Homophobie : 2020, les droits avancent, mais pas les mentalités

Alba*, 20 ans s’est rendu compte au collège qu’elle préférait les filles. En 2020, elle restait persuadée que malgré un temps d’adaptation sur le sujet, sa famille finirait par accepter. Elle nous livre la difficulté d’une vie familiale où malgré l’évolution des droits, les mentalités, elles, stagnent.

C’est au collège qu’Alba se rend compte qu’elle ressent une attirance envers les filles, à travers une série télévisée qui illustre deux jeunes femmes amoureuses, elle se dit que finalement, c’est possible. « Je me suis rendu compte que c’était possible, enfin que j’avais le droit. »

Septique de la réaction de ses parents elle décide de ne pas en parler tout de suite mais confit qu’elle ressentait un certain malaise lorsqu’elle était chez elle. « En fait, pendant 2 ans, je n’ai pas changé réellement, mais chez moi c’est comme si je faisais semblant parfois : « ah ce garçon… ; ah quand j’aurais un mari… ». Parce que j’avais peur qu’on n’accepte pas, j’avais surtout peur de la réaction de mon père, je me disais que ma maman elle accepterait, vu qu’elle s’entourait de gens totalement différents. »

Enfermée dans une famille très attachée à certains stéréotypes concernant les personnes LGBTQ+, Alba grandit en évitant le sujet, ce qui devient de plus en plus compliqué.

« Lors de ma première année à l’université en 2018, elle a commencé à me poser beaucoup de questions. Moi-même j’étais dans une sorte de découverte de qui je suis, de quelles sont mes libertés en tant que femme, par exemple j’ai décidé de plus m’épiler, ce qui a lancé beaucoup de questions. Mes parents et mon frère étaient très agressés par cette décision, ils ont regardé mes jambes, puis mon frère m’a demandé si j’étais un homme et ma mère si j’étais lesbienne (…) »

 

« Mais c’est n’importe quoi, je n’en peux plus que tu t’habille comme cela, on dirait une camionneuse, un baril, tes cheveux sont sales et tu n’es pas épilée ça me dégoûte (…) »

 

Elle décide finalement d’en parler, sous la pression de multiples questions, lors du soir du réveillon de Noël. « Mon frère m’a dit que je le dégoûtais que ce n’étais pas bien, pas normal, qu’il ne pouvait pas me voir comme ça. Ça s’est finit en crise de larmes seule dans ma chambre. Plus tard, ma mère est venue dans ma chambre et m’a dit : « Alice, ne t’inquiètes pas, enfin, est-ce que tu aimes vraiment les filles ? Enfin, ne t’en fais pas je serais toujours là pour toi. » Le lendemain elle a arrêté de me parler, elle ne m’a plus adressé la parole pendant environs deux semaines, elle m’envoyait des messages de temps en temps en me disant « ça m’a choqué ce que tu m’as dit, ça m’a blessé »,  je ne comprenais pas trop pourquoi ça l’avait blessée. »

Il me traite de « gouinasse » ou critique chacune de mes tenues

Terrorisée à l’idée d’en parler à son père « car c’est la première personne à dire des choses pas très gentilles », elle se lance quand l’occasion se présente un jour sur le balcon.  « Il m’a demandé « mais qui est-ce que tu aimes toi ? » ; j’ai répondu que sûrement les filles, et il a répondu « OK ». Puis, lui aussi comme ma mère qui finalement s’est un peu faite à l’idée, mais n’en parle pas, essaye de me présenter à des hommes. Mon père a fait un peu la même tactique, celle du « ok ne t’inquiète pas », pour finalement dès qu’il trouve l’occasion, il m’insulte « gouinasse » ou en critiquant chacune de mes tenues. Voilà où on en est pour l’instant dans ma famille. ».

Alba* finit par nous livrer son ressenti sur les mentalités d’aujourd’hui face à ce sujet :

« Je pense qu’en 2020, les choses ont changés, peut être que c’est plus simple d’être homosexuel, la parole se libère grâce au réseaux sociaux mais certaines mentalités n’ont toujours pas changé et ne changeront pas je pense. C’est ne pas voir la personne comme individu mais comme une personne à mettre en société, pour penser la procréation. »

 

 

 

 

 

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