Un Blogueur à l’usine 1.3 : Une ambiance délétère ? Pas complètement !

Une fois revenu de ma formation, je retrouve l’usine comme je l’avais quittée, au seul détail qu’une ambiance particulière plane dès mon arrivée. Retours sur les faits.

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Commencer le boulot à 22 h devient de plus en plus difficile, c’est l’heure à laquelle les gens normaux de mon âge (25 ans) vont se coucher. D’ailleurs, je me fais violence pour m’y rendre, en essayant de ne pas penser à la température glaciale (-25°) du quai de livraison.

Une fois arrivé sur le parking de l’usine, je retrouve le groupe de jeunes dont je suis proche. Alexandre, alias Toufik, 22 ans, est étudiant en droit d’origine plutôt modeste. Il travaille à l’usine la nuit pour financer ses études le jour. Julien, alias Kahla, marié et père de deux enfants, travaille de nuit car les primes lui permettent de vivre plus confortablement avec sa petite famille. Jamel travaillait essentiellement pour financer ses voyages, notamment aux Etats-Unis. A présent il prépare son mariage alors il faut travailler plus pour le financer plus vite. Et puis Basil, un nouveau, travaille seulement le vendredi et le dimanche pour financer ses études d’Histoire. Lors de nos retrouvailles, ils me mettent au courant de quelques événements qui ont secoué l’équipe de nuit : le responsable de l’équipe de nuit est tombé dans les escaliers, il sera en arrêt pour un bon moment. Puis Moussa (un employé de l’équipe de nuit charismatique : ancien boxeur professionnel, une vraie brute épaisse) et Julien ont failli en venir aux mains lors d’une altercation virulente. Je savais que cette personne était nuisible à la cohésion de l’équipe de nuit, je m’étais engueulé avec lui il y a quelques semaines simplement pour une histoire de palette mal posée.

À notre arrivée dans le vestiaire pour enfiler nos combinaisons anti-froid, l’ambiance entre les deux groupes (jeunes et plus anciens) est encore plus glaciale que celle du hangar. Mais ce n’est pas grave, il suffira d’un peu de musique sur le iPod pendant le boulot pour que le sourire revienne.

Le travail est organisé en trois sessions de deux heures. En effet rester plus de deux heures dans un hangar à -25 °C n’est pas envisageable. La première session (22 h — 00 h) est destinée à sortir de l’immense hangar-congélateur les premières palettes surgelées devant les quais de chargement. Ensuite, une pose de plus ou moins vingt minutes, tout dépend de l’état d’avancement et de la masse de travail. Ensuite, une autre session (0h30 — 2h30) aussi soutenue que la première, est destinée au chargement des camions selon un procédé plus ou moins complexe. Puis une nouvelle pose d’une heure cette fois-ci, on passe à table. C’est le meilleur moment puisque les deux groupes sont séparés. Généralement les plus âgés fument, donc ils prennent leurs pauses dans la cour tandis que les plus jeunes restent à la cafétéria. C’est à ce moment que les langues se délient. On évoque nos problèmes, nos histoires d’une nuit, nos disputes de couple, nos projets, et vu que l’on se raconte nos histoires 5 nuits sur 7, elles se suivent et les amitiés se cristallisent. Alexandre envisage de se marier en septembre, Julien veut emmener ses enfants et sa femme à Walt Disney dans deux mois, Basil a un gros examen qu’il ne doit pas rater. Quant à moi, j’essaie de ne pas trop parler de moi parce que personne ne sait que je suis ici pour une immersion, mais comme je suis encore étudiant, j’ai la couverture idéale.

Plus fort ensemble

Il est 2 h, notre pause n’est pas finie que le groupe des plus âgés entre dans notre sanctuaire (cafétéria). Ils nous expliquent que selon une source sûre des bureaux, les primes de productivité (300 euros) devraient être divisées par deux ce mois-ci. Dès lors, on décide d’un plan : LE DEBRAYAGE. C’est-à-dire travailler au ralenti pour finir plus tard et maximiser les heures supplémentaires payées doubles pour rééquilibrer la réduction des primes avec les heures supplémentaires. Autant vous dire que la direction a cédé au bout de 24 heures à la vue des retards de livraison que prenaient les camions chargés trop tardivement. Nous (ouvriers) avons su passer outre les conflits parce que finalement, à plusieurs on est toujours plus fort.

La rédaction

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