A l’heure où le gouvernement lance un grand débat sur l’identité nationale, des milliers de Français « luttent » chaque année pour faire renouveler leur carte nationale d’identité. Leur seul tort : avoir des parents nés dans un pays étranger. Témoignage.
Flash back…
C’est en juin que la jeune femme entame les démarches pour faire renouveler sa CNI. Jusqu’à présent, on ne lui avait demandé qu’un simple extrait d’acte de naissance. « Mais, cette fois-ci, un fonctionnaire de la préfecture m’annonce que la loi a changé et qu’il faut à présent justifier de l’identité de mes parents, avec un extrait d’acte de naissance de mon père. » Etonnée de cette nouvelle réglementation, Katrin suit tout de même la procédure. Pour obtenir ce document, elle contacte le service en charge des questions d’état civil à Nantes. Le fameux papier lui parviendra à la fin de l’été.
L’extrait d’acte de naissance de son père est déposé à la préfecture. « Ok Madame, c’est parfait. » « Merci ! » Seulement, voilà, l’histoire ne s’arrête pas là… « Le soir même, je reçois un coup de fil de la responsable des renouvellement des cni. » -« Bonjour Madame, je viens de constater que vous n’avez pas déposé le bon document pour votre dossier de renouvellement de carte. C’est un justificatif de nationalité qu’il nous faut. » -« Mais ce n’est pas du tout ce que l’on m’a demandé ! » -« Ah mais si. C’est le nouveau pôle de la nationalité française * à Paris qui va vous le délivrer. Il faut les appeler pour prendre rendez-vous. » – « Mais Madame, vous savez, mon père est Français. Je peux tout simplement vous faire une photocopie de sa carte d’identité. » – « Non mais avec tous les faux papiers qui traînent, ca n’est pas un justificatif suffisant. »
Le droit du sang prime-t-il désormais sur le droit du sol ? C’est en tout cas le ressenti de Katrin. « Je ne pense pas que cette loi ai été préméditée. Je ne crois pas un grand complot. C’est simplement une erreur administrative qui perdure. Maintenant, si vous me demandez s’il y a un excès de zèle de la part des fonctionnaires, je dis oui. Surtout pour les personnes qui, comme moi, ont un nom à consonance étrangère. » Fille de juif pied noir, Katrin a toujours été fière de sa culture mixte. Aujourd’hui, elle m’avoue ne plus vouloir du tout être Française. « Cet événement a fragilisé mon identité. Ca prouve bien que les responsables de ces lois ne se rendent pas compte des répercussions psychologiques que ce genre de choses peuvent avoir. Ca m’a vraiment remuée. Au-delà du sentiment de rejet, ça te fait revivre des affaires classées. Je me vois mal demander à ma grand-mère des papiers datant de plusieurs dizaines d’années ! »
Après avoir perdu plusieurs heures dans les méandres de l’administration, Katrin n’est pas encore au bout de ses peines. Heureusement, elle possède encore un passeport en cours de validité. « Il sera périmé en 2014. Sur le coup, j’ai eu l’impression d’avoir un simple permis de séjour. »
Le Lyon Bondy Blog a tenté de contacter le Le Pôle de la nationalité française de Paris, en vain.
*Le Pôle de la nationalité française de Paris
Désormais, une structure unique, le Pôle de la nationalité française de Paris traite toute demande relative à la nationalité française : certificat, déclaration, information… Ces démarches ne sont plus assurées par les tribunaux d’instance.
Le décret n° 2009-561 du 19 mai 2009 donne compétence au tribunal d’instance du 1er arrondissement de Paris pour délivrer les certificats de nationalité française et recevoir et enregistrer la déclaration de la nationalité française des personnes nés ou domiciliés à Paris.
Auteur : Pascale Lagahe