Céline et Sarah, sous les verrous, en République Dominicaine

Après l’affaire Florence Cassez, française emprisonnée au Mexique, voici l’affaire Céline et Sarah. Ces deux jeunes filles risquent 8 ans de prison en République Dominicaine. Récit de ce voyage de rêve qui s’est transformé en cauchemar.

Leur diplôme de secrétariat en poche, Céline et Sarah décident de marquer le coup en s’offrant leur tout premier grand voyage… en République Dominicaine, dans les Caraïbes. Grâce à quelques économies, elles quittent la France pour 8 jours. Mais ce voyage paradisiaque va se terminer en cauchemar. C’est en surfant sur Facebook que Fiona, nouvelle venue dans notre équipe de blogueurs, a pris connaissance de l’histoire de ces deux amies d’enfance (originaires de Besançon), par le biais d’un groupe de soutien. Afin d’en savoir un peu plus sur cette histoire,  elle est allée à la rencontre de Nabyla, la soeur de Sarah.

« Après avoir passé la douane, en salle de transit, plusieurs policiers ont surgit et procèdé à une interpellation brutale et sans explication. Aux protestations de Sarah, les policiers ont répondu en baragouinant des menaces. Elles ont été « priées » d’ouvrir leurs sacs respectifs, dans lesquels elles ont découvert plusieurs paquets d’un contenu poudreux blanchâtre. Arrêtées, intégralement fouillées, puis incarcérées, Céline et Sarah ont subi une procédure judicaire pour drogue sans explication, sans traducteur et sans interrogatoire.« , explique Nabyla.

4 mois plus tard, les renseignements généraux procèdent aux seules enquête et analyse chimique de l’affaire , mandatées par l’ambassade française de la République Dominicaine. Aucune empreinte, aucun antécédent, aucun contact des jeunes filles avec la population dominicaine n’a pu être constaté, surtout que Céline et Sarah ne parlent pas l’espagnol.

D’innombrables erreurs judiciaires ?

Aucune enquête n’a été menée à l’instigation des autorités judiciaires dominicaines. De plus, les fouilles, l’interpellation de Céline et de Sarah qui sont aujourd’hui vilipendées par la presse et la police dominicaines, s’est faite sans énonciation du motif de l’arrestation et la procédure s’est faite sans traducteur. La fouille au corps intégrale a été effectuée par des hommes. L’heure d’arrestation qui figure sur le procès verbal rédigé par la police dominicaine est factice : à cette-heure là, la brigade procédait à une autre interpellation. Toutes aussi énormes sont les nombreuses autres entorses à la procédure en règle ont été recensées.

Mais la procédure n’est pas la seule qui soit menée dans des circonstances plus que douteuses : le procès s’est déroulé dans les conditions qui portent atteinte aux droits de l’homme les plus élémentaires sur le plan judiciaire. Le droit de défense de tout prévenu et surtout la présomption d’innocence n’ont pas été respectés. Dans un contexte de  « speed-trialing », la défense n’a que 3 minutes de réquisitoire. 3 minutes et quarante secondes pendant lesquelles la défense n’a même pas pu exposer les vices de procédure, pourtant nombreux. A l’issue du procès, sans grande surprise, 8 ans de prison ont été requis pour chacune des jeunes femmes. 4 ans si elles décident de plaider coupable : une liberté au prix de la dignité ? Sans compter les nombreux droits auxquels elles devront renoncer si elles purgent leur peine après avoir plaidé coupable.

Le procès  en appel de Céline a eu lieu le 12 février dernier selon le même procédé que le premier procès (pas de possibilité pour la défense de présenter de nouvelles preuves) et a donné lieu à la confirmation de la peine de 8 ans. Celui de Sarah, auquel Nabyla souhaite participer, aura lieu le 31 mars prochain. Nouvel espoir, peut-être. A l’issue du premier procès, Nabyla était amère et dépitée : «  Au plus profond de mon âme, j’ai voulu que l’avion dans lequel j’étais lors de mon retour en France se crashe pour ne pas avoir à dire à mes parents, avec mon père malade, que j’étais revenue sans Sarah ».

Précisons que plusieurs procès en parallèle ont eu lieu, dont deux de français : tous sont sortis grâce au paiement d’une caution de 60 000 euros. Un Italien, que la police donnait comme le complice de Céline et de Sarah, a pu être extradé et vit actuellement librement en Italie.  Il a été requis pour une dominicaine accusée de meurtre, une peine de 5ans. Léger sentiment d’injustice.

Un important soutien mais sans dénouement

Jusqu’ici, Sarah et Céline ont bénéficié de la défense de quatre avocats : deux français (Me GRUNDLER et Me Gilbert COLLARD), et deux avocats dominicains (ce qui a coûté près de 50.000 € de procédure). Patrice DEBRAY, député  de Haute-Saône (département d’origine de Céline et Sarah). La ville et le diocèse de Besançon a aussi offert leur soutien aux familles.  Aujourd’hui, les familles ZAKNOUN et FAYE demandent l’expatriation  de leurs filles respectives  afin qu’elles puissent bénéficier d’un procès en règle en France, lequel mettra en lumière toutes les irrégularités de la procédure judiciaire dominicaine.

Auteur : Fiona Jean
Pour en savoir plus sur l’affaire Céline FAYE et Sarah ZAKNOUN

http://www.aveccelineetsarah.com/association.php

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