Municipales 2015 Vénissieux. Christophe Girard, arrivé deuxième l’an dernier, évoque le scrutin des 22 et 29 mars prochain. Le candidat de la droite revient sur sa campagne. Celui à l’origine du recours qui a entrainé l’annulation de l’élection attaque l’idéologie communiste tout au long de l’interview. Il rejoint Michèle Picard sur un point, on va à la Métropole pour faire du lobbying. C’est bien là leur seul point d’accord, mais lui compte siéger à la Métropole et ça ne lui pose pas de problème. Il affirme en outre vouloir faire du concret, mais reste particulièrement flou dans ses propositions.
À venir Damien Monchau (FN) et Jean-Claude Tardy (LO). Déjà publié : Michèle Picard (union de gauche), Lotfi Ben Khelifa (PS).
Pour commencer, qu’est-ce qui ne va pas à Vénissieux ?
Ce qui ne va pas, déjà, c’est d’avoir des idéologues au pouvoir et non pas des gens qui sont au service de la ville. Ils sont au service d’une idéologie.
Mais on pourrait vous reprocher d’être au sein d’une idéologie vous aussi…
Ça va être difficile, prenez mon programme, vous pouvez l’éplucher et trouvez-moi des éléments où je suis idéologue. Les idéologues ce sont ceux qui ont une vision du monde et qu’ils veulent changer le monde pour l’amener à être cohérent avec la vision qu’on a. Je vous rappelle que ça a fait 100 millions de morts, quand on veut changer la vision humaine.
C’est quand même un raccourci un peu facile…
Non, ce n’est pas un raccourci facile, on a une idéologie aujourd’hui très forte sur Vénissieux. On n’a qu’à écouter : « C’est la faute à l’État, c’est l’État qui doit s’occuper de tout, etc… ». C’est idéologique. J’ai une approche qui est extrêmement concrète, réaliste. La meilleure preuve est le rassemblement que j’ai fait (NDLR UMP, UDI, MODEM, Debout la France). Il y a des gens de la société civile, 4 de l’UMP, et 5 de l’UDI. J’ai même un syndicaliste de gauche qui m’a rejoint. Et le Modem c’est de centre gauche (NDLR Centre droit en fait). On est en train de s’entendre sur le réel et sur le concret.
Vous avez des exemples concrets pour Vénissieux ?
Le premier exemple, on arrête avec le discours idéologique et on part sur le concret, ça a un impact réel sur Vénissieux. Vous avez quelqu’un (NDLR Michèle Picard) qui refuse des sponsors pour ne pas accoler le logo « ville communiste » avec des entreprises du CAC 40, c’est très idéologique.
Aujourd’hui pour le conseil municipal, on a 20 % d’absentéisme. C’est le double de ce qui se passe ailleurs. Ça veut dire qu’on a une ville et un personnel qui souffrent. Il y a un délégué CGT de la ville qui s’est détaché du national et du régional. Il a compris que l’intérêt du personnel n’est plus d’être avec Madame Picard.
Quand je dis ça, ça veut dire que l’efficacité municipale, c’est que vous êtes content de votre travail parce que vous avez réussi à régler le problème de quelques Vénissians.
Valoriser le potentiel de Vénissieux
Mais ce n’est pas concret ça. Vous pouvez donner d’autres exemples alors ?
C’est ce que je viens de vous dire. Vous avez des gens qui vont au boulot avec la boule au ventre. Ce n’est pas concret 1 300 salariés municipaux, 20 % d’absentéisme ? C’est très concret. Ça veut dire que vous avez déjà des gens qui ne sont pas bien dans leur peau, pas bien dans leur boulot. Si on remet en place un vrai management, un vrai dialogue social, je peux vous promettre que ça un effet sur la qualité du travail qui est fait dans la ville.
Quand on est fier de sa journée, je peux vous dire que ça fait du bien au cœur. Et ça change tout. Il y a plus de richesses que d’hommes. Je viens du monde de l’entreprise, je sais comment ça fonctionne, si une entreprise est mal gérée, ça se passera mal.
