Publiée en février 2017 par Edilivre, Séquelles est une nouvelle d’une cinquantaine de pages retraçant le court périple d’une longue vie d’un jeune de quartier, essayant de se sortir d’un cercle social vicieux. Sami Kdhir en est à son troisième ouvrage, précédé d’une trilogie pour l’instant incomplète, intitulée Sursis sans frontières.
Sans jamais connaître son nom, nous découvrons en 12 chapitres le triste sort du personnage principal et de ses connaissances. Également narrateur interne, il s’agit d’un jeune issu du 3e arrondissement lyonnais, Place du Pont, aujourd’hui approchant de la trentaine et vendeur de voiture de luxe. Issu d’une famille plutôt rude, comme son oncle Hamdane « un routard du crime », notre anti-héros cherche à se sortir de ce milieu sans loi mais aux règles impitoyables. Rattrapé par son penchant pour le jeu, les problèmes débutent en même temps que le livre. Le prix de cet argent facile sera une amitié d’enfance.
Très inspiré du monde gangster et du combat, le narrateur compare souvent des moments de sa vie à des scènes de film, tels que les Infiltrés, Heat ou encore Dragon Ball Z qui met en avant son enfance marquante. Ayant comme guide Tupac tout le long du livre de par ses chansons, notre personnage se perd entre ce qu’il est et ce qu’il veut être sur la tangente fragile de l’argent.
Du centre de Lyon aux confins de Caluire, nous traversons les vies si liées des habitants de son quartier de jeunesse. Entre haine et espoir, ambition et désillusion, ce livre dénonce les inégalités et les incompréhensions qui règnent encore sur nos esprits français et qui creusent la vie des gens.
Comme Céline, auteur de Voyage au bout de la nuit, qui pouvait choquer avec son argot, Sami Kdhir ne censure pas ses propos et illustre la nouvelle culture hexagonale qui lie arabe et français. Ce livre à l’apparence pessimiste, avec comme possible slogan « marche ou crève », perd sa part d’obscurité par une touche d’espoir comico-tragique amenée par un présent toujours rattrapé par son passé.
Un personnage nommé Rossignol, « disciple » de notre héros, incarne toute la dualité du personnage principal et de sa vision de la vie : le rossignol, oiseau symbole de l’amour comme de la mort. Une morale qui enseigne que la vie est instable, ainsi pour s’en sortir cela doit émaner de nous-mêmes, et de personne d’autre.
Entre juge, psy, ou confident, nous ne savons pas en tant que lecteur quelle place occuper à cause de notre impuissance face à la situation. Sans nom, nous pouvons ironiquement en tant que voyeur se mettre à sa place, comme si ce livre était un miroir de nos pensées. Cette fiction, très proche de la réalité, peut nous faire penser que le nom du héros n’est tout autre que Sami Kdhir, l’auteur du livre, mais laissons ces spéculations de côté qui nous éloignent de la nature du livre.
Un livre riche en morale, qui souligne que rien ne vient du néant et que tout se paye un jour. Son personnage nous donne envie de connaître sa vie pleine d’adrénaline et de doutes, il traduit la désillusion de film tel que Scarface (Brian de Palma, 1983) pour laisser place à la dure réalité.