Vis ma vie d’immigré au Brésil

Si le Brésil est une terre de conquête coloniale, les immigrés, en dehors de São Paulo, y sont assez peu nombreux. Alors, quand une famille suissesse décide de s’installer définitivement au pays du foot et de la samba, ça ne passe pas inapercu. Portrait.

 famille bresilNathalie et Edouard vivaient jusqu’il y  a encore 3 ans une vie tout ce qu’il y a de plus classique à Genève. Un travail, un loyer, des enfants… un rythme à l’européenne qui aurait pu ne jamais être brisé si Nathalie n’avait pas émis le souhait de plier bagage pour partir construire une nouvelle vie sous le soleil des tropiques. La jeune femme, lassée du système suisse, voulait tenter sa chance ailleurs. “ J’ai tout connu en Suisse, la belle vie, la galère. J’en avais assez de tout ça. J’avais besoin d’autres choses, de pouvoir m’occuper de mes enfants aussi.”

L’idée d’immigrer commence à faire son petit bonhomme chemin dans l’esprit du jeune couple. Nos deux tourteraux pensent d’abord s’expatrier en Martinique. “ Nous étions bien décidés à partir là-bas mais finalement le projet est tombé à l’eau. A cette époque, l’île avait été touchée par une violente tempête et connaissait d’importantes difficultés.” Malgré ce contretemps, Nathalie et Edouard ne font pas marche arrière. “ Par la suíte, j’ai pas mal discuté avec une amie suisso brésilienne  qui m’a vendue une image idyllique du Brésil. Ajouté à cela que je suis moi-même née au Brésil avant d’avoir été adoptée par une Suissesse à l’âge de deux ans, et la décision de partir  dans ce pays gigantesque fut prise rapidement.

Nathalie n’avait pourtant jamais ressenti le besoin de retrouver ses racines brésiliennes. Mais, de son propre aveu, lorsqu’elle a posé pour la premiere fois les pieds sur sa terre natale, une drôle de sensation l’a envahi. “ Je n’avais jamais ressenti ça. Un bien-être total. Je me sentais chez moi

La famille ne quittera dès lors plus le Brésil. Avec leur deux filles, Maéva et Samara, les Suisses s’installent dans le quartier de Laranjeiras, à Serra, ville où la famille possède quelques connaissances. Deux ans et demi plus tard, la famille s’est agrandie avec la naissance de la petite Maelya et vit toujours dans le même quartier . “ J’avoue que l’on n a pas du tout savouré la premiere année. Nous avions beaucoup de choses à régler, notamment pour nos papiers d’identité. Heureusement, tout cela est réglé aujourd’hui. Maeva est inscrite à l’école et elle s’est super bien adaptée. Et nous vivons raisonnablement grâce à une rente que touche Edouard suite à un accident du travail en Suisse.

 

Dans la petite famille, c’est finalement Edouard qui émet le plus de doutes quant à ce choix de vie. La difficulté de la langue, l’éloignement avec la famille, le manque d’amis… autant d’obstacles qu’il a fallu franchir et accepter. “ Ici, malgré tout, je serais toujours considéré comme un Gringos (un étranger). J’ai aussi eu quelques déceptions avec des personnes qui voyaient plus en moi un européen friqué qu’un simple voisin. Et si aujourd hui j’ai énormément de connaissances, je me sens encore souvent seul, mis à part. C’ est sans doute cela le plus dur, ne pas avoir de véritables amis comme en Suisse. Et ce n’est pas quelques messages envoyés sur facebook qui peuvent combler ce manque.”, témoigne le père de famille.

Contrairement à Nathalie, Edouard ne se sent pas encore tout à fait à l’aise dans ce pays où, il le reconnait bien volontiers, la solidarité et la chaleur humaine sont toutes autres qu’en Europe. “ Je peux dire que pour un Français qui n’a pas froid aux yeux et qui veut tenter une aventure, le Brésil est le pays parfait ! Je ne donnerai que deux conseils : avoir un très bon réseau sur place et aussi pas mal d’économie”

Ah… être un gringos au pays du Carnaval… pas simple tous les jours. Et sans doute même, selon Edouard, plus compliqué qu’être un Brésilien en Europe. “ Ici, rien n’est fait pour aider les immigrés. Mais bon, en même temps, c’est le pays du systeme D ! Et puis, ce qui est appréciable, c’est que les Brésiliens font vraiment l’effort de te comprendre lorsque tu ne parles pas bien leur langue. Ce qui n’est pas le cas en France et en Suisse.

Quid du racisme envers les étrangers ? “ Bah, au Brésil, il n’y a que les personnes envieuses et malheureuses qui sont racistes envers les étrangers !” Et quid de la violence ? “ Quand tu lis les avertissements sur le site de l’ambassade, tu as l’impression que le Brésil c ‘est l’Afghanistan mais au final on s’est vite rendus compte que si tu restes humble, tranquille et que tu fais attention à tes frequentations, la vie au Brésil n’est pas dangereuse.”, note Edouard.

Finalement, une seule et unique chose permettrait au couple de trouver un parfait équilibre : avoir les moyens, comme tout bon immigré qui se respecte, de rentrer une fois par an en Europe pour serrer leurs parents dans leurs bras et goûter un peu au froid genevois…

Auteur : Pascale Lagahe

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