Deuxième exemple. Vous avez aujourd’hui à Vénissieux en termes de développement économique et d’insertion, 0,8 % du budget de fonctionnement qui est consacré à ce sujet. Tout se fait en dehors de Vénissieux. À Vénissieux, on est à la traîne. Madame Picard a ramené les Laboratoires Carso avec 500 emplois. Mais c’était des emplois qui existaient déjà et qui ont été déménagés à Vénissieux. Il y a des avantages pour la société, c’est très bien. Et après ? Quand on voit à l’inauguration, les Vénissians qui demandent s’il y aura des emplois pour eux, on leur a répondu qu’il y aurait des stages. Voilà où on en est. Moi je vais mettre en place une cellule, j’ai une volonté de valoriser le potentiel de Vénissieux qui est réel. Parce qu’on a tous les atouts en terme géographique et humain. Si vous avez une entreprise qui vous dit, on a besoin de personnel en fibre de verre, nous lui disons qu’on lui trouve un terrain, qu’on lui facilite l’accès. Et puis moi je vais même me battre, même si ce n’est pas mon domaine de compétence. On met en place cette formation, on se bat et puis on le fait. C’est du concret ça. Parce que, si on fait ça, l’entreprise vient et on fait embaucher des Vénissians.
On met aussi en place une Agora de l’emploi. Il faut renouer les tissus industriels et économiques de Vénissieux et créer du réseau. Il faut intégrer les demandeurs d’emploi. On peut toujours valoriser les compétences, même les gens qui n’ont pas de diplôme. Les personnes en général, quand on les fait bosser, ont des potentiels énormes et c’est là-dessus qu’on doit recruter. Si on fait un réseau d’entreprises, on va caser les jeunes. C’est de la volonté de faire les choses. On a des gens qui sont aujourd’hui au pouvoir de cette ville qui s’en foutent des gens. Ce qu’ils veulent c’est entretenir un bastion communiste avec un drapeau rouge. Ils entretiennent la misère pour pouvoir conserver leurs voix.
« Il y a des centres sociaux qui marchent très bien et d’autres qui marchent moins bien. L’objectif, c’est qu’ils marchent tous bien »
Et donc justement sur le dialogue social, est-ce que les MJC, centres sociaux et grandes associations de la ville doivent avoir peur si vous êtes élus ?
Le premier combat que j’ai mené à Vénissieux en 2008, et où j’ai été le plus virulent, était contre la fermeture du Centre social Roger Vaillant, qui était fermé par la mairie avec des méthodes de voyous, et j’ai dû aller très loin pour faire comprendre que c’était impossible, tout ça pour faire sauter du personnel protégé.
Concrètement, vous allez baisser les subventions ?
Regarder à Grigny, c’est divers-droite comme moi. Qu’est-ce qu’il a fait ? Il a baissé les impôts et augmenté les subventions (NDLR Grigny compte environ 10 000 habitants, Vénissieux 62 000 habitants).
Vous allez faire faire ça ?
Je commencerai par un audit financier. Je ne suis pas là pour faire des promesses. Baisser les impôts, on y arrivera. Après il y a des arbitrages. On fera tout pour que les choses se passent bien, moi je suis au service de la ville et ce n’est certainement pas pour faire marche arrière sur tout ce qui est utile et qui marche bien. Il y a des centres sociaux qui marchent très bien et d’autres qui marchent moins bien et l’objectif c’est qu’ils marchent tous bien.
Vous avez discuté avec les acteurs sociaux, les MJC, les associations ?
Les MJC, je suis allé en défendre certaines comme celles qui ont été fermées, celle qui est chemin de Feyzin (NDLR MJC Le Cadran). Pour petite info, le trésorier de cette MJC, il est sur ma liste et c’est une des personnes qui fait le plus de travail aujourd’hui. Il faut arrêter avec les clichés (NDLR que la droite n’aime pas les MJC et les associations).
Mais ce n’est pas cliché de dire que l’équipe de Michèle Picard fait une politique responsable de millions de morts ?
Ce ne sont pas des clichés ça.
Ce sont des raccourcis…
100 millions de morts ce n’est pas un raccourci facile. L’idéologie a-t-elle changé ? Qu’est-ce qu’on colle sur les panneaux à Vénissieux ? Le PC a enlevé la faucille et le marteau de ses affiches. À Vénissieux on les recolle. Imaginez s’il y en a qui se mettent sur des affiches avec la croix gammée. Pourquoi fait-on des différences comme ça ?
