La diversité peut-elle s’inviter dans l’univers de la mode?

Au Goethe-Institut, à Lyon, s’organise la 2ème édition du FASHION DESIGN AWARD. Cette année, des jeunes créateurs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont invités pour ce concours de mode Européen.

Avec le FASHION DESIGN AWARD, l’univers de la mode s’ouvre à tous. Objectif de ce challenge : lancer une carrière de styliste en proposant une bourse conséquente et une place assurée dans ce secteur. Chacun peut tenter sa chance, les étudiants en Beaux Arts, comme ceux en Ecole de Mode mais aussi les jeunes créateurs ayant un an d’expérience minimum. Exceptionnellement, cette année, le concours ne se limite pas à l’Europe. Le Moyen Orient et l’Afrique du Nord sont aussi de la partie. De quoi trouver des esprits créatifs, passionnés et effervescents.

Cette région a été choisie du fait de sa proximité par rapport à l’Europe qui permet à nous, caucasiens, de nous reconnaître vis-à-vis de ces minorités silencieuses occupant une place prédominante dans notre quotidien. L ‘Orient offre aussi, comme me le dit Angelica, étudiante au Goethe-Institut, « plus de diversités, plus de couleurs, plus de bonheur ». En effet, l’Europe commençait à stagner au niveau des nouveautés car elle restait enfermée dans son antique rayonnement culturel. C’est la raison pour laquelle on a appelé des créateurs « qui pourrait apporter quelque chose ». « Et Berlin, où se tient la finale, est  parfaite pour afficher la fraîcheur de la mode, cette ville bouge beaucoup plus que Paris », m’affirme Angelica.

Sabrina, qui m’accompagnait, se sentait très mal à l’aise du fait du public représentatif de ce milieu. « Il y a beaucoup trop de bourgeois, de Français pure souche, jamais je ne pourrais supporter ça« , me dit elle. En effet, la promesse d’un monde bronzé n’était pas vraiment appliquée avec un seul créateur de cette région représentée.

D’emblée, on met en scène le côté très capitaliste de cet art en surlignant la présence des sponsors. Le public, lui, aime ça, il rit et se sent compris par ce maître de cérémonie arborant des blagues marquées par l’humour typique de cette population où ‘’l’orgueil’’ règne, labellisé par ‘’l’hypocrisie’’ de ce milieu et où les relations amicales n’existent que pour leur utilité.

C’est lors du show que tout change. Pas de catwalking, pas de danseuses en arrière plan avec chanteur pop à la clé digne d’un Victoria’s Secret Show.  Ici, on a plutôt affaire à un spectacle orchestré par le Ouagalais Akli Boureina Kienou qui balance enfin de la diversité sur scène. Les mannequins, elles, ne connaissent pas le 1m72 de la profession. Elles sont comme nous toutes : heureuses, dansantes, joyeuses, souriantes, joueuses, belles, gracieuses bref naturelles. Ce sont de véritables femmes. Elles font vivre les vêtements, les mettent dans des situations quelques peu théâtrales, descendent avec allégresse de l’escalier, et chacun de nous sent irrémédiablement son cœur bondir à la venue de ces petites lumières en osmose avec les trois musiciens harmonisés par le jembé de Akli.

Même si les tenues sont quelque peu décevantes, la présence de ces artistes et la volonté de l’organisateur, Eric Limoncini, de donner la parole aux étoffes du Nord de l’Afrique, font honneur à l’univers de la mode.

Rendez-vous à Berlin pour la finale pour encore plus de Mode de Mode et de Mode !

Sofia Azzedine

Etudiante à l'Institut d'Etude du Développement après un parcours du combattant passé dans les méandres de la Science Politique, entre la Sociologie et le Journalisme et les Langues Etrangères. Je souhaite toujours explorer ces banlieues plurielles méconnues et mal traitées pour jeter au sol ces préjugés. Tout cela, pour éluder toute l'humanité vivace qui existe dans ces régions de la différence et de l'indifférence et faire parler cette jeunesse silencieusement bavarde.

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