« Cleveland contre Wall Street », la crise financière pour les nuls

Une seule salle de cinéma de l’agglomération projette le documentaire « Cleveland contre Wall Street ». Un moment de cinéma unique pour enfin comprendre la crise financière de l’automne 2008.

 Sans_titre_10_t

Le Lyon Bondy Blog a pris le parti d’évoquer le film « Cleveland contre Wall Street » pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour ses origines suisses, pour sa rareté aussi (il n’est projeté que dans une seule salle de l’agglomération, qui plus est au CNP Terreaux, un petit cinéma indépendant qui peine à exister) mais aussi et surtout pour sa formidable manière d’expliquer au grand public les causes de la crise financière de l’automne 2008.

L’histoire de ce documentaire helvétique débute lorsqu’un cinéaste, Jean-Stéphane Bron, apprend que la ville de Cleveland souhaite intenter une action en justice contre 21 banques, responsables, selon elle, de l’expulsion de milliers de familles de leurs habitations. (et cela 6 mois avant la crise financière). Mais le procès n’aura jamais lieu. Les banques ne sont pas disposées à montrer pattes blanches au sein d’un tribunal.

« Euréka ». Le réalisateur a alors une idée géniale  : organiser un « faux » procès avec de « vrais » acteurs. Tout sera 100 % véritable. Sauf, bien évidemment, les conséquences du verdict.

Une salle du tribunal de Cleveland sera prêtée le temps du tournage, un juge ainsi que deux avocats rentrent dans la partie, accompagnés de plusieurs habitants, dont 8 se glisseront dans la peau de jurés populaires. Pas simple. « Deux semaines avant le début du tournage, je n’avais pas encore de famille prête à venir témoigner. Il fallait du courage pour oser venir affronter le regard des autres dans ce tribunal. Perdre sa maison est associé à un sentiment de honte.», relate Jean-Stéphane Bron sur le site du documentaire.

Au cours des 1h38 du film, le spectateur voit se dessiner le processus cruel qui a abouti à une crise financière sans précédent.  Aux origines, cet « american dream » et cette volonté politique d’inciter les américains à devenir propriétaires (un fait qui reste l’un des arguments favoris des défenseurs de wall street ). Puis, des financiers avides qui vont imaginer les crédits subprimes et enfin, un mécanisme bien huilé qui poussera les citoyens les plus fragiles à contracter ces fameux crédits, « rapportant ainsi des milliards de dollars aux banques ». Jusqu’au jour où, submergées de mensualités, à des taux d’intérêt variables monstrueux (ndrl : parfois le double d’un crédit classique), des milliers de familles sont contraintes de vendre leur maison aux enchères, souvent pour une poignée de dollars, avant de quitter les lieux manu militari, « aidées » par une brigade spéciale expulsion.

Voilà comment, à Cleveland, des quartiers entiers se sont vidés (et se vident toujours) de leur substance humaine. Des quartiers populaires laissés désormais à l’abandon et rongés par la criminalité. Barbara Anderson, militante engagée, en est convaincue : « Leur bonus était indexé sur notre malheur ». Un coup de gueule suivi par de nombreux habitants de la ville. « Ils (ndrl : les courtiers) ne sont pas venus frapper à la porte des gens aisés. Ils sont venus frapper à la porte des pauvres, des personnes âgées. ». Autant de citoyens démunis que l’on découvre à visage découvert, devant la caméra, et qui semblent encore avoir le plus grand mal à comprendre cette spirale infernale dans laquelle une simple signature en bas d’un contrat les a fait plonger.

Avec toute son empathie, l’avocat de la ville Josh Cohen , un « clevander » en colère, écoute les témoins, et prend note de leurs histoires douloureuses. Comme dans la vraie vie, il y a aussi l’avocat du diable, Keith Fisher, un bon, très bon, habitué à défendre ce genre de dossier. Son argument massu : «  Personne ne vous a obligé à contracter ces crédits. Vous saviez que vous n’aviez pas les moyens de vous payer cette maison. » Oui, sans doute n’a-t-il pas tort… Mais alors, comment expliquer que l’élite financière de Wall Street ne se soit pas interrogée une seule seconde : « Comment une personne qui n’arrive déjà pas à rembourser un crédit à 5 % d’intérêt, pourra-t-elle rembourser un crédit à 10 % d’intérêt ? ».
Peut-être savaient-ils déjà que l’Etat américain les sortirait de ce mauvais pas…

Pour en savoir plus : http://clevelandcontrewallstreet.com/

 

Pascale Lagahe

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

Voir tous les articles de La rédaction →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *