Le président Emmanuel Macron a décidé de dissoudre ce 9 juin 2024 l’assemblée nationale, provoquant une onde de choc dans le monde politique. Sandrine Runel candidate dans la circonscription du Rhône et également adjointe chargée des solidarités à la Ville de Lyon. Elle revient pour nous à travers cet entretien sur le programme et les valeurs défendu par le Nouveau Front Populaire.
Lyon Bondy Blog : Au lendemain du 9 juin 2024? Le président de la République annonce la dissolution de l’assemblée nationale. Quelle a été votre réaction?
Sandrine Runel : J’ai eu beaucoup de mal à y croire, car j’étais en train de dépouiller parce que les résultats n’étaient pas définitifs. Parce que, dans les grandes villes, notamment à Lyon , les bureaux fermaient à 20h00. On a appris la dissolution à ce moment-là. On n’avait même pas de résultats définitifs à Lyon.
Au-delà de cela, ma première réaction, c’est quand même une attitude forte au regard des résultats du Rassemblement national aux Européennes. Prendre le risque de dissoudre l’Assemblée, de jouer un peu quand même comme ça avec le sort de la France. J’ai trouvé ça quand même un pari un peu fou, un peu inconséquent aussi. Je suis évidemment très inquiète. Et malheureusement, les derniers sondages confirment cette inquiétude.
LBB : Les Écologistes ont été les premiers à faire le rassemblement. Les communistes ont suivi derrière, La France Insoumise arrive le lundi soir et le mardi soir le PS vient à la table des négociations. Pourquoi cette frilosité au niveau des socialistes ?
S.R : Il y a eu plusieurs allers-retours. Des discussions ont été engagées dès le dimanche soir dans tous les états généraux parisiens. Il y avait besoin aussi au niveau interne du parti socialiste de mener une réflexion au regard des scores des élections européennes. C’est vrai que la dissolution a vraiment confisqué le résultat des élections européennes et notamment le fait que la liste conduite par les socialistes soit arrivée en tête de la gauche. C’est la première liste de gauche à être arrivée en tête à gauche devant les autres partis de gauche notamment LFI, EELV et le PCF.
LBB : Avant de discuter avec tout le monde, nous avons eu de grosses discussions avec LFI, avant de discuter avec les autres car nous sommes arrivés en tête le dimanche soir.
S.R : Raphaël Glucksmann qui fait un appel lundi 10 juin au journal télévisé de 20h de France2. Il dit notamment que Laurent Berger pourrait être le premier ministre de la nouvelle coalition de gauche. Est-ce que c’était le moment pour Raphaël Glucksmann de faire un appel à Laurent Berger?
Alors c’était tout le monde qui avait commencé par notamment le Rassemblement national. Mais je crois que c’était le dimanche ou le lundi , avec lui aussi à rappeler d’une manière qu’on lui connaît qui voudrait bien être Premier ministre et se tenait disposé. Donc c’était une manière de répondre.
Le choix d’un Premier ministre, en fait, n’est sûrement pas la priorité, actuellement. Il faut travailler un programme, il faut travailler dans l’urgence, bien évidemment à un rassemblement de de la gauche, mais c’était aussi qu’on peut dire que tout le monde a des candidats. On a aujourd’hui quand même des forces pour gouverner ce pays et donc plusieurs noms peuvent être proposés sur la table, dont c’était une manière de répondre aussi sur le fait que il n’y avait pas de Jean Luc Mélenchon qui était candidat pour être Premier ministre.
LBB : Alors justement, si le PS demain devenait la première force de gauche et qu’ Olivier Faure ou un autre devient Premier ministre, quelle sera la politique sur les 15 jours, voire les 100 jours du Parti socialiste ?
S.R : Alors il y a un programme. On s’est engagé donc sur u n contrat de législature notamment avec le Nouveau Front Populaire. Donc on aura sur sur ce gouvernement, si jamais il y avait une majorité, alors c’est difficile d’avoir des projections aujourd’hui parce que on a quand même bien conscience que avoir une majorité absolue, je crois que personne aujourd’hui ne peut y prétendre. Ça veut dire des majorités relatives, ça veut dire peut-être faire des coalitions, ça veut dire aussi retravailler des éléments programmatiques, se mettre d’accord sur certains éléments, certains dispositifs. Ce ne sera pas si simple.
LBB : Est-ce que le nouveau Front populaire sera obligé de faire une coalition avec “Ensemble pour la République” pour pouvoir gouverner ?
S.R : Alors non, on n’a pas le résultat aujourd’hui. En tout cas, on sait que dans les projections, personne n’arrive majoritaire pour l’instant. Même le RN n’y arriverait pas et en tout cas la coalition qui devrait se dessiner, se fera aussi au regard des forces, en puissance. Et peut-être que certains qu’on appelle des macronistes de gauche seront prêts à faire un plan. En tout cas oui, vers les forces de gauche et de l’écologie.
LBB : On va revenir sur les 15 et les 100 premiers jours, quelle sera la loi que vous allez abroger en premier, la loi retraite ?
S.R : Les premières mesures, les mesures un peu fortes, ce sera l’abrogation de la réforme des retraites. Ça c’est vraiment une des une des mesures très très importantes. Donc ça, on s’est engagé à le faire dans les 100 premiers jours et également, le blocage des prix, notamment l’énergie, sur les produits de première nécessité. Donc ça c’est un des éléments aussi qui est fondamental et qui sera mis en œuvre immédiatement pour justement à la fois redonner du pouvoir d’achat, redonner un peu de souffle aussi pour les Français les plus modestes, les plus les plus en difficulté.
Il faut que nous travaillions également sur l’indexation des salaires sur l’inflation. On voit bien que les Français avec l’inflation, peine à respirer. L’inflation n’a jamais été aussi haute, je crois qu’un économiste disait que les produits de première nécessité ont augmenté de 22% depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir. Il va falloir s’y résoudre.
LBB : Comment allez-vous faire pour que vous justifiez face aux Français votre travail sur les 100 premiers jours?
S.R : Cela sera décidé en collaboration avec le Nouveau Front Populaire. Il y aura des temps réguliers pour présenter l’avancée de nos travaux si nous sommes au gouvernement. Il faudra également discuter et échanger avec le peuple, voir ses besoins. Il y a un mépris de la classe politique envers le peuple , il faut réparer cette proximité avec un dialogue constant avec des discussions avec les Français. Il faut également co-construire des projets avec le monde associatif et faire émerger de nouvelles têtes issues de la société civile.
LBB : Vous êtes candidate sur la circonscription du Rhône (PS-NPF) face à Anne Brugnera qui représentera “Ensemble pour la république”. Qu’est qui va vous permettre de remporter cette élection?
S.R : Il y a un véritable élan depuis le 10 juin, je le vois sur le terrain, sur les marchés et les écoles. On voit un véritable élan populaire, vers le nouveau front populaire. On reçoit des messages de soutien de la part des citoyens qui ne sont pas du tout encartés. Il y eut également un fort taux de participation pour les européennes, on est à plus de 65% de participation. On voit notamment à ses valeurs de cette nouvelle gauche. Mais véritablement, je vois un élan sur l’espérance, la conscience d’avoir un avenir meilleur. Cela permettrait de construire une nouvelle alternative pour la rentrée de Septembre. Il y a une prise de conscience de vouloir adhérer à ce mouvement.
LBB : Je vous laisse le dernier mot…
S.R : Je rappelle juste que je suis adjointe au maire de Lyon en charge des solidarités. Je suis engagée depuis une vingtaine d’années au sein du monde politique pour défendre les valeurs de la justice sociale et de la lutte contre les discriminations. Je suis la candidate du Nouveau Front Populaire, investie par le Parti Socialiste dans la 4ème circonscription du Rhône. Ma candidature est celle de la gauche et de l’écologie. C’est ce que nous véhiculons depuis quatre au sein de la majorité municipale, c’est-à- dire une politique sur la transition écologique, social, démocratique avec l’idée que les citoyens puissent vivre ensemble dans de bonnes conditions et sans haine et sans sectarisme. Ses valeurs s’inscrivent dans tout mon engagement républicain que je défend depuis 20 ans.