes, les difficultés d’avoir un travail et un salaire qui permet de boucler les fins de mois, les problèmes d’horaires de travail de déplacement, les difficultés dans les hôpitaux. La crise aggrave leur quotidien. Nous, on ne sème pas d’illusion on ne dit pas que les élus de Lutte Ouvrière vont résoudre les problèmes à l’échelle de la municipalité, mais on utilise ces élections pour dire aux travailleurs que ce que l’on a on l’a obtenu en bataillant. On a constitué nos listes sur l’idée qu’il y a deux camps qui s’affrontent dans la société, les très riches, les capitalistes qui nous mène une guerre féroce puis il y a nous tous qui faisons fonctionner cette société. C’est quelque chose qui est compris instinctivement. Bien sûr, il y a des travailleurs qui ont encore des situations tolérables, mais de plus en plus, on voit que ça se dégrade. On n’est pas encore dans la misère, mais aujourd’hui même avec des salaires un peu supérieurs ça peut basculer très vite dès qu’il y a des accidents de la vie, une séparation, un licenciement, on peut tout de suite être dans le rouge. Le logement coûte cher, il faut payer les études aux gamins …

Parlez-vous qu’aux ouvriers ?

On parle à tous les travailleurs y compris les petits artisans même si on ne s’adresse pas directement à eux. Pour nous s’ils sont dans notre camp même si on leur met dans la tête que se sont des patrons, ils sont comme les travailleurs dépendants des grands groupes c est des gens qui vivent de leur travail ce sont des producteurs. On peut être artisan et militer à Lutte Ouvrière, je crois que le camarade à Amberieux est un artisan taxi suite à une reconversion. Il y a des travailleurs qui quand ils ont été licenciés ont monté un bar ou un petit commerce. Mais pour nous ce sont des travailleurs qui ont l’État sur le dos au même type que nous. C’est pourquoi on s’adresse aussi à eux même si notre cœur de cible ça reste les travailleurs des grandes usines ou les petits fonctionnaires. Mais notre objectif au final, c’est que tous ces travailleurs s’organisent.

Pourquoi une telle difficulté d’organisation parmi les travailleurs et cette impossibilité d’union des partis d’extrême gauche ?

Les alliances, on les fait dans les combats, contre la réforme des retraites par exemple, on était tous dans la rue. Mais l’intérêt, c’est de construire un projet, nous on serait favorable que d’autres partis d’extrême gauche confronte leurs idées avec nous. Et à la fin, ce sont les travailleurs qui trancheront. On n’est pas en concurrence avec les autres organisations d’extrême gauche. On peut se mettre d’accord sur des choses et on a déjà fait alliance autrefois. C’est vrai qu’il y a une partie des militants qui cherchent des alternatives réformistes, c’est-à-dire qu’ils pensent que les élections vont changer notre sort. On leur dit qu’ils se trompent, la gauche au pouvoir, on a déjà donné. Il faut construire un parti ouvrier révolutionnaire qui dise qu’aujourd’hui on n’a pas d’autres alternatives que d’arracher le pouvoir à la bourgeoisie et ça passe par une organisation et par des mouvements profonds.

Quelle est alors l’utilité de se présenter aux élections métropolitaines pour défendre la cause des travailleurs ?

Notre objectif est d’envoyer des révolutionnaires dans les municipalités qui seraient les yeux et les oreilles des travailleurs, on veut des élus de combat. On ne dit pas qu’on va gérer mieux que quiconque car on sait que ce système économique nous amène dans le mur. Il y a plein d’exemples dans l’histoire du mouvement ouvrier notamment à ses débuts ou les municipalités ont été les relais des combats des travailleurs. Prenez par exemple le cas il y a cent ans des sardinières de Douarnenez la municipalité révolutionnaire de l’époque a mis tout son poids pour soutenir cette grève, ce combat des sardinières. Aujourd’hui, on pense que nos élus révolutionnaires pourraient être les relais des combats actuels. On pourrait mettre a disposition des travailleurs, des associations les moyens de la Métropole pour les aider dans leur lutte contre la bureaucratie. Et au niveau de la Métropole ça peut-être des moyens importants. On pourrait leur donner des salles pour leur permettre de s’organiser.

Prenons le cas des hôpitaux les élus locaux sont dans les conseils administration des hôpitaux. Nous sommes présents dans ces conseils d’administration, on soutiendrait les luttes des travailleurs dans les hôpitaux. Actuellement à Saint-Genis-Laval il y a Famar qui va supprimer 300 emplois la Métropole a préempté les terrains. Elle a essayé de se battre contre Sanofi le véritable donneur d’ordre, mais elle ne s’est jamais adressée aux travailleurs. Dans un cas comme ça nous, on donnerait tous les moyens de la Métropole pour relayer ce combat et l’organiser.

