Une plage à Tahrir

Le film de Stefanova Savona nous faire revivre les instants cruciaux, crispés et heureux de la révolution égyptienne. Sous le bitume de la place Tahrir petit à petit se dévoile une plage. Sur cette plage, des milliers de minuscules grains de sable. Des grains de sable, qui forment une foule de manifestants…

Place Tahrir, Le Caire. Le film débute au 30 janvier 2011, peuplé de visages surpris, heureux de se voir si nombreux sur cette place. L’on suit plusieurs personnages, un jeune homme arborant constamment le foulard noir et blanc du peuple palestinien, une toute jeune fille, elle porte un foulard rouge, enfin un homme, qui vient fermer ce triangle de ‘’ceux qui réfléchissent’’ sur cette place, où l’on a voulu faire croire que le chaos régnait.

Stefano Savona se charge de prêter oreille à cette plage. Le point fort de ce film est sa musique, ces vagues lancinantes de mots, comme des petites gouttes d’eau éclatantes, qui percutent l’air. C’est vif, entrainant, éclatant, les chants égyptiens vous restent en tête plusieurs heures après la fin du film.

Puis il nous embarque à l’intérieur de cette plage. Il nous noie, parmi les visages, les corps, les blessures, l’écran déborde d’humains. Des images pleines d’énergie positive, de sourires, de rencontres entre les peuples des différentes villes. Car en effet, plus qu’un simple récit de manifestations, ‘’Tahrir’’ propose d’écouter ces égyptiens. Leurs préoccupations, leurs angoisses, leurs espoirs. De l’homme de 62 ans effrayé par Moubarak, à celui de 38 ans qui a passé trente ans à se battre pour une situation tout juste confortable, dans le commerce des téléphone portables. Du vieillard si mince, au jeune en costume fringant, tous y passent. Une marrée d’hommes et de femmes, tous réunis pour l’avenir de leur pays.

Ce film est une clé, il ouvre la porte d’un coffre que l’on pouvait mal comprendre. A ceux qui s’inquiètent de la poussée d’un Islam ‘’dur’’ en Egypte, certaines réponses se trouvent dans ce film. A ceux qui pensent que l’armée est la seule condition à l’ordre du pays, certaines réponses se trouvent dans ce film. A ceux qui ne croient pas en la laïcité dans les pays du Maghreb certaines réponses se trouvent dans ce film.

Cette révolution n’est qu’une première étape sur le long chemin de la démocratie, et c’est un encouragement que l’on entend dans le film, qui le porte, et qui peut être continue à porter les égyptiens que je retranscris ici : ‘’Celui qui n’aime pas gravir les montagne vivra toujours reclus dans les vallées’’.

‘’Tahrir’’ est bien plus qu’un film, c’est un appel au mouvement citoyen, à l’indignation, si mince soit elle, afin qu’elle devienne action.

Au Comoedia (Lyon 7ème) ce mardi à 21h15.

http://tahrir-liberationsquare.com/index.html

Journaliste : Laura Tangre

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