Le jeudi 8 Mars 2012 au lycée Marcel Sembat à Venissieux, des professionnels des médias sont venus tout droit de Paris. Le but était d’accueillir ces personnalités au sein du lycée afin de parler de journalisme aux jeunes. Ces personnes invitées par Ali Kismoune (président du Club Rhône Alpes Diversité) étaient entre autre Catherine Nayl, directrice de l’information sur TF1, Edouard Boccon-Gibod, directeur du quotidien «Métro France» et président du comité diversité du groupe TF1 et Gilles Bouleau remplaçant de Laurence Ferrari au 20h à TF1.
La première question fut celle de la définition du journalisme.
C’est un milieu très vaste, nous répond Catherine Nayl, cela peut aller de la télévision, à la radio en passant par les journaux écrits. D’ailleurs, les journalistes se font de plus en plus polyvalents pour acquérir des capacités dans divers domaines grâce à l’évolution des outils, avec notamment internet. Le journaliste a aussi pour mission d’aller à la visite des populations, de les comprendre que ce soit en banlieue ou en Syrie. Il faut donc une curiosité intarissable et une culture générale importante.
Pour Gilles Bouleau, le journaliste a le devoir d’analyser en très peu de temps des phénomènes historiques et surtout rendre intelligibles des évènements afin que l’information soit à la portée de tout le monde que ce soit pour le grand père ou pour le petit frère.
Il ne faut bien sûr pas oublier que le métier de journaliste est toujours une fonction très risquée. Il est, par exemple, impossible d’entrer en Syrie en ce moment, il faut donc rentrer dans la clandestinité et analyser les propagandes en place pour pouvoir partager des informations véritables avec ses concitoyens. Mais en France également il y a des risques, lorsque l’on est face à des situations déplorables face auxquelles il faut toujours garder la tête froide pour ne pas en faire un combat personnel.
Un élève demanda alors s’il était «possible d’être objectif». C’est en effet, la plus difficile des choses lorsque l’on sait que l’on doit faire abstraction de ses opinions, de son sexe, des idées politiques de son entourage, etc.
Etienne Boccon-Gibod, lui, parle d’un caractère spécifique du journaliste : celui de l’insatisfaction permanente des informations qu’il reçoit. Il va alors faire des recherches au moyen du fact-checking et du data journalism. Le premier va être une pure vérification des faits avec un organe indépendant (ce fut le cas pendant la campagne présidentielle de Barack Obama) et le deuxième est l’accès à des données publiques, des données brutes qui permettent alors une certaine objectivité. Il s’agit ensuite de les confronter à chaque fois à la réalité que l’on observe.
Lorsque l’on demande quels sont les moyens pour les journaux de faire face à la concurrence du net, M. Boccon-Gibod nous répondit par rapport à son expérience dans le ‘’Metro’’.
La presse gratuite écrite dépend entièrement des recettes publicitaires. Mais pour la presse payante, celle ci doit faire face à la gratuité d’internet. Il faut alors que les journaux deviennent mobiles avec des abonnements qui permettent aux lecteurs de se déplacer avec leur presse écrite moyennant finance…
Et lorsque l’on est journaliste, il a été dit qu’il fallait avoir un maximum d’informations, le plus rapidement possible. Alors comment obtenir des informations directes ?
Il y a des agences de presse telles AFP (Agence France Presse) ou bien Reuters qui ont chacune des correspondants dans le monde pouvant relater des toutes dernières informations.
Et depuis un certain temps, les réseaux sociaux également on leur part dans l’information en direct, avec twitter notamment qui témoignent spontanément des évènements.
Et s’agissant de la diversité à l’écran ?
Selon Mme Nayl, il faut savoir que l’on part d’une situation où ceux qui étaient dans les écoles n’étaient que des blancs et de surcroit, des hommes. De plus, 99% des journalistes embauchés viennent des grandes écoles de journalisme, cela fait un deuxième blocage.
Cela est un véritable problème, car les médias ne représentent pas la France, il faut alors faire « sauter les verroux » comme l’indique M. Bouleau.
Et selon M. Boccon-Gibod, il faut faire une banalisation de la représentation, faire qu’un Harry Roselmack ne soit plus une révolution à part entière mais un fait normal. Il faut en fait que l’on voit plus le journaliste par rapport à ses capacités, à sa personnalité plutôt que sa couleur.
Les élèves furent véritablement heureux d’avoir devant des personnes du métier, des personnes qui paraissent inaccessibles au premier abord, que l’on ne voit que sur un écran, mais qui se sont assis dans une même pièce pour discuter librement de ce métier qui paraît difficile d’accès qu’est le journalisme. Les adolescents n’ont pas hésité à poser des questions, et répondaient à chaque fois qu’un des journalistes leur retournaient une question. Et ces personnes invitées ont réussi à désacraliser le journalisme avec leur témoignage réciproques, pour donner à ces jeunes l’envie de pratiquer leur passion : celle d’écrire l’actualité.