C’est l’histoire d’un mec qui s’appelle Antoine Barbot et qui fait des photos. Voici une manière simple de présenter ce jeune photographe lyonnais qui nous surprend avec sa dernière série de clichés. Un peu de sadisme dans ce monde de bisounours : prendre en photo… des tableaux de chasse. Dit comme ça, l’idée n’a pas l’air folichonne. Mais plus que de simples portraits, Antoine a eu la brillante idée de remplacer les têtes d’animaux par des visages de jeunes hommes/femmes en y ajoutant un jeu de lumière éblouissant. Qui a dit qu’exposer ses trophées était de mauvais goût ?
Interview d’Antoine Barbot.
J’ai commencé la photographie pendant mes études de cinéma. Je trouvais mes cours trop théoriques et j’avais besoin de me familiariser avec l’image. Etant très intéressé par l’esthétique dans certaines œuvres cinématographiques (film noir expressionniste) je me suis initié à la photographie. Tout d’abord, je me suis tourné vers les instantanés puis petit à petit la photographie a pris plus d’importance que le cinéma. A la fin de ces études, je me suis ensuite orienté vers la publicité et la direction artistique où j’ai eu l’opportunité de faire un stage chez le photographe Hollandais Erwin Olaf en tant qu’assistant. Cette expérience m’a été très bénéfique que ce soit en technique mais aussi sur le plan créatif.
Comme tout artiste, chacun puise son inspiration quelque part…Certain dans un paysage, Jean Pierre François « dans le regard d’un chat, dans les ailes d’un oiseau », d’autres dans un souvenir… et toi ?
J’avoue que je me suis déjà posé cette question sans y chercher de réponse. Je pense être un minimum engagé et actuel dans mes photos et les thématiques choisies. Je dirai que le quotidien et quelques actualités occupent une certaine place dans l’acheminement de mes idées.
C’est une série que j’avais en tête depuis un moment sans pour autant avoir l’occasion de la réaliser. Je me sentais concerné par notre situation et par la reconnaissance en tant qu’individu dans nos sociétés de masse, mais aussi par nos responsabilités face à cette position. Nous avons perdu beaucoup de nos valeurs et de notre éthique pour préférer aujourd’hui des considérations plus superficielles.
Avec cette série, je cherche surtout à interpeller les gens et les amener à se poser des questions sur notre situation.
Il y a plusieurs notions que me plaisent dans le trophée de chasse en tant qu’objet notamment celles de la superficialité, la fierté et de la victime. Cette confrontation entre ces notions m’a attiré et je les trouve représentatives de notre condition.
Dans un souci de réalisme, j’ai souhaité avoir recours le moins possible au photo montage. J’ai donc utilisé un vrai décor pour permettre au modèle d’être au plus proche de cette situation. Il y a eu quelques surprises mais les participants se sont très bien immergés dans cette série.
Quels conseils pourrais-tu donner à de jeunes photographes en herbe ?
De se faire plaisir avant tout, d’avoir des choses à dire, de les exprimer sans se poser de limite.
Voici quelques autres photographies de notre artiste :