Européennes 2014 : « Les politiques et les grands médias nationaux ne jouent pas le jeu »

Dimanche 25 mai, les citoyens européens votaient pour leurs députés. Ce scrutin a vu arriver en force les eurosceptiques au parlement. L’abstention est en partie responsable. Nous sommes allés à la rencontre d’Alain Réguillion, président de la maison de l’Europe Rhône-Alpes (information citoyenne, favorise les échanges InterEuropéens), mercredi dernier, pour décrypter les résultats. Il revient dans la première partie sur le rôle des partis politiques et des grands médias dans ce scrutin.

Alain Réguillion

Bonjour Mr Réguillion, nous allons revenir sur le résultat de dimanche soir. Dure soirée ?

Alain Réguillion : Dure soirée par les résultats. On s’y attendait. Il n’y a pas eu trop de surprises. Juste une accentuation des sondages annoncés. On était dans les clous par rapport à ce qui était dit dans les dernières semaines. Par contre, nous avons eu une surprise plutôt agréable au niveau de l’abstention. En effet, elle a diminué de 2.5 % depuis 2009 en France. Ce n’est pas extraordinaire, mais c’est un point positif. Au niveau européen, nous avons 0.9 % de votants supplémentaires. C’est la seule bonne nouvelle de la soirée. Il faut quand même la relativiser.

L’abstention est un fléau national ou européen ?

En Europe, l’abstention est forte (ex : Slovaquie 90 %, République Tchèque 85 %, Pologne 77 %), finalement la France fait figure de bon élève avec 57 % d’abstentionnistes.

L’Union européenne intéresse-t-elle les Européens ?

Je ne pas dire s’ils s’y intéressent. Je vois surtout que l’on ne parle jamais de l’Union européenne dans les médias nationaux ou dans nos pays voisins. Les chiffres de l’abstention qui sont tombés dans la soirée démontrent qu’il y a un manque d’information. La classe politique manque d’engagement des électeurs. Elle reste trop dans des positions nationales, que ce soit en France ou ailleurs. Il est évident que nos concitoyens n’y trouvent pas d’intérêt. Le problème est la durée de campagne. Quinze jours, c’est ridicule. On ne peut pas toucher l’électorat. Si on veut renverser la tendance, il faut faire un travail de longue haleine sur le rôle de l’Europe. Je suis très sévère envers la classe dans sa diversité. Elle a manqué d’informer et de former les gens sur les questions européennes. Plus particulièrement, les grands médias nationaux font la part belle aux abstentionnistes. Il faut arriver à les intéresser. Ce n’est pas en invitant un député européen de temps en temps qu’on va y arriver. En plus on les interroge sur des questions nationales.

Peut-on tirer des conclusions avec un scrutin qui connaît autant d’abstentionnistes ?

Je ne suis pas un analyste politique. Je crois, en toute modestie, que cela montre le désintérêt des propositions faites par la classe politique. C’est une manière de contester la politique des partis qui se sont succédés à la tête de l’État depuis trente ans. Les gens sont plus sensibles à l’appel des extrêmes, car c’est eux qui râlent, ce n’est pas nouveau. Les partis politiques sont responsables du score élevé du Front national. En 2014, en France, je pense que nous arrivons à une fin de régime. Il faut l’avènement de la 6e république, la 5e est en voie de disparition. Je reste persuadé que les Français s’intéressent à la politique. Mais si on veut les intéresser, il va falloir leur redonner confiance dans un certain nombre de partis politiques. Il faut changer les méthodes qui existent aujourd’hui. Aucune formation politique n’a présenté de véritables projets. On est restés majoritairement sur une campagne franco-française.

A venir : la deuxième partie de l’ITW sur le rôle de la Maison de l’Europe

Etienne Aazzab

Etienne a contribué depuis 2 ans dans le journal satirique FOUTOU’ART. Il a intégré l’équipe du « clic 2014 » : Collectif local d’informations citoyennes à partir de novembre 2013. Il rejoint le Lyon Bondy Blog à partir de janvier 2014. Twitter : @AazzabEtienne Ses sujets de prédilection : #Politique #Société #Sport

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