par The Hunter relate l’histoire d’une disparition improbable et injustifiable, et de ses conséquences sur la vie d’un homme. L’on suit un couple uni, qui promène sa petite fille dans les rues de Téhéran, profitant du peu d’instants de liberté des week ends.
L’homme a fait de la prison dans le passé, mais il semble apaisé au contact de ce cocon familial. Il travaille de nuit et peine à voir sa fille et sa femme comme il l’entend. Le week end, il se perd dans les bois en périphéries de Téhéran, pour chasser.
Ces longs plans qui installent une vie plutôt banale inquiètent un peu lorsqu’il s’agit de décrire le personnage du père de famille : blessé, interdit, il reste énigmatique tout au long du film.
Les manifestations, évoquées au loin que l’on entend par les fenêtres, les sirènes de polices vont ternir le quotidien. L’homme perd sa femme, puis sa petite fille dans les émeutes : des balles sont perdues, on ne sait d’où, la police ne s’étend pas sur le problème. Complètement égaré, il va se mettre à abattre des policiers, de sang froid, du haut des collines de la ville.
Comment comprendre que le réalisateur a pu obtenir la permission de tourner le film en plein Téhéran, alors qu’il est aujourd’hui interdit de diffusion ?
Car en effet, même si l’issue est inévitable, le réalisateur pointe du doigt une société scalpée, déchirée par le pouvoir de son gouvernement et sa police. La détresse de l’homme, le caractère incongru de la disparition des deux personnages féminins incarne ce que les iraniens vivent quasiment au quotidien dans leurs manifestations contre Ahmadinejad et sa république islamique. Un film dur, marquant et malheureusement d’actualité pour un pays toujours sous les griffes du conservatisme et de la dictature.
En salles au Comoedia, 13 avenue Berthelot, Lyon 7ème ; au Méliès, 3 rue de Strasbourg, Grenoble ; The Hunter, de Raff Pitts, sortie le 16 février 2011
Laura Tangre