Mais Michèle Picard n’a envoyé personne au Goulag.
Oui, mais ils se nourrissent de la même idéologie ? Regardez le discours sur l’arrêté anti-expulsions. C’est idéologique. Qu’est-ce qui est combattu ? La propriété. Tout leur discours est idéologique, c’est du soviétisme.
Je reprends sur l’arrêté anti-expulsions. Je leur explique tous les ans que c’est ignoble, car ils se moquent des Vénissians. Si on arrête les expulsions, qu’est-ce qui va se passer ? Il va y avoir une crise du logement. Après qui pourra se loger ? Ceux qui auront les moyens. Vous croyez que les pauvres ils vont pouvoir se loger ? On se moque des gens. On le sait, on continue à faire semblant, les gens se croient protégés alors qu’ils ne le sont pas. Parce qu’il y a encore des expulsions à Vénissieux. Je m’engage à faire en sorte que les gens ne soient pas en situation d’expulsions. Et pour ça, je suis allé rencontrer Mr Devers. Pourquoi le syndicaliste qui est sur la liste Marc Soubitez, salarié chez Bosh, est-il avec nous ? C’est tout simple, il s’est battu avec intelligence pour conserver les emplois. Il s’est battu pour éviter la fermeture du site. Avec du syndicalisme à l’Allemande, on sauvera des choses.
Il aurait pu rejoindre le PS
Oui, et il ne l’a pas fait parce qu’il croit à notre projet, à notre équipe. Parce que je ne suis pas là pour faire gagner la droite, mais pour faire gagner le bon sens. J’ai besoin de sens dans la vie. Pour Vénissieux, il y a un potentiel énorme. Ici vous avez une générosité incroyable. Parce qu’il y a un état d’esprit, celle de la banlieue en général. Cette générosité, elle était instrumentalisée aujourd’hui. Ça, c’est du concret. Madame Picard va faire des manifestations sur le plateau des Minguettes ; là où tous les maires habitent. On se moque de qui ? On va faire des manifestations pour leur dire qu’il faut agir contre la misère. C’est le rôle au maire de lutter contre la misère.
« La politique c’est aussi faire du lobbying »
Que pensez-vous de la Métropole en terme de gouvernance. Pensez-vous qu’on puisse faire mieux ?
De toute façon, aujourd’hui la Métropole existe et j’en ai besoin pour fonctionner. Donc je travaillerai avec. Aujourd’hui, la politique, ce n’est pas que le vote, c’est aussi faire du lobbying. Les mairies qui bougent veulent que les choses changent et donc, un bon dossier, même si la Région n’est pas de votre côté, il passe. Gérard Collomb aura plus de facilités à travailler avec nous qu’avec les communistes.
La police municipale : pas de cow-boys ni de grands frères
Pour un candidat de droite, vous ne parlez de sécurité. C’est parce qu’on vit bien à Vénissieux ?
Non, il y a un vrai problème de sécurité. Il y a deux piliers : celui de la dynamique de la ville. Quand vous voyez des gens qui sont désœuvrés, des associations écrasées, tout ça joue. Une ville qui vit, qui respire, ça joue sur la sécurité. Tout mon programme joue sur la sécurité. Il y a toute une dynamique à mettre en place. Le deuxième pilier c’est la sécurité. Aujourd’hui il ne faut pas rentrer dans le laxisme.
Beaucoup de gens disent qu’on vit bien à Vénissieux.
En terme de sécurité, il y a une vraie demande et de l’exaspération de voir la drogue qui passe en bas des tours. Non, on ne peut pas dire qu’on vit bien. Quand vous êtes au service des gens, on vous reconnaît une autorité parce que les gens savent que vous êtes là pour eux. Il faut une police municipale qui soit efficace. Il est hors de question d’avoir des cow-boys ou des grands frères. Ce sont des gens qui font leur métier, qui sont fermes. Après une formation, il faudrait, pourquoi pas, les armer. Ce qui permettrait aux policiers d’avoir une certaine assise et d’être respectés. Je peux même dire qu’une police municipale, qui est sur un service de qualité, aura un rôle également pour être un relais à la police nationale.