par Vice-présidente du Conseil régional des experts-comptables et du conseil économique et social, récemment décorée en tant que chevalier de l’ordre national du mérite, Zohra Abderahmane a fait de son parcours un exemple pour tous les jeunes français d’origine maghrébine.
A force de travail et de persévérance cette mère célibataire d’un jeune garçon de 15 ans, a prouvé qu’avec de la volonté tous les rêves pouvaient se réaliser. Membre de Rhône-Alpes diversité, vice-présidente du CESR et conseillère prud’homale, Zohra est une femme publique au parcours atypique. A l’instar de Barack Obama ou de Rachida Dati, elle veut montrer que rien n’est impossible si l’on se donne les moyens.
» Il faut se battre pour atteindre ses objectifs et cela encore plus si l’on est issu de l’immigration comme moi « Ainée d’une fratrie de 8 enfants, elle commence à travailler à 17 ans pour aider son père à subvenir aux besoins de la famille. Se définissant comme appartenant à une génération sacrifiée, elle a du s’opposer au poids de la tradition et du mariage pour suivre le chemin de la comptabilité. Après un CAP d’aide-comptable, elle prend des cours du soir à l’institut Pitiot en prenant le risque de faire le trajet de Mions à Lyon en mobylette. Il semblerait même qu’elle soit la première femme maghrébine à être devenue experte comptable. Son parcours est une référence pour les jeunes issus de la diversité. Bien que selon ses dires sa génération ait eu moins d’opportunités pour réussir. « Je remercie l’école républicaine qui m’a aidée à gravir les échelons. Les professeurs nous ont encouragé à poursuivre. On nous payait les livres quand on se trouvait en situation précaire. De plus le système de bourse était beaucoup moins sophistiqué que celui d’aujourd’hui «
Femme et maghrébine de surcroît, elle parvient à s’imposer dans un univers professionnel majoritairement masculin et au sein d’une société pas encore totalement ouverte aux personnes issues de la diversité. Selon l’INSEE, les hommes sont nettement plus nombreux dans la catégorie des cadres ( 70% des effectifs) tandis que les femmes sont reléguées aux postes d’employées ( plus de 87% ).
En 1992, Zohra est la première femme maghrébine diplômée en expertise-comptable même si aujourd’hui la profession en compte beaucoup plus. Ayant ouvert son propre cabinet d’expert comptable, elle organise des manifestations pour promouvoir la profession auprès des jeunes, notamment ceux issus de la diversité. « Connaissant la situation de mon père qui a dû subir sa condition d’ouvrier, j’ai préféré m’opposer au mariage conventionnel et persévérer dans ma carrière professionnelle. Bien qu’élevant seule mon enfant j’arrive très bien à gérer ma vie professionnelle et privée «
Une femme d’action en somme qui a également beaucoup trempé son énergie au sein du milieu associatif. Plus jeune, elle avait créé avec deux amies l’association Aimel ( jeu de mots qui signifie également « espoir » en arabe) pour aider les jeunes filles d’origine maghrébine. Elle agit aujourd’hui auprès de nombreux réseaux féministes comme Femmes 3000. Ses objectifs : mener une lutte afin de prouver aux jeunes femmes maghrébines qu’il y a des possibilités. Casser les images pour montrer que tous les Maghrébins ne sont pas que des casseurs. Sont-ils atteints ? « Non, car pour moi la réussite ne s’atteint pas tant qu’on laisse d’autres personnes au même stade, derrière nous. Je veux faire avancer les choses, et je ne m’arrêterai pas tant que tous les jeunes issus de la diversité n’auront pas eu leur chance. Et bien que je m’investisse beaucoup au sein des associations, je crois plus en la réussite économique car il ne faut pas dépendre du système associatif. Les jeunes doivent aussi se battre et s’imposer ».
Zohra continue son action avec un projet de solidarité à l’intention des personnes âgées d’origine maghrébine. Elle prévoit de leur construire une maison de retraite sur Lyon. C’est pourquoi il n’est pas inopportun de la qualifier de femme hyperactive. A la question de savoir si elle est fière de son parcours, elle nous répond modestement que ce dont elle la plus fière aujourd’hui c’est de ses parents « Je suis fière que leurs efforts aient aboutit, car ils ont beaucoup donné pour moi et pour ma réussite » . Zohra Abderahmane est donc tout simplement une Lumière pour la nouvelle génération issue de la diversité.
Auteur : Ibtissem BOUFASSA
