« C la trik les blocus, ma tête ! »

Lydia, nouvelle rédactrice au Lyon Bondy Blog, a suivi les manifestations lyonnaises des lycéens contre la réforme de la retraite. C’est en direct de la Croix-Rousse qu’elle a pu suivre un mouvement complètement désorganisé…

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En parlant de retraite, on était loin de penser que nos jeunes lycéens s’en mêleraient. En effet, jusqu’à aujourd’hui, les manifestants que l’on voyait défiler ressemblaient surtout à des adultes déterminés aux côtés de leurs syndicats et récitaient haut et fort leur slogan. En bref beaucoup d’agitation en ce mardi 14 octobre 2010. Les lycéens se sont donnés pour objectif de bloquer les lycées et surtout de frapper fort.

Hier, c’était une toute autre forme de manifestation que l’on a pu voir sur Lyon et ses banlieues : voitures cassées, bus caillassés, dégradations…

Je me suis rendue à 13 heures au Lycée Jacques Flesselles à la Croix-Rousse. A priori, ce n’est pas à la Croix-Rousse que l’on pense  voir des rangées de policiers ou des voitures dégradées mais en montant progressivement jusqu’au lycée j’ai pu voir les traces de l’agitation du matin.

Reda, 16 ans, élève au lycée Flesselles, m’a raconté ce qui s’était passé durant la matinée. A  dix heures,  des élèves du lycée voisin, le lycée Diderot, se sont rendus devant son lycée d’abord pour ameuter des élèves et ensuite pour chahuter de plus en plus violemment. Le lycée Flesselles a rapidement baissé les grillages en guise de protection. Le cortège, qui décide alors de bouger en dégradant tout ce qui se trouve sur son passage, entame sa descente en ville entre 11h00 et 11h30 encerclés par des CRS, des policiers et des vigiles. Ce groupe rejoint sur les Terreaux  un autre rassemblement de lycéens venus d’un peu partout et des environs de Lyon. Des Terreaux à la Martinière, cet amas de lycéens se fait entendre non sans quelques altercations avec les représentants des forces de l’ordre.

Reda, mon témoin du lycée Flesselles, m’a raconté avec effroi ce qu’il a vu se passer à côté de lui : « Je marchais en suivant les autres quand une fille à côté de moi a cassé un panneau publicitaire. Un CRS l’a vu et l’a attrapé. Son copain qui a vu l’action et qui voulait défendre sa chérie, s’est reçu un coup de taser dans la poitrine »

Le cortège se disperse donc à la Martinière puis se retrouve à St -Paul pour finalement stationner sur Bellecour une bonne vingtaine de minutes. On peut imaginer dans quelle ambiance s’est déroulé le mouvement. Mais au fond, ces jeunes savent-ils réellement pourquoi ils étaient dehors ?

C’est ce que j’ai voulu savoir en interrogeant quelques lycéens comme Charmène, 17 ans : « Je sais que c’est par rapport à ce qui s’est passé mardi et par rapport à la retraite. Mais sincèrement, les jeunes que je connais et qui ont fait la manif’ ne font pas ça pour les retraites, c’est juste pour louper les cours et s’amuser…»

Louper les cours et s’amuser, c’est peut-être pour eux, leur forme de retraite. Une forme de mini retraite sur les cours qu’ils prendraient par le biais de manifestations comme celle-ci. En justifiant cela, tout simplement par l’agitation sociale du moment, l’agitation qui concerne, elle, la réforme des retraites.

D’autres établissements du second degré ont connu des perturbations. Du coté de Saint-Priest, ce jeudi 14 octobre, des débordements ont aussi eu lieu. Des elèves du lycée Forest sont venus « mobiliser » ceux du lycée Condorcet : jets de pierre, tentatives d’intrusion dans l’établissement. Le lycée Condorcet avait également pris la décision de baisser le rideau de la porte d’entrée pour éviter tout incident. Dans les classes, les professeurs ont éloigné les élèves installés près des fenêtres pour prévenir bris de glace et autres projectiles. Des membres du personnel du lycée Condorcet ont eu a essuyer des jets de pierre… Par mesure de sécurité, la Direction a fini par prendre la décision de supprimer les cours de l’après-midi.

Peut-on néanmoins dire que ces jeunes lycéens ont une véritable vocation à faire entendre leur voix du peuple ? Après avoir interrogé quelques jeunes, ce n’est pas ce que l’on peut affirmer.  Encore moins, après m’être baladée sur plusieurs murs de Facebook où l’on peut lire  texto :  «  c la trik les blocus ma tête » ou encore « wé wé wé tt bloquer pas de cours dans lame ».

Madame Duperet, 89 ans, à la retraite, pense que ces jeunes ont encore le temps de penser à leur retraite : «  d’ici là, dites moi combien de fois le régime va changer ? En tout cas moi, ça ne me dérange pas mais il serait préférable qu’ils s’occupent d’abord de leurs études ».

J’ai également posé cette question à une habitante de la rue Flesselles qui se tenait à sa fenêtre. Quand je lui ai demandé si elle pensait que les jeunes manifestaient contre la réforme des retraites, elle a eu un rire étouffé…

En bref,  les lycéens sont-ils assez matures pour s’engager sérieusement contre cette réforme ?En voyant les dégâts causés et la violence de leur mouvement, rien n’est moins sûr…

 

Lydia Benaouda

La rédaction

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