Comment faire pour améliorer les transports dans l’agglomération ?

On le voit bien dans Lyon tous les travailleurs les petites mains n’habitent pas forcement sur Lyon. Leurs besoins de déplacement sont dans 80% des cas professionnels, ils se déplacent peu pour le plaisir. C’est pourquoi au-delà du fait de développer les transports publics, ce qu’il faut faire évidemment, on doit les adapter aux horaires de certains travailleurs qui commencent très tôt ou finissent très tard. Mais surtout ce qu’on dénonce, c’est que derrière ces financements publics des transports il y a des groupes privés, c’est Keolis qui gère la gestion des TCL. Ces grands groupes capitalistes se nourrissent de financements publics. C’est là-dessus qu’on reprendrait la main.

Surtout, on est pour que ce soient les grands groupes qui payent les transports, car si les travailleurs ont besoin de se déplacer, c’est pour aller au travail et servir ces patrons. Ce n’est donc pas aux travailleurs de payer pour ces transports. Il y a 20 ans, il y avait des transports collectifs pour aller à l’usine que les patrons mettaient à disposition. Ils les ont supprimées pour faire des économies et ils ont poussé les gens à habiter plus loin, les ont forcés à acheter des voitures, car il y avait un marché. On pense qu’aujourd’hui, c’est à eux de payer.

Bien sûr qu’il faut développer un transport de qualité en abondance, mais qui mieux que les classes populaires peuvent savoir qu’elle ligne de bus doit être modifié avec quels horaires. Nous, on serait les relais de ces demandes il y a des quartiers qui sont très peu desservis le soir ou le week-end, quand on est dans Lyon le déplacement est facile, mais dès qu’on s’éloigne du centre ça devient compliqué.

Les loyers et le coût d’achat des logements sur Lyon ont explosé ces dernières années, que proposez-vous pour lutter contre cette hausse qui expulse les classes populaires de la ville ?

Le logement, c’est un problème qui devrait être résolu dans une société riche comme la nôtre. Or, ce n’est pas le cas, on voit avec les salaires qui n’augmente pas et la hausse régulière des loyers le logement devient une charge importante pour les familles. La spéculation qui sévit dans les grandes métropoles en France, et même partout dans le monde fait que le logement devient inabordable pour beaucoup et pousse les gens a habité plus loin. Ajouter à cela que le logement social n’est pas à la hauteur, car L’État se désengage.

La solution serait que les travailleurs s’organisent dans les quartiers contre les expulsions comme ça s’est fait à des époques. Actuellement, il y a 600 à 700 gamins qui dorment dans la rue alors qu’il y a 4000 logements vides, c’est cela la réalité. Il faudrait réquisitionner ces logements vacants, mais même si la métropole y était favorable, ce serait une bagarre, car il faudrait lutter contre la préfecture et L’État pour pouvoir réquisitionner ces logements. D’où la nécessité de s’organiser entre élus révolutionnaires, associations de terrains et travailleur sur place. Même l’encadrement des loyers est une solution un peu bidon si on ne s’attaque pas aux spéculateurs, les Bouygues, les Eiffages. Le problème, c’est que pour ces grands groupes immobiliers le logement ce n’est pas un besoin vital, c’est un moyen de faire du pognon, c’est de la spéculation immobilière. Et ça ne concerne pas que le logement il y a aussi toute la spéculation  sur l’immobilier de bureau. Il serait intéressant de savoir sur la Métropole combien de bureaux sont vides et ne servent pas et ne sont que le fruit de la spéculation.

Là encore la solution ne peut pas être locale, il faut transformer la société dans son ensemble, c’est notre objectif. On ne va pas créer à l’échelle de la Métropole une oasis pour les travailleurs ça serait mentir. Il faudra lutter pour faire changer les choses, on n’a rien sans lutter. Le logement a toujours été une lutte dans le monde du travail, car dans ce système capitaliste rien n’est acquis, c’est une lutte perpétuelle. C’est comme faire respecter le Code du travail, c’est une lutte permanente, c’est une question de rapport de force. Et ce rapport de force peut nous être favorable si on s’organise en créant des liens, c’est ça qui manque aujourd’hui et à la différence des partis réformistes qui pensent que l’ont peut améliorer le système a la marge nous, on dit que tant qu’on ne renversera pas se système ça sera un perpétuel recommencement.

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

Voir tous les articles de La rédaction →